“Le charme du gazon, c’est que tu repars sur une page blanche.” Après son élimination 6-4 7-6³ en quart de finale à Berlin contre une Petra Kvitová future gagnante du tournoi, son 31e titre en simple sur le circuit principal, Caroline Garcia, bien que déçue par la défaite, s’est dite ravie de retrouver l’herbe. “Tout le monde est remis au même niveau, même si tu as pris de la confiance sur d’autres surfaces, a-t-elle expliqué, comme l’a relayé L'Équipe. Mon jeu s’appuie sur un bon ‘swing’ de balle, sur la vitesse de la balle adverse, sur le fait de jouer tôt. Je ne force pas (sur gazon). Sur terre battue, j’ai tendance à vouloir en mettre trop au lieu d’être relâchée.”
Battue au deuxième tour de Roland-Garros, la surnommée “Caro” a bouclé une première partie de saison, qui, sans être mauvaise - elle est 16e à la Race cette semaine -, est restée loin des attentes. Celles du public français, de ses fans, des médias, et des siennes. D’où l’envie d’ouvrir une nouvelle page, d’écrire une nouvelle histoire. Sans effacer la précédente. Pour ne pas oublier ce qui a freiné sa mécanique bien huilée, et la réparer afin de pouvoir remettre un coup d'accélérateur. La cause de la panne ? Trop de pression dans le moteur.
“Quand le classement monte, la pression monte” - Caroline Garcia
“C’est un des paramètres avec lequel je suis moins à l’aise, avait-elle expliqué en janvier, après sa défaite contre Magda Linette en huitième de finale de l’Open d’Australie. Il faut que j’arrive à travailler là-dessus pour mieux le gérer. C’est une expérience à prendre pour réussir à me libérer de plus en plus, à garder mes émotions sous contrôle. Il y a déjà la pression que tu te mets à toi-même. Et quand le classement monte, ça (la pression) monte aussi. Mes propres attentes (gagner un tournoi du Grand Chelem) sont assez élevées, et je me tire peut-être une balle dans le pied de cette façon. Il faut trouver le bon équilibre.”
Jouer sans aucune pression, c’est mission impossible. À tel point que Tom Cruise lui-même ne pourrait y arriver. Les plus grands champions la ressentent. “La pression est un privilège”, comme aiment le répéter Novak Djokovic ou encore Iga Świątek, en reprenant un mantra dont Billie Jean King a fait un livre. Le but ultime, c’est de savoir gérer cette pression, en faire presque une force. Celle qui rend encore meilleure, plus solide, dans les moments importants. Et Caroline Garcia, qui n’avait pu retenir ses larmes à Rome, en plein match lors de sa sortie au 3e tour puis en conférence de presse, en a bien conscience.
“Je travaille encore pour gérer la pression de mieux en mieux” - Caroline Garcia
“Je travaille encore là-dessus (la pression), avait-elle expliqué avant de débuter Roland-Garros. On n’y est pas encore, j’apprends. J’essaie de gérer cette pression de mieux en mieux, c’est un travail en cours. Je ne peux pas appuyer sur un bouton et tout enlever d’un coup. On va voir jusqu’où va mener ce travail.” Depuis début avril, la native de Saint-Germain-en-Laye est de nouveau coachée par Bertrand Perret. L'entraîneur qui l’avait aidée à retrouver les sommets, jusqu’à une séparation surprise, dont les raisons n’ont pas été détaillées, en octobre 2022.
Fin 2021, alors qu’elle était tombée au-delà du top 70 mondial, la Française avait fait appel à Perret. Guidée par celui-ci alors qu’elle hésitait, comme elle l’a expliqué, dans ses choix sur le court entre être offensive ou parfois plus défensive, elle a totalement trouvé sa voie. En se lançant corps et âme dans un tennis agressif permis par sa qualité de frappe, en coup droit comme revers, son habileté à la volée et son service, l’un des plus impressionnants et efficaces du circuit.
Deuxième partie de saison : la pression des points à défendre
Un style sur lequel elle s’est appuyée pour se rebâtir une confiance en engrangeant des victoires puis en remportant quatre tournois sur le circuit principal, pour porter son total en carrière à onze, à partir de juin 2022. Deux WTA 250 - Bad Hombourg sur gazon, Varsovie sur terre battue en battant au passage Świątek pour signer son premier succès contre une numéro 1 mondiale -, et, surtout, un WTA 1000 - Cincinnati, sur dur - puis le Masters, le titre le plus important de sa carrière. Tout en allant jusqu’en demi-finale de l’US Open, une première pour elle en Grand Chelem en simple.
Un beau paquet de points à défendre, qui devrait sans doute lui ajouter un peu de pression supplémentaire. Celle du classement, de devoir, à nouveau, réussir une deuxième moitié de saison de très haut niveau pour rester dans le top 10, voire améliorer son rang actuel, 5e. L’an passé, “flying Caro” avait totalement retrouvé ses ailes après avoir soulevé un trophée. En double, associée à Kristina Mladenovic, à Roland-Garros. La semaine dernière, à Berlin, elle en a gagné un de plus dans cette discipline, son 8e, avec Luisa Stefani. De quoi, peut-être, lui insuffler un regain d’inspiration pour écrire un chapitre à la hauteur de celui de sa fin d’année 2022 ; le plus beau de sa carrière. Jusqu'à présent.
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