A chaque fin de saison, son cortège de (plus ou moins) vieilles gloires raccrochant la raquette. En voilà cinq parmi les plus marquants de ce millésime 2014… agrémentées à chaque fois d’un potentiel candidat pour reprendre la place laissée vacante. Retenez bien leur nom.
Le plus… doublement anticipé : Mahesh Bhupathi
A 40 ans, Mahesh Bhupathi a refermé un chapitre débuté deux décennies plus tôt, en 1994, et riche de 52 titres en double, dont quatre tournois du Grand Chelem (Roland-Garros et Wimbledon en 1999, Roland-Garros encore en 2001, US Open en 2002). 52, soit au moins un tournoi ATP remporté par saison entre 1997 et 2013. Un grand nom du double donc, doublé d’un businessman avisé puisqu’il est l’un des fondateurs de l’International Premier Tennis League… dont il a été l’inlassable promoteur auprès de ses collègues du circuit durant ses deux dernières saisons.
L’héritier :
Contrairement à Bhupathi, vite conscient de ses limites individuelles, Henri Kontinen avait le potentiel pour faire carrière en simple. Une fragilité extrême du genou – à 23 ans, il s’était déjà fait opérer à deux reprises – a finalement contraint cet ancien finaliste junior de Wimbledon à se tourner vers le double, moins traumatisant physiquement. La montée en puissance du Finlandais a été progressive mais continue, jusqu’à ce second semestre 2014 riche d’un premier titre, à Kitzbühel, et de finales à Metz et Bâle. Maintenant que son classement lui ouvre l’intégralité des tableaux du circuit principal, nul doute qu’une pelletée d’autres titres devrait suivre.
Le plus… presque célèbre : Nikolay Davydenko
Un Masters, une Coupe Davis par BNP Paribas, trois Masters 1000, deux demi-finales à Roland-Garros, deux autres à l’US Open, 21 titres au total et un statut enviable de bête noire de Rafael Nadal… Mésestimé du grand public, Nikolay Davydenko postule sérieusement au titre (pas si ?) honorifique de meilleur joueur à n’avoir jamais disputé de finale de Grand Chelem. Le Russe, numéro 3 mondial en 2006, a disputé son dernier match à Roland-Garros, avant d’avoir droit à sa petite cérémonie d’adieu en fin d’année à Moscou. Ses fulgurances raquette en main, mais aussi au micro des journalistes, conféraient du piquant à un circuit parfois trop aseptisé. Oui, sur le court comme en-dehors, Nikolay Davydenko va manquer.
L’héritier :
Peut-on réellement prendre la relève de Nikolay Dayvdenko, personnage au caractère aussi singulier que son tennis ? Dans le jeu, c’est probablement Kei Nishikori qui s’en rapproche le plus actuellement, mais le Japonais n’est plus à proprement parler un « espoir. » Plus ardu encore de trouver un héritier au Russe en ce qui concerne son franc-parler. Faute de, on se tournera donc vers la parenté génétique, en gardant un œil sur son… neveu, Philipp Davydenko, le fils d’Eduard, entraîneur historique de son frère. Âgé de 22 ans et 390e joueur ATP, Philipp ne sera jamais un cador mondial comme son oncle, mais ses résultats se sont singulièrement améliorés depuis que ce dernier a arrêté la compétition. Curieux ? Pas tant que ça : puisque tonton Nikolay est retraité, Philipp profite dorénavant à temps plein des conseils de son entraîneur de père. A voir jusqu’où cela lui permettra de monter…
La plus… immensément populaire : Li Na
En Asie, il y a aura forcément un avant et un après Li Na. Première Chinoise à remporter un titre du Grand Chelem, la championne de Roland-Garros 2011 n’a pas été la joueuse d’un seul coup d’éclat et a su tout particulièrement s’illustrer dans le tournoi majeur bénéficiant de la meilleure couverture médiatique en Asie : l’Open d’Australie, « the Grand slam of Asia – Pacific » comme l’ont rebaptisé ses organisateurs. Finaliste en 2011 et 2013, Li Na a fini par y triompher en 2014, une poignée de mois avant de mettre un terme à sa carrière, à 32 ans. A jamais, elle restera celle qui a su mettre en lumière la balle jaune dans un pays qui ne jurait jusque-là que par le tennis… de table.
L’héritier :
Difficile de se figurer la déflagration causée par Li Na lorsqu’elle a gagné Roland-Garros, clouant 116 millions de compatriotes devant leur télévision. Dans un sport de plus en plus mondialisé, il ne reste à présent plus beaucoup de grandes aires géographiques vierges d’un(e) champion(ne) : le continent africain, le Moyen-Orient et le sous-continent indien. L’Inde est d’ailleurs la prochaine prétendante à rejoindre le cortège. Yuki Bhambri, numéro 1 mondial junior en 2009, et Sania Mirza, 27e WTA en 2007, à 20 ans, ne seront sans doute pas les héros attendus, mais l’engouement pour le tennis reste exceptionnel dans ce pays – l’IPTL l’a montré – et les ressources et compétences y existent, en témoigne la tradition des familles Krishnan et Amritraj, ou des champions de double Paes et Bhupathi.
Le plus… précocement usé : Tiago Fernandes
« Le tennis, un sport à la con », a dit un jour Richard Gasquet. A la con, peut-être ; ingrat, assurément. Un sport où seule une toute petite minorité de joueurs gagne plus de matchs qu’elle n’en perd : en bientôt un demi-siècle d’ère Open, l’ATP recense exactement 270 joueurs au-dessus de la barre des 50% de victoires en carrière, sur les milliers de candidats ayant tenté leur chance sur le circuit. Le tennis, un sport de perdants ? Un sport en tout cas où il faut vivre au quotidien avec la défaite. En situation d’échec chez les professionnels après des années de junior fastes (champion de l’Open d’Australie et numéro 1 mondial en 2010), Tiago Fernandes n’a pas pu passer outre ce constat : le Brésilien, entraîné par Larri Passos, a choisi de mettre un terme à sa carrière à l’âge de 21 ans, pour entamer une formation en génie civil. Dans les études au moins, le diplôme peut être remis à plusieurs postulants.
L’héritier :
Depuis le milieu des années 2000, le palmarès des tournois du Grand Chelem est empli de jeunes gens n’ayant pas dépassé le statut d’espoir. Des quatre lauréats de 2010, Agustin Velotti (Roland-Garros) et Marton Fucsovics (Wimbledon) s’en sortent à peine mieux que Tiago Fernandes. Reste le quatrième larron : Jack Sock. Le vainqueur de l’US Open 2010 n’a jamais été numéro 1 junior (22e à son meilleur), mais il le fut sur le circuit universitaire américain. Surtout, sa carrière a clairement décollé en 2014, à 22 ans. Non seulement le voilà 42e mondial en simple mais il décroche alors le plus beau des trophées en double : celui de Wimbledon. Il n’est évidemment pas le nouveau Sampras, mais c’est ce que le tennis américain a de mieux sous la main ces temps-ci.
Le plus… petit par la taille, géant par le talent : Olivier Rochus
A quelle immense carrière Olivier Rochus aurait-il pu rêver s’il avait mesuré plus d’1,68m ? Pas du genre à se laisser aller à la frustration, le Belge lui-même a préféré cesser de se poser la question. Reste que sa richesse technique et son touché de balle étaient dignes des plus grands, du genre à forcer l’admiration d’un certain Roger Federer, régulièrement battu par le Wallon jusqu’à l’adolescence… avant que la croissance ne lui joue un vilain tour. L’ex-numéro 1 belge, 24e mondial à son top, aura gagné deux titres ATP en simple et fait une prise de choix en double : Roland-Garros en 2004, avec son pote Xavier Malisse. Huitième de finaliste de trois tournois du Grand Chelem sur quatre, il aura été un poison pour ses adversaires sur le gazon de Wimbledon, où il a battu Marat Safin, Guillermo Coria et Magnus Norman durant leurs meilleures années.
L’héritier :
Reverra-t-on un joueur de moins d’1,70 aux portes du Top 20 mondial ? L’évolution du tennis moderne ne va pas en ce sens, et les « petits » de l’élite actuelle flirtent aujourd’hui avec le mètre quatre-vingt. Le benjamin du Top 100 par la taille se nomme ces temps-ci Diego Schwartzman, Argentin de 22 ans qui pointe au 61e rang grâce notamment à sa victoire au Masters des Challengers. Culminant à 1,70m, c’est pour l’instant lui qui reprend le flambeau des petits poucets dans la forêt de l’ATP. S’il n’a pas le talent d’Olivier Rochus, ils partagent au moins la même grinta.