Caroline Garcia : "Gagner un tournoi du Grand Chelem, c’est plus concret maintenant"

9 nov. 2022 à 15:24:02 | par Mathieu Canac

Entrée dans l'histoire du tennis français grâce à son titre au Masters, Caroline Garcia entend bien se donner les moyens d'y ajouter un nouveau chapitre. Un chapitre Majeur.

 

"Quand tu vois les petites filles avec les mains qui tremblent en te demandant de leur signer une balle, ça représente beaucoup. Et ça apporte beaucoup d’émotions, parce que j’ai été ces petites filles. Être de l’autre côté, partager un moment avec elle, leur ‘refaire leur journée’ alors que pour toi c’est si peu, c’est génial." Caroline Garcia n’a pas seulement fait rêver ses plus jeunes admiratrices et admirateurs. Elle a mis un grand sourire sur le visage de tous les Français amateurs de tennis. Même ceux qui étaient encore dans le coaltar mardi matin, des poches de baggy XXL sous les yeux après avoir passé la nuit à suivre son exploit.

En battant Aryna Sabalenka 7/6 6/4 sans concéder la moindre balle de break, la native de Saint-Germain-en-Laye est devenue la deuxième personne française à remporter le Masters en simple. Avant elle, dans l’histoire hommes et femmes confondus, seule Amélie Mauresmo en 2005 avait triomphé lors du "Tournoi des maîtres". "Elle (Amélie Mauresmo) est une grande source d’inspiration, a déclaré en conférence de presse Garcia après son sacre. Dans la semaine, on s’est écrit. Je lui ai demandé ce qu’elle avait fait en poule l’année où elle avait gagné. Elle m’a dit qu’elle avait perdu un match (contre Mary Pierce, qu’elle avait ensuite battue en finale), avec un clin d’œil (Caroline Garcia a aussi perdu une rencontre de groupe, contre Iga Świątek). C’était drôle. Je suis super fière de rejoindre Amélie."

Le destin, lui aussi, s’est montré enclin au clin d’œil. Grâce à son rodéo victorieux dans le Texas, la surnommé "Caro", s’emparant du 4e rang mondial, a rejoint “Amé” dans un autre cercle fermé. Celui des Tricolores à avoir terminé une saison dans le top 4 mondial. Auparavant, seuls Yannick Noah - 4e fin 1986 - et Amélie Mauresmo - 4e fin 2003, 2e fin 2004, 3e fins 2005 et 2006 - y étaient parvenus. Ayant égalé son meilleur classement déjà atteint en septembre 2018, Garcia est en très bonne position pour aller encore plus haut. Jusqu’au 2e rang planétaire. Mathématiquement, cet objectif est devenu très sérieusement envisageable.

 

"Elle peut aller chercher la place de numéro 1" - Paul-Henri Mathieu

De janvier à Roland-Garros 2023 inclus, la joueuse de 29 ans n’aura que 395 points à défendre. Ons Jabeur, 2e, et Jessica Pegula, 3e : respectivement 2 231 points et 2 520 points en jeu. Or, “Flying Caro” n’a "que" 316 unités de retard sur l’Américaine, et 680 par rapport à la Tunisienne. La patronne Iga Świątek - 11 085 points, 6 710 d’avance sur Garcia - paraît encore inaccessible. Du moins dans un premier temps, seulement, pour certains observateurs. "Elle peut gagner un tournoi du Grand Chelem l’année prochaine, a déclaré Paul-Henri Mathieu pour France Info. Si elle se met en position de gagner ces tournoi-là, évidemment, elle peut aller chercher cette place de numéro 1. Elle a tous les coups, toutes les capacités mentales et physiques pour aller chercher encore plus loin."

Gagnante de son premier WTA 1000, à Cincinnati en août, puis du Masters, la nouvelle héroïne du tennis hexagonal veut, légitimement, aller plus haut. Et au-dessus des WTA Finals, une seule catégorie de tournois : ceux du Grand Chelem. "Gagner un (tournoi du) Grand Chelem, ça a toujours été un objectif, a-t-elle reconnu en conférence de presse à Fort Worth. Mais disons que c’est plus concret maintenant." Battue en demi-finale de l’US Open, - sa première en Majeur - en septembre, Garcia a démontré des progrès lui permettant d’y croire dur comme fer.

Sûre de son identité de jeu, prise de balle aussi précoce que possible pour développer un style de tennis en mode "ping-pong debout sur la table", comme dirait Coluche, elle s’est montrée capable d’étouffer n’importe quelle adversaire. Depuis juillet, elle a affronté dix membres du top 10. Bilan : huit victoires, dont une face à Świątek. Qui plus chez cette dernière, à Varsovie, et sur terre battue pour mettre fin à l’invincibilité de la Polonaise sur cette surface en 2022. "On le sait depuis très longtemps, elle a le potentiel pour aller gagner un (titre du) Grand Chelem, c’est sûr, a déclaré Amélie Mauresmo pour l’AFP.

 

"Beaucoup de positif à prendre sur la façon de gérer mes émotions" - Caroline Garcia

"Lorsque toutes les planètes sont alignées, elle a un jeu extrêmement complet, a poursuivi l'ancienne numéro 1 mondiale. Elle a une puissance de frappe énorme. Elle s’appuie sur un service qui fonctionne hyper bien cette saison (elle est la joueuse qui a mis le plus d’aces en 2022), qu’elle peut varier quasiment à la carte, et elle a réglé la mire au retour, ce qui met une pression supplémentaire sur ces adversaires. Techniquement, c’est hyper propre. Il fallait que, physiquement, elle bouge encore mieux, ce qu’elle a fait. Et qu’elle soit plus juste dans ses choix. Parce qu’être agressive, c’est bien, mais quand ce n’est pas la bonne balle, c’est compliqué. Je trouve qu’elle a ce bon équilibre."

Mais l’intéressée en est consciente, elle ne doit pas se reposer sur les lauriers qu’on lui tresse. "Continuer à progresser, c’est super important, a-t-elle expliqué sur le plateau de Tennis Channel. Ne plus avancer, c’est régresser. J’ai connu ça par le passé (en tombant au-delà du 70e rang mondial), je n’ai pas vraiment apprécié le voyage (sourire).” En plus des aspects évoqués par Mauresmo, Garcia semble également avoir franchi un cap dans la gestion des émotions sur le court, ce qu’on appelle aussi le "mental" en utilisant un terme un peu fourre-tout.

"De toute évidence, les nerfs ont joué", avait-elle reconnu après sa défaite 6/1 6/3 face à Jabeur à New York. "Sur mes deux derniers matchs (du Masters), j’ai beaucoup de positif à prendre sur la façon de gérer mes émotions", a-t-elle cette fois confié au Texas. Parce que, dans les moments importants, l’objectif n’est pas d'annihiler la pression ou la “peur de gagner”. C’est tout bonnement impossible. Rafael Nadal, Roger Federer, Novak Djokovic, Serena Williams… Tous ressentent ça. Mais ils ont les réponses à ces émotions, et Caroline Garcia va devoir continuer à les trouver pour atteindre ses rêves. Celle d’une petite fille aux main qui tremblaient en approchant ses idoles, et qui, déjà, devait braver le stress pour gagner un autographe alors aussi précieux à ses yeux qu’un grand trophée.

 

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