Certains vont en pèlerinage en espérant un miracle ; Carlos Alcaraz, lui, part en « pèlerinage » après avoir fait des miracles. D’abord presque enterré sous l’ocre du court Philippe-Chatrier par Jannik Sinner, l’Espagnol est revenu d’outre-tombe pour remporter son cinquième titre du Grand Chelem. De quoi avoir envie de se sentir vivant en allant faire la bringue.
« Je lui ai dit de s’amuser, mais de ne jamais oublier qu’il restait joueur de tennis professionnel, a confié son entraîneur, Juan Carlos Ferrero, dans El Larguero, émission de radio espagnole de la Cadena Ser, lundi soir. Ces moments-là lui font du bien, il en revient ‘rafraîchi’ mentalement. Ce n’est pas tant la fête en elle-même, mais le fait de déconnecter, d’être avec ses amis, de ne plus penser au tennis, d’être un jeune homme normal de 22 ans. »
Son approche du travail et des sacrifices est tellement différente de la nôtre qu'elle me fait parfois douter, je ne sais pas si c'est comme ça qu'on devient le meilleur joueur de l'histoire
Pour ce faire, le surnommé « Carlitos » est parti à Ibiza. Un rituel pour lui, puisqu’il y avait déjà abandonné son corps sur la piste de danse l’an passé après son sacre à Roland-Garros. Un besoin de festoyer qui a créé quelques craintes dans l’esprit de son coach. « Son approche du travail et des sacrifices est tellement différente de la nôtre qu'elle me fait parfois douter, a-t-il déclaré dans le docu-série A mi anera consacré à son protégé. Je ne sais pas si c'est comme ça qu'on devient le meilleur joueur de l'histoire. »
Sans pour autant restreindre son protégé. « On apprend à s’adapter à la personnalité de Carlos pour, à partir de là, l’aider à tirer le meilleur de lui-même afin qu’il devienne le meilleur de l’histoire, a ajouté Ferrero dans le dernier épisode. Parce que l’ambition d’un tel phénomène ne pouvait s’arrêter à gagner « quelques » Majeurs. Elle s’est installée bien au-delà. Mais pas au prix de choses dont la valeur est absolument inestimable.
Suis-je capable de faire face à tout ce que ça demande pour y parvenir (à devenir le meilleur de l'histoire) ? Pour le moment, je ne sais pas.
« Mon rêve est-il d'être le meilleur de l'histoire ? Oui, a-t-il confié dans la scène clôturant la série. Est-ce que je veux m'asseoir à la table du Big 3 ? Oui. Dans ma tête, suis-je capable de faire face à tout ce que ça demande pour y parvenir ? Pour le moment, je ne sais pas. Je suis encore jeune, il me reste beaucoup à vivre. Mais d'après ce que j'ai déjà vécu, je mets le bonheur devant le fait d'avoir beaucoup de succès. Parce que le bonheur est déjà un succès, et il n'est pas facile à trouver. »
Finalement, comme beaucoup de pèlerinages, celui de Carlos Alcaraz n’a qu'un but : trouver ce bonheur.