La MVP du mois : Caroline Garcia
Sortir des qualifications et gagner un WTA 1000 ? Personne ne l’imaginait, mais à Cincinnati, Caroline Garcia l’a fait. La Lyonnaise de 28 ans a, en effet, d’abord écarté Diane Parry, puis Andrea Petkovic, à chaque fois en trois manches, afin d’intégrer le tableau principal. Son épopée a ensuite pu commencer et, tour à tour, Petra Martic, Maria Sakkari, Elise Mertens et Jessica Pegula sont tombées, “Air Caro” s’ouvrant alors les portes du dernier carré. Opposée à Aryna Sabalenka en demi-finale, la Lyonnaise a su garder la tête froide, malgré deux interruptions causées par la pluie, pour s'imposer en trois sets et s’offrir le scalp de sa troisième top 10 mondiale dans l’Ohio. « Être de retour en finale d’un WTA 1000 après tant d'années, c'est génial, se félicitait-elle alors. L'attente était longue. Tu ne sais jamais trop ce que tu dois faire donc c'est difficile. Je suis très contente de la dernière préparation pour le retour sur le court à 3-1 au troisième set. J'étais prête pour chaque point, ça a fait la différence. » Sur un petit nuage, la Française a conclu une semaine idyllique en soulevant le trophée le lendemain au détriment de Petra Kvitova (6-2, 6-4). Son troisième titre de l'année et le troisième WTA 1000 de sa carrière après ceux ramenés de Wuhan et Pékin en 2017. Vous en voulez encore ? Entre le 19 juin et le 21 août, l’ancienne numéro 4 mondiale a remporté 26 matchs sur le circuit WTA. Personne ne fait mieux, Simona Halep s’étant arrêtée à “seulement” 19. Et voilà Caroline Garcia de retour dans le top 20 pour la première fois depuis 2019. En patronne.
L’exploit du mois : Ben Shelton
Ben Shelton va vite. Très vite. L'Américain de 19 ans s'est fait pour de bon un nom en concassant le numéro 5 mondial Casper Ruud (6-3, 6-3) au deuxième tour de Cincinnati. Sans concéder la moindre balle de break, s’il vous plaît. Un exploit d'autant plus retentissant qu'il est intervenu au lendemain d'un combat de près de trois heures contre Lorenzo Sonego (7-6 [5], 3-6, 7-5). En mai, le champion universitaire pointait au 548e rang du classement ATP. Il vient d’entrer dans le top 200 et aura l’occasion de continuer son ascension à l’US Open, qui l’a logiquement invité à la fête. Sacrée progression pour le gaucher de près de deux mètres (1,93m), quasiment né avec une raquette dans la main puisque son paternel n'est autre que Bryan Shelton, ancien 55e joueur mondial et 8e de finaliste de Wimbledon en 1994. Papa peut être fier. Et il l’est, même s’il pointe une lacune dans son sens du déplacement : « Pour l'instant, c'est un peu un éléphant dans un magasin de porcelaine ! »
L’annonce du mois : Serena Williams
On s’y attendait autant qu’on le regrettait : le 9 août, Serena Williams a annoncé la fin imminente de sa carrière tennistique. « Dans la vie, arrive un moment où nous devons décider de prendre une direction différente, a-t-elle publié sur Instagram. Ce moment est toujours difficile quand on aime profondément quelque chose. J’aime tellement le tennis. Mais maintenant, le compte à rebours est enclenché. » Le séisme, puis la vague. Un déferlement d’hommages et de louanges, de Rafael Nadal à Iga Swiatek, en passant par Billie Jean King ou John McEnroe, qui l'a placée à la table des icônes Michael Jordan, LeBron James et Tom Brady. L'Américaine aux 23 titres du Grand Chelem a retrouvé le circuit fin juin après quasiment un an d'absence. Avec des résultats loin d'une joueuse de son statut : une seule victoire, face à Nuria Parrizas Diaz, et trois revers, contre Harmony Tan, Belinda Bencic et Emma Raducanu. L’US Open, qu'elle a remporté six fois, pourrait lui permettre de tirer sa révérence sur le devant de la scène. On se rapproche également dangereusement de la fin pour sa sœur Venus, qui n’a pas fait long feu à Washington, Toronto et Cincinnati, en prenant la porte dès son entrée en lice. Préparez les mouchoirs.
