Le tennis ? Une balle jaune, une raquette, un court, un filet, un adversaire. Le tennis pro ? La même chose avec de l’argent à gagner. Beaucoup d’argent même, pour peu qu’on soit assez bon pour rafler les primes de victoire et assez malin pour monnayer son talent sur le terrain du marketing, pendant et après sa carrière. Liste non exhaustive de ces cracks de l’image et des biffetons.
Les bonbons de Maria Sharapova
Le mariage parfait du sport et du business, c’est elle : Maria Sharapova se sait douée avec la balle jaune, se sait belle aussi. Résultats sportifs et esthétisme, le combo est parfait pour amasser de l’argent auprès des sponsors. Et comme la Russe est du genre femme active, elle a décidé de créer il y a un an sa propre marque de friandises. Son nom ? Sugarpova. Elle a déjà investi 500 000 dollars dedans et fait tout pour promouvoir ses sachets de bonbons. Pour le premier anniversaire de la marque, Sharapova a fait sensation en déclarant vouloir s’inscrire au dernier US Open sous le nom de… Maria Sugarpova. C’est en tout cas ce qu’affirmait le Times, avant le démenti de son agent Max Eisenbud. « Ça allait être vraiment très compliqué », a-t-il déclaré. Ce qui veut bien dire que la belle Maria a vraiment songé à l’idée ! Blessée, elle a néanmoins dû renoncer à participer au tournoi new-yorkais. Too bad.
Les robes des sœurs Williams
Le monde se divise en deux catégories : il y a ceux qui trouvent Lady Gaga vulgaire et il y a les autres. Au tennis, une même distinction s’opère à propos des sœurs Williams, reines de la provoc’ avec leurs tenues improbables : nuisette noire et rouge, robe en faux jean, justaucorps, sous-vêtements couleur peau. Rien ne les arrête, surtout pas Venus, créatrice de la marque EleVen. Tout dans la collection n’est pas de bon goût – pas grand-chose en réalité – mais elle comme sa sœur savent exploiter à fond, avec Nike, leurs formes généreuses. Zéro complexe dans le business.
Le « Djokoland » de Novak Djokovic
Novak : un prénom qui claque, facile à retenir et peu commun. Et non seulement c’est un surdoué mais c’est aussi un malin. Assisté de sa famille, Djokovic exploite à fond la marque « Novak » chez lui, à Belgrade : un centre de tennis Novak, des restaurants Novak, un salon de coiffure Novak et même un parfum Novak. Tout ce qui est estampillé Novak cartonne en Serbie, où le champion de tennis est une telle star qu’il s’est vu remettre un passeport diplomatique de la part du président de la République. « C’est le meilleur ambassadeur du pays », a déclaré Boris Tadic. Et un as du marketing.
La pub virale de Roger Federer
« Vous savez comment ça se passe avec les magiciens, ils ne dévoilent jamais leurs tours. » Eté 2010, une vidéo YouTube fait le buzz. On y voit Roger Federer, sur le plateau d’enregistrement d’une pub Gillette, s’amuser avec un technicien et lui proposer un pari : pose une canette sur ta tête et je vais te l’enlever d’un service gagnant, façon Guillaume Tell. Le Suisse, décontracté, réussit son tour par deux fois. En costard s’il vous plait. Et réussit aussi un très joli coup marketing. Cette vraie fausse pub est un carton, sans qu’on sache vraiment si le tour est truqué ou pas. La marque de rasoirs paie chaque année plusieurs millions de dollars à Roger Federer pour représenter son image dans le monde. Et faire le zozo de temps en temps.
Le look grunge d’Andre Agassi
Tenues fluo bariolées, crinière flamboyante retenue par un bandana – fluo aussi bien entendu – et un caractère de cochon : quand il débarque dans le circuit pro, le Kid de Las Vegas sait tout de suite jouer à fond son rôle de jeune rebelle hirsute, à une époque où le style musical dominant est le grunge. L’équipementier Nike en a fait son idole, le rémunère très cher pour ça, avant un gros passage à vide et un retour en grâce dans un tout autre style : celui de l’homme rangé, assagi, en couple avec Steffi Graf. Et là aussi, les sponsors ont adoré en jouer ! Il est fort Andre… Tellement fort qu’il aurait été jusqu’à jouer avec une perruque au cours de sa première « carrière » plutôt que de dévoiler une calvitie mauvaise pour son image. Malin.
Le minois d’Anna Kournikova
C’est l’histoire d’une championne de tennis, vraiment douée raquette en main, mais qui était tellement séduisante et sûre de sa beauté qu’elle a préféré exploiter sa plastique pour amasser de l’argent des sponsors plutôt que de suer sur les courts de tennis. Meilleure jeune en 1995, professionnelle un an après, à seulement 16 ans, Anna Kournikova s’est fait prendre – volontairement ? – dans le tourbillon du strass, des paillettes, de l’argent et du marketing. En 2001, malgré des résultats sportifs décevants, elle amasse plus de 10 millions de dollars de gains, la quasi-totalité grâce à ses partenariats. Trois ans après, l’étoile filante russe prend sa retraite sportive. Sans titre mais avec une punchline mémorable : « Je suis comme un menu d’un grand restaurant, vous pouvez regarder mais vous n’avez pas les moyens de vous le payer. »
La combinaison blanche d’Anne White
Le marketing, c’est aussi une histoire de timing. Ni trop tôt, ni trop tard, il s’agit d’être au top de la mode au bon moment, ce qui n’est pas forcément facile. Prenez Anne White par exemple : joueuse talentueuse et belle comme un cœur, l’Américaine était aussi une femme libre et insouciante, qui n’hésite pas à disputer un match avec une combinaison toute blanche ultra moulante. Problème : c’était à Wimbledon en 1985. L’extravagance fait scandale, l’arbitre lui demande expressément de changer de tenue et la jolie Anne quitte piteusement la compétition, sans que son « coup » ne fonctionne. Trop en avance sur son temps, elle peut se targuer d’être une pionnière, dont les sœurs Williams se sont inspirées quelques années après. C’est déjà pas mal.
Le crocodile de René Lacoste
Dans l’entre-deux guerres, René Lacoste est l’un des quatre Mousquetaires français à sévir sur le circuit. La presse américaine l’a à la bonne et l’affuble d’un surnom : le crocodile. Obligé de prendre prématurément sa retraite à cause d’une santé fragile, l’ingénieux René garde ce surnom pour lancer sa marque de vêtements : des chemises puis des polos siglés du grand reptile. Le succès est mondial. Bien joué croco.
La couronne de laurier de Fred Perry
Certainement inspiré par la réussite de René Lacoste, Fred Perry, huit titres dans les tournois majeurs dans les années 30, commence après-guerre à inonder le marché d’une lumineuse invention vestimentaire : le poignet éponge. Modestement, il prend son prénom et son nom comme marque et développe sa gamme, avec des polos siglés d’un laurier. Le coup marketing est fantastique, avec une réussite qui dépasse le cadre sportif. La preuve que les tennismen peuvent être des businessmen de génie.
La grande gueule de John McEnroe
Ce bon vieux McEnroe n’a pas de bonbons, de polos ou de parfum à vendre. Ce qu’il sait faire de mieux depuis qu’il a rangé les raquettes, c’est d’user de sa légendaire grande gueule. Ses saillies verbales sont si fameuses que c’est devenu une « marque » comme une autre, qui lui permet de multiplier les partenariats et exhibitions. Et ça paie énormément : à 54 ans et plus de 20 ans après sa retraite sportive, l’Américain a cumulé 75 millions de gains lors de la dernière année. Ça paie de faire le zouave en public !