Sur le circuit, il est perçu comme une personnalité « différente ». Lui réfute. Il se voit comme un gars « normal », au milieu de « robots », des « fous », des « soldats professionnels », comme il les a décrits pendant Roland-Garros.
Car, s’il reconnaît s’entraîner dur, Alexander Bublik ne cache pas avoir de temps en temps besoin de boire un petit verre, ou encore de zapper un entraînement parce qu’il se sent fatigué. Bref, il est comme le commun des mortels, contrairement à la plupart des meilleurs joueurs du monde menant des vies d’ascètes presque inhumaines à tenir.
Parfois, on a l’impression que je tente quelque chose de fou, mais c’est la seule option que j’ai
17e mondial au printemps 2024, Bublik a alors tenté de devenir plus « pro » pour voir jusqu’où il pouvait aller, tenter d’intégrer le Top 10. Une rigueur qu’il n’est pas parvenu à supporter. Ne s’autorisant plus assez de décompressions, il s’est « cramé » mentalement, comme il l’a confié, au point de chuter jusqu’au 82e rang en mars.
Cette période lui a toutefois fait prendre pleinement conscience d’être différent d’une autre façon. Par son jeu. « Je ne suis pas capable d’aller dans le combat physique pendant cinq heures », a-t-il ajouté. « Mais j’ai un grand arsenal de coups, c’est ce sur quoi je dois m’appuyer pour essayer de battre les meilleurs. »
« Parfois, on a l’impression que je tente quelque chose de fou, mais c’est la seule option que j’ai a ajouté l’artiste des frappes spectaculaires, parfois farfelues, et autres services à la cuillère. Sinon, il va m’arriver ce qui s’est produit quand j’étais 17e et que j’ai essayé de rivaliser dans les rallyes avec eux. »
Si je veux bousculer ces gars, aller en deuxième semaine de Grand Chelem, gagner des grands tournois, je dois avoir une approche différente du jeu
« Si je veux bousculer ces gars, aller en deuxième semaine de Grand Chelem, gagner des grands tournois, je dois avoir une approche différente du jeu, a-t-il continué. C’est, d’ailleurs, davantage une obligation qu’un choix. »
Payant. Après avoir découvert les quarts de finale en Grand Chelem en s’inclinant contre Jannik Sinner à Roland-Garros, Bublik a fait tomber l’Italien à Halle. Sa première victoire contre un n° 1 mondial. Une performance proche de « l’anormal », puisque, depuis août 2024, Sinner, « robot » presque invincible, ne s’était incliné que face à un seul (sur)homme : Carlos Alcaraz.