La polémique du mois : Emma Raducanu
En quête de régularité et de repères, deux éléments qui lui font cruellement défaut depuis le début de la saison, Emma Raducanu travaille avec Dmitry Tursunov depuis la fin du mois de juillet dans l’optique de l’US Open. La Britannique s'est arrêtée dès le deuxième tour des trois premiers Majeurs de l'année et reviendra à Flushing Meadows en tant que tenante du titre. L’ancien numéro 20 mondial est certainement de bon conseil sur le plan tennistique, en attestent son CV de joueur et ses collaborations récentes avec Aryna Sabalenka ou Anett Kontaveit. Mais la décision de s’associer à un Russe a exposé Raducanu aux critiques outre-Manche. Le député travailliste Chris Bryant l’a ainsi appelée à revoir son choix dans les colonnes du Telegraph : « Le Kremlin présentera cela comme une indication que le Royaume-Uni ne se soucie pas vraiment de la guerre en Ukraine, donc il serait donc vraiment dommage qu'Emma continue. Je l'invite à y réfléchir à nouveau et, au minimum, à condamner la guerre barbare de Poutine. » La pépite n’a pas bronché, et le Russe était à ses côtés à Cincinnati, où elle a écarté Serena Williams puis Victoria Azarenka, avant de chuter au troisième tour contre Jessica Pegula. « Il est là, on continue l'essai. Nous avons juste besoin de voir comment nous travaillons l'un avec l'autre, comment nous nous complétons. C'est trop tôt pour le dire », a commenté l’intéressée. Dans l’Ohio, Raducanu a confié avoir « l'impression de jouer avec la même liberté que l'année dernière […] et d'aller à nouveau dans la bonne direction ». Ça fait jaser, mais Tursunov n’est y probablement pas étranger.
La surprise du mois : Jack Draper
Jack Draper avait arraché un set à Novak Djokovic à Wimbledon en 2021 et s'était offert Diego Schwartzman à Eastbourne en juin, mais le Britannique est passé au niveau supérieur en cognant Stefanos Tsitsipas à Montréal (7-5, 7-6 [4]). La plus belle victoire de la carrière du gaucher, âgé de 20 ans seulement, suivie d’un succès par forfait contre Gaël Monfils et d'une défaite honorable en quarts face au futur vainqueur Pablo Carreño Busta. Sorti par Andrey Rublev au deuxième tour de Washington la semaine précédente, le Londonien n'était pourtant pas certain de disputer le tournoi canadien, lui qui envisageait de se consacrer à l'entraînement pendant une semaine pour « prendre un peu de confiance ». Il a bien fait de se raviser.
Le come-back du mois : Borna Coric
Rafael Nadal aurait pu prétendre à apparaître dans cette catégorie puisqu'il a retrouvé le circuit à Cincinnati après plus d'un mois d'absence. Sauf que Borna Coric a éjecté le Majorquin du tournoi dès son entrée en lice. Tant pis pour lui, et tant mieux pour Simona Halep, qui mérite à coup sûr un grand coup de chapeau. Après plus d'un an à osciller entre la 11e et la 27e place du classement WTA, la Roumaine a retrouvé le top 10 grâce à son titre à Toronto. Au sixième rang précisément, son meilleur ranking depuis juillet 2021. Sur courant alternatif ces derniers mois, la Roumaine commence à récolter les fruits de sa collaboration nouvelle avec Patrick Mouratoglou. Au Canada, elle s’est ainsi payé Coco Gauff en quarts, Jessica Pegula en demies et Beatriz Haddad Maia en finale pour décrocher son premier WTA 1000 depuis 2020. Une blessure à la cuisse l’a empêchée de poursuivre sur sa lancée à Cincinnati, mais la double vainqueur de Grand Chelem est déjà tournée vers l'US Open. En voiture Simo !
Le coup de pompe du mois : Iga Swiatek
Les joueuses du circuit doivent une fière chandelle à Alizé Cornet : depuis que la Niçoise a mis fin à l’incroyable série de 37 victoires consécutives d’Iga Swiatek en la sortant à Wimbledon, la Polonaise n’avance plus. Evincée par Caroline Garcia en quarts de finale à Varsovie, la numéro 1 mondiale a ensuite pris la porte dès le troisième tour des WTA 1000 de Toronto et Cincinnati, battue par Beatriz Haddad Maia et Madison Keys. Quatre défaites en l’espace d’un mois et demi, alors qu’elle n’avait perdu que trois fois sur la totalité du premier semestre. La cannibale du printemps laisse enfin des miettes au reste du circuit, et le malheur des uns fait le bonheur des autres…
Le coaching du mois : Nick Kyrgios
L'ATP 500 de Washington a permis à Nick Kyrgios de remporter le septième titre de sa carrière, trois ans après son dernier. Fidèle à lui-même, l’Australien a fait le spectacle tout au long du tournoi, et ce dès son entrée en lice contre Marcos Giron. Le finaliste de Wimbledon n'a éprouvé aucune difficulté pour se débarrasser de l'Américain, balayé 6-3, 6-2 en moins d'une heure. Avant de servir pour le gain de la partie, il s’est même autorisé un petit échange avec une spectatrice, à laquelle il a demandé de quel côté il devait engager. Un coaching pas payant immédiatement, puisque l’Australien a envoyé sa première balle dans le filet. Il a néanmoins conclu dans la foulée sur sa deuxième, pour le plus grand plaisir de la foule. S’il n’existait pas, il faudrait l’inventer.