“En annonçant de bonnes nouvelles, on se rend aimable. En en annonçant de mauvaises, on se rend important.” D’après Henry de Montherlant, voici d’abord de quoi tenter de rendre cet article “important” : saison terminée pour Félix Auger-Aliassime. Plus tôt que prévu. Traînant une gêne physique, le Canadien a dû déclarer forfait pour la phase finale de la Coupe Davis, organisée du 25 novembre au 5 décembre. “Depuis mes débuts, représenter mon pays a toujours été une priorité et un privilège, a-t-il expliqué via un message publié sur les réseaux sociaux. Néanmoins, j’ai du mal à me débarrasser d’une douleur au genou depuis quelques mois.”
“Mon équipe médicale m'a informé que les prochaines semaines seront cruciales, a-t-il ajouté, pour me reposer et préparer mon corps de la meilleure façon possible en vue de 2022.” Notamment pour être en mesure de continuer à gravir les échelons ; car, le temps est venu de rendre ce papier “aimable”, place aux bonnes nouvelles. Le 11 novembre, après sa victoire en quart de finale de l’ATP 250 de Stockholm où son parcours s’est finalement arrêté au tour suivant face au compère Denis Shapovalov - lui aussi forfait pour la Coupe Davis - il a fait coup double. Grâce à sa 100e victoire sur le circuit principal, il a atteint l’un des objectifs annoncés en début d’année : intégrer le Top 10 pour la première fois de sa carrière. Le fruit du travail accompli.
“Je me sens plus mature, en tant que joueur et en tant que personne”
“Je me sens plus mature en tant que joueur et en tant que personne, a-t-il confié en conférence de presse du tournoi suédois. Je sais davantage ce que je veux faire sur le court. Je sais comment je veux me comporter, comment je veux jouer, comment je veux aborder le jeu. Mes explications ne sont peut-être pas très précises, mais c’est vraiment ce que je ressens en moi. Quand tout se met en place, que mes idées sont de plus en plus claires par rapport à ce que je veux faire, je joue un très bon tennis.” Et pour atteindre cet état d’esprit, il a non seulement fallu bosser tennistiquement sur le court d’entraînement, mais aussi dans la tête.
C’est en partie pour cette raison que, début avril, il a officiellement annoncé le début de sa collaboration avec Toni Nadal, choisi comme co-coach aux côtés de Frédéric Fontang. “Il (Toni Nadal) s’attache à développer cette mentalité de champion, de conquérant, qui m’est nécessaire pour atteindre le plus haut niveau”, a-t-il expliqué ,fin mai, lors d’un direct Instagram avec Nicolas Mahut pour We Are Tennis. Les graines semées par “Tio Toni” ont fini par germer pour faire grandir la jeune pousse de 21 ans. “Je pense que j’ai plus de confiance en moi qu’il y a un an sur le fait de pouvoir rivaliser avec les meilleurs du monde, d’avoir mes chances face à n’importe qui”, a confié FAA, toujours à Stockholm.
“Avoir une mentalité de gagnant, c’est là-dessus que j’ai le plus progressé”
“Avoir cette confiance en soi, croire vraiment au plus profond de soi-même qu’on est capable de le faire, je pense que c’est là-dessus que j’ai le plus progressé cette saison ; la mentalité de gagnant. Oui, je l’ai prouvé par mes résultats, d’une certaine façon.” Après une saison sur ocre en demi-teinte, le natif de Montréal a reverdi sur gazon. S’offrant, à Halle, une victoire de prestige face à Roger Federer, l’une de ses idoles d’enfance, il a ensuite disputé son premier quart de finale de Grand Chelem, à Wimbledon. Avec, au passage, un succès contre Alexander Zverev, qu’il n’avait jusqu’alors jamais vaincu en trois confrontations.
N’hésitant pