La nuit dernière, la tenante du titre a rendu les armes à l’US Open. Iga Swiatek s’est inclinée 6-3 3-6 1-6 face à Jelena Ostapenko. Avec la perte de points engendrée par cette défaite, Iga perd gros, car lundi prochain, le 11 septembre 2023, elle ne sera plus numéro 1 mondiale.
75. C’est le nombre de semaines durant lesquelles Iga Swiatek est restée assise sur le trône du tennis féminin. A savoir depuis le 4 avril 2022, alors qu’elle venait de s’envoyer le Sunshine Double (le BNP Paribas Open et Miami). Mais dans sept jours, ce règne prendra fin et Iga Swiatek laissera sa place à Aryna Sabalenka qui sera ainsi la 29e femme à devenir numéro 1 au classement WTA depuis Christ Evert le 3 novembre 1975. Swiatek, quant à elle, va couler et se retrouver numéro… 2 !
Essayons, dans un premier temps, de comprendre ce qu’il s’est passé.
Avant même que le match ne démarre, les stats n’étaient pas favorables à la futur ex-numéro 1 mondiale. Face à elle se présentait une joueuse qu’elle n’avait jamais battue en trois rencontres. Pire, en trois matches, Ostapenko n’avait perdu qu’un set face à Swiatek. Clairement, le jeu de la championne de Roland-Garros 2017 ne convient pas du tout à la Polonaise. L’inverse est moins vrai. Tout le monde sait que, d’un jour à l’autre, Ostapenko peut enchaîner les coups gagnants en mettant ses adversaires à cinq mètres de la balle, tout en étant aussi capable de mettre les bâches de fond de court au supplice en remettant en mode arrosage automatique.
Jelena Ostapenko est la première joueuse, cette année, à battre Swiatek alors que celle-ci menait un set à rien
C’est un peu ce qu'il s’est passé dans la nuit du dimanche 3 septembre 2023, mais dans le sens inverse. La Lettone a mal débuté le match, commettant trop de fautes directes, notamment en coup droit. Elle concède le premier set (seulement le deuxième dans leur face-à-face), mais avant même que celui-ci ne soit terminé, les coups droits d’Ostapenko commencent déjà plus à ressembler à des flèches de « Green Arrow » qu’à des valises balancées sur le toit d’un bus dans un pays subtropical. Elle lâche tout de même le set, mais on sent alors déjà que la confiance commence à changer de camp. Et 41 minutes plus tard, ayant réussi un break d’entrée, dix coups gagnants et seulement cinq fautes directes, Jelena Ostapenko égalisait à un set partout.
En entamant la dernière manche, qui n’a duré que 28 minutes, Ostapenko était en droit de se sentir plus sereine que son adversaire. Premièrement, elle avait avec elle le fameux « momentum » dont parlent les joueurs et les joueuses de manière incessante. En second lieu, elle est la deuxième joueuse, derrière Anastasia Potapova, ayant disputé le plus de match en trois sets cette année avec des stats favorables : 15 victoires et 8 défaites. Et enfin, elle savait qu’elle n’avait jamais perdu face à la joueuse de l’autre côté du filet. Break d’entrée, puis double break. Le coup droit était désormais téléguidé et il n’y avait plus rien que Swiatek puisse faire.
Petite parenthèse statistique : en remportant ce match, Jelena Ostapenko est devenue la première joueuse, cette année, à battre Swiatek alors que celle-ci menait un set à rien.
Elle entre désormais sur un court de tennis avec une casquette tellement vissée sur les yeux qu'on dirait une cagoule
Iga Swiatek a été, et sera sûrement à nouveau, une incroyable numéro 1 mondiale. Contrairement à d’autres, la Polonaise a remporté des titres du Grand Chelem (quatre). Elle sera restée, au total pour l'instant, 75 semaines à la tête du tennis mondial féminin. En revanche, je trouve que plus les semaines avançaient et plus Swiatek changeait.
Lorsqu’en 2020, à Roland-Garros, elle gagne en quart de finale, elle demande alors pendant son interview sur le court si Rafael Nadal va jouer après (parce qu’elle est une grande fan de Rafa). A ce moment-là, elle déborde de fraîcheur.
A l'inverse aujourd’hui, elle entre sur un court de tennis avec une casquette tellement vissée sur les yeux qu'on dirait une cagoule. Elle a également sur les oreilles un casque si imposant qu’on la prendrait pour une directrice d’équipe de Formule 1.
Mais ce que je regrette le plus, ce sont ses sorties médiatiques et cette façon un peu permanente de se plaindre. La dernière en date remonte à hier, lorsqu’en conférence de presse, elle n’a cessé d’expliquer qu’elle ne comprenait pas ce qui lui était arrivé. Elle ne comprenait pas pourquoi, tout à coup, elle s’était mise à commettre autant d’erreurs. Je trouve cela très irrespectueux. Elle s’est mise à commettre des erreurs lorsqu’Ostapenko a commencé à envoyer des avions. Tout simplement ! Autre exemple, à Cincinnati, elle s’était plainte du traitement des fans vis-à-vis d'elle et de son équipe et avait encouragé ces derniers à être plus gentils.
Plutôt que d’expliquer aux fans comment ils doivent se comporter, Iga Swiatek devrait se focaliser sur qui elle était lorsqu’elle est devenue numéro une mondiale, sur qui elle était lorsque le monde l’a découverte et est tombé sous son charme quand elle a soulevé la Coupe Suzanne-Lenglen à l’issue du Roland-Garros Covid Style. Je pense que le fait de redevenir un peu plus cette personne lui ferait le plus grand bien.
En attendant, le tennis féminin s’est trouvé une nouvelle Queen en la personne d’Aryna Sabalenka. Je vous propose de lui laisser terminer son tournoi avant de disséquer d’un peu plus près son ascension vers le sommet.