Sabalenka numéro 1 mondiale : au nom du père

6 sept. 2023 à 12:42:43 | par Mathieu Canac

Opposée à Zheng Qinwen ce mercredi en quarts de finale de l’US Open, Aryna Sabalenka a d’ores et déjà atteint un objectif : être numéro 1 mondiale. Un couronnement assuré depuis l’élimination d’Iga Świątek. Un couronnement que ne verra pas son père, décédé prématurément en 2019.

J’essaie juste de me battre, parce que mon père voulait que je sois numéro 1 mondiale. Je le fais pour lui, c’est ce qui m’aide à être forte actuellement.

Des mots signés Aryna Sabalenka, en conférence de presse après son premier tour à Adélaïde en janvier 2020. Deux mois plus tôt, son père, Sergey, succombait à une méningite. Il avait 43 ans. Dans la nuit de dimanche à lundi, la jeune femme de 25 printemps a très certainement eu une pensée pour son paternel. En huitièmes de finale de l’US Open, Iga Świątek affrontait une Jelena Ostapenko qu’elle n’avait jamais vaincu en trois rencontres. Et, en cas de nouvelle défaite de la Polonaise, Sabalenka le savait : elle serait assurée de devenir numéro 1 mondiale à l’issue du tournoi.

Si Świątek a remporté la première manche, elle a ensuite servi de punching-ball à une Ostapenko déchaînée, cherchant le K.O sur chaque frappe. Comme à son habitude, en somme. En 2015, dans L'Équipe, Océane Dodin avait lâché ses propos pour décrire son tennis : “Ce n'est pas compliqué, je ne mets que des lattes, c'est du tennis bim-bam-boum.” La Lettonne a fait carrière en adoptant le même “plan” de jeu. Un style - à faire exploser tous les compteurs des machines à coups de poing de fête foraine - à base de frappes sèches, à plat posant problème à Świątek et sa prise de coup droit très fermée. À condition d’être dans un bon jour, avec plus de balles dans le court qu’en dehors.

“Je n’ai pas regardé le match (entre Świątek et Ostapenko) jusqu’à la fin, j’ai n’ai appris la nouvelle (qu’elle deviendrait numéro 1) que le lendemain matin” - Aryna Sabalenka

J’ai fait des fautes dans le premier set, mais ensuite j’ai commencé à faire beaucoup de coups gagnants, et elle (Iga Świątek) n’aime pas la puissance que je mets parce qu’elle a besoin de temps pour jouer”, a déclaré la gagnante de Roland-Garros 2017 après sa victoire (3-6, 6-3, 6-1), sa quatrième en autant de match contre la native de Varsovie. Devant sa TV, Sabalenka, malgré l’heure tardive, n’a pu s’empêcher de suivre le match. Plus longtemps que prévu. “J’étais sur le point d’aller dormir pendant le deuxième set, mais c’était vraiment intéressant à regarder”, a-t-elle révélé après sa qualification pour les quarts de finale du Majeur new-yorkais.

“Puis je me suis dit : ‘OK, je vais juste regarder quelques jeux du début du troisième set pour voir comment ça se passe’, a-t-elle ajouté. Mais je ne voulais pas regarder jusqu’à la fin, j’ai appris la nouvelle ce matin (lundi). Je suis allée au lit, je voulais rester concentrée sur mon match du lendemain. Si j’avais vu le résultat avant, ça aurait été très difficile de dormir. Mais j’ai dû tellement me forcer pour ne pas regarder le score.” Et, malgré la perspective de devenir la 29e numéro 1 mondiale de l’histoire ainsi que la deuxième de son pays après Victoria Azarenka, la Biélorusse, selon ses dires, a attendu le marchand de sable avec un souhait ayant de quoi étonner.

“Papa, serais-tu fier de moi ?” - Aryna Sabalenka

Je ne voulais pas qu’elle (Iga Świątek) perde, a-t-elle assuré. Pendant la rencontre, j’étais du genre : ‘Allez, gagne ce match !’ Je me disais qu’elle allait réussir à s'en sortir et ensuite aller jusqu’en finale. Je pensais seulement à faire tout mon possible de mon côté pour aller également en finale, et prendre la place de numéro 1 sur le court (en gagnant contre Iga Świątek). J’étais donc un peu triste, mais en même temps heureuse. Je ne vais pas être numéro 1 seulement parce qu’elle a perdu, mais parce que j’ai bien joué toute l’année. Je l’ai un peu mise sous pression.

En s’emparant du trône, Sabalenka a mis fin à un règne de 75 semaines. Soit le dixième total le plus élevé de l’histoire du tennis féminin, derrière Steffi Graf (377 semaines), Martina Navrátilová (332), Serena Williams (319), Chris Evert (260), Monica Seles (178), Ashleigh Barty (121), Justine Henin (117), et Lindsay Davenport (98). “Elle (Iga Świątek), est incroyable, s’est exprimée Sabalenka. Elle a été numéro 1 pendant tellement longtemps. Je suis vraiment heureuse qu’elle soit sur le circuit, elle nous motive - et particulièrement moi - à être meilleures, à nous pousser jusqu’à nos limites.

En attendant son couronnement officiel, lundi, la canonnière de Minsk s’est fixé un autre objectif. “Non, je ne vais rien célébrer avant la fin de l’US Open, a-t-elle confié. Je veux rester davantage concentrée sur le tournoi que sur la place de numéro 1.” Avec un but allant bien au-delà du fait d’entrer encore un peu plus dans l’histoire du tennis : lever les bras vers le ciel, pour toucher une réponse qu’elle ne peut plus entendre. Celle à une question publiée via son compte Instagram le 28 janvier, jour de son sacre à l’Open d’Australie, son premier en Grand Chelem : “Papa, serais-tu fier de moi ?

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