Learner Tien : deux Top 5 affrontés, deux Top 5 soufflés

Lanternerie. « Diantre, mais qu’est-ce donc ? », vous interrogez-vous sans doute (en ces termes exacts, si vous êtes né au XVIe siècle). Pour satisfaire votre curiosité, une lanternerie, c’est « une difficulté futile qui retarde une affaire ». Et c’est aussi l'anagramme de « Learner Tien », qui, lui, ne perd pas de temps.

À 19 ans et après seulement seulement 16 matchs joués sur le circuit principal, Masters Next-Gen non inclus, l’Américain a déjà battu deux joueurs du top 5. En autant de duels disputés face aux membres de cette élite.

Tombeur de Daniil Medvedev (n° 5) en janvier à l’Open d’Australie - à 2h54 du matin, grâce à une victoire épique, 6-3, 7-6⁴, 6-7⁸, 1-6, 7-6⁸ en 4h49 - l’Américain s’est offert Alexander Zverev (n° 2) à Acapulco cette semaine. Tranquillement, 6-3, 6-4 en 1h29, sans laisser transpirer une once de stress - cet ennemi intérieur.

« Si, je ressens totalement la nervosité, mais je fais de mon mieux pour le cacher, a-t-il toutefois assuré lors de l’interview sur le court. Me concentrer sur ce que je peux contrôler et rester le plus cool possible, c’est ce qui me permet d’être là où j’en suis. »

Maître tacticien ; service perfectible

Gabarit modeste par rapport aux standards du tennis actuel, 1,80 m, Tien s’appuie sur d’autres qualités que la puissance pure et brutale. Maître tacticien aux jambes capables de mouliner jusqu’à produire autant d’énergie qu’un champ d’éolienne, il se pose en muraille du fond de court avec l’objectif de ne pas reculer pour construire ses points brique après brique.

Au service, domaine dans lequel il estime avoir le plus besoin de progresser, le gaucher est encore très perfectible ; euphémisme. S’il maîtrise l’art de l’effet slicer pour emberlificoter ses adversaires, son manque de km/h au radar, notamment en deuxième balle, le rend vulnérable contre ceux en mesure de l’agresser constamment dès le retour. Comme Lorenzo Sonego à Melbourne.

Il intégrera, au moins, le Top 60 après Acapulco

Actuel 80e mondial et assuré d’être au minimum 60e après son parcours au Mexique, où il a rendez-vous avec le Tchèque Tomáš Macháč en quarts de finale, Learner Tien, 453e début 2024, n’a pas traîné sur le chemin de l’ascension.

Surmontant toutes les lanterneries, il a déjà commencé à mettre son nom parmi ceux qui pourraient chambouler l’ordre du tennis mondial dans les années à venir. En toutes lettres.