Profitons de l'œuvre Richard Gasquet

29 janv. 2025 à 17:45:00 | par Mathieu Canac

En passant le premier tour à Montpellier, Richard Gasquet, qui a planifié sa retraite à Roland-Garros cette année, est devenu le deuxième joueur après Roger Federer à remporter au moins un match sur le circuit principal pendant 24 saison consécutives.

Si vous aviez la Joconde ou toute autre peinture magistrale chez vous, peut-être ne la regarderiez-vous même plus. À force de passer devant tous les jours, vous en finiriez blasé. Au point de ne plus la voir, comme si elle était fondue dans le mur auquel elle serait accrochée. Richard Gasquet est cette œuvre.

Dès son arrivée sur le circuit principal avec une victoire à seulement 15 printemps, à Monte-Carlo en 2002, contre un Franco Squillari demi-finaliste de Roland-Garros deux ans plus tôt, « Richie » nous en a mis plein les mirettes avec une myriade de coups mirifiques. Notamment grâce à son revers à une main. Cette merveille de l’histoire du tennis.

« L'homme-revers »

Puis, le temps - ce fossoyeur d'émerveillement - passant, certains ont perdu quelques étoiles dans les yeux devant les matchs du natif de Sérignan. En lui reprochant de ne pas avoir atteint le Graal permettant d’accéder à la vie éternelle dans l’histoire de ce sport : gagner un titre du Grand Chelem.

Comme s’ils avaient oublié, à force de le voir, que son revers lui garantissait à lui seul de passer à la postérité. La faute incombant sans doute à Gasquet : à force de répéter si facilement le sublime, il a banalisé l’exceptionnel. Il a rendu ordinaire l’extraordinaire. Mais ne nous laissons pas berner, son geste signature est une perle rare, l’union amoureuse de l’esthétique et de l’efficacité.

J'aurai au moins marqué l'histoire du jeu avec quelque chose. Combien d'excellents joueurs disparaissent de la scène sans rien léguer ?

Richard Gasquet

« J'aurai au moins marqué l'histoire du jeu avec quelque chose, a analysé Gasquet dans À revers et contre tout, son autobiographie. Combien d'excellents joueurs disparaissent de la scène sans rien léguer ? Sans ce revers, je serais devenu un tennisman lambda. (...) Je suis l'homme-revers, et je n'en ressens aucune frustration : bien au contraire, j'en suis fier. »

Alors profitons de Richard Gasquet pour ses tout derniers tournois. Ne passons plus devant sans se laisser (ré)enchanter avant son ultime salut à Roland-Garros. Car, avec un Stan Wawrinka proche de la quarantaine, le tennis va bientôt se retrouver totalement (ou presque, grâce à l’existence de Lorenzo Musetti) orphelin de revers à une main touchés par la grâce divine. Ceux animant nos visages de sourires bien plus larges que celui de la Joconde.

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