Sauf miracle thaumaturgique lui permettant de marcher sur l’eau à Roland-Garros pour devenir le nouvel élu du tennis masculin français que les oracles avaient annoncé, Richard Gasquet terminera sa carrière sans titre du Grand Chelem (en simple).
Les augures se sont pourtant basés sur des signes solides pour établir leur prophétie. L’apôtre du revers à une main a lancé son compteur de victoires ATP à 15 ans (!) et après s'être extirpé des qualifications, à Monte-Carlo en 2002. Trois années plus tard, au même endroit, il s’est offert le n° 1 mondial, Roger Federer.
J'ai progressé, mais eux (Nadal, Federer, Djokovic, Murray) encore plus.
En 2007, dans la foulée d’une demi-finale à Wimbledon - la première de ses trois en Majeurs - il a atteint le 7e rang planétaire. Son apogée au classement. Alors, pourquoi, malgré cette ascension pleine de promesses, n’est-il jamais allé plus haut ni connu le paradis en Grand Chelem ?
Pour y répondre, Gasquet a donné plusieurs pistes. « Déjà, le niveau était stratosphérique, a-t-il rappelé lors de l’interview Richard Gasquet à cœur ouvert sur Eurosport. Il fallait battre Federer, Nadal, Djokovic ou encore Murray… Peu l’ont fait. » Des adversaires avec qui il était pourtant à la bagarre - voire au-dessus concernant Murray - lors des affrontements à son début de carrière.
« J’ai progressé, mais eux encore plus, a souligné le Français. Nadal, je le rejoue à Roland un mois et demi après Monte-Carlo (où il s’était incliné 6-7, 6-4⁶, 6-3 en demi-finale en 2005), ce n’était déjà plus le même. Federer à la fin, ce n’était plus du tout le même qu’en 2005. Ensuite, je pense qu’il m’a manqué un meilleur service et j’avais tendance à être un peu loin de ma ligne. Il m’a manqué un peu d’agressivité ; y compris physique, de force. Federer, Nadal… C’était monstrueux. »
Ce qui m’a manqué, c’est la volonté de progresser au service.
Sans cacher sa part de responsabilité. « Ce qui m’a manqué, c’est la volonté de progresser au service, a-t-il confié dans À revers et contre tout, son autobiographie. Ça m’a toujours royalement ennuyé d’aligner des gammes de services. (...) Je me suis toujours régalé à faire des points. Un bon service, c’est l’antithèse d’un long échange. J’aime tellement le tennis que je me suis peut-être, en me limitant dans ce domaine, inconsciemment freiné dans mon ascension. »
Ce qui ne l’a pas empêché de devenir l’un des joueurs les plus emblématiques de son temps. Un vrai champion, malgré les médisances de certains haters de l’Hexagone, car nul n’est (totalement) prophète en son pays.
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