Merci Caro

Chère Caro (tu permets que je t’appelle Caro ?),

Merci. Merci pour ce que tu as fait pour nous durant tout cet été, avec en point d’orgue ce superbe US Open. J’imagine que le sommeil a dû être difficile à trouver la nuit dernière, non pas en raison des sirènes new-yorkaises incessantes, mais bel et bien parce que tu devais être très déçue. C’est normal et j’espère que tu sauras te servir de ce sentiment pour gagner un jour les deux matches manquants pour soulever ton premier trophée en Grand Chelem. Et pourquoi pas dès l’Open d’Australie.

Sache que d’ici - je veux dire par là du monde où les gens sont fatigués après 1h30 de tennis et où la double faute est un coup bien plus utilisé que le retour gagnant -, tu nous as RÉ-GA-LÉS. Je ne sais pas si tu t’en rends compte, mais tu as mis la moitié de la France en décalage horaire. La productivité générale dans le pays est en baisse depuis 15 jours. Normal, à cause de toi, personne ne dormait la nuit. Mais pour la bonne cause. C’est bien volontiers que tout le monde veillait pour te voir coller des roustes phénoménales à toutes tes adversaires.

Depuis Roland-Garros, le tennis féminin tricolore brille de mille feux.

La vérité est qu’au fond, tout le monde pensait que tu allais t’envoyer le tournoi. D’ailleurs, une micro polémique a commencé sur le fait de savoir si on devait, ou pas, s’enflammer. Je te le dis, je faisais partie des enflammeurs (ce mot n’existe pas, je sais et alors ? Collez-moi un procès !). La réalité est que les Français sont tellement superstitieux qu’ils avaient tous peur de le crier haut et fort. Ça veut juste dire qu’ils y croyaient.

Je souhaitais aussi te remercier plus globalement pour ce bel été que tu nous as fait passer. Tu as su réconcilier tout un peuple avec le tennis féminin. Bien sûr que tu n’étais pas toute seule. Alizé Cornet, Clara Burel, Harmony Tan, Diane Parry et Léolia Jeanjean ont également contribué à cet engouement, mais c’est bien toi qui étais le porte-drapeau de ces Avengerices. Depuis Roland-Garros, le tennis féminin tricolore brille de mille feux. La victoire finale à New-York aurait été la « cherry on top of the cake », mais peu importe. Le moteur a été démarré au kick et tourne actuellement à plein régime et c’est tant mieux.

A quand remonte la Une de l’Equipe avec une joueuse de tennis française en pleine page ? Franchement, j’ai du mal à m’en souvenir. Sans doute de la finale victorieuse en Fed Cup by BNP Paribas (oui, c’était encore la Fed Cup en 2019) chez les Australiennes. Tiens, tiens, tu y étais. J’imagine que tu te souviens encore de ce match face à Ashleigh Barty. Ce jour-là, en 56 minutes, tu n’avais pas remporté le moindre jeu. Je n’ai pas vu tous tes matches durant ces dernières années, mais lors de celui-ci, tu avais touché le fond. Comme disent les Américains « you hit rock bottom ». Une défaite dont on se remet difficilement. Une défaite qui peut mettre un terme à une carrière. Mais 24 heures plus tard, tu avais donné le ton en remportant le double décisif aux côtés de ta meilleure partenaire : Kristina Mladenovic. 

Une victoire aux Masters pour terminer l’exercice 2022 en beauté.

La route pour remonter vers la surface a été longue et sinueuse. Mais lundi prochain, tu vas réintégrer le Top 10 chéri que tu avais quitté il y a presque 4 ans. 4 ans qu’on se demande tous pourquoi tu n’y arrivais plus. On connaissait tous tes qualités tennistiques et athlétiques et on ne comprenait pas. Mais peu importe, car tu as retrouvé ton chemin. 

Et je te parle de ton classement de lundi prochain, mais c’est celui de fin d’année qui va être intéressant. Je te rappelle que tu n’as qu’un quart de finale à Limoges à défendre. En gros, cette fin d’année va être tout bénef pour toi. Tu vas pouvoir tout casser avec, pourquoi pas, une victoire aux Masters pour terminer l’exercice 2022 en beauté.

Pour tout ce que tu as fait, et tout ce que tu vas continuer à faire, merci Caro.

Eli

PS : Je sais que ma lettre n’est pas aussi bonne que celle que t’a écrite la FFL, mais il fallait tout de même que je te le dise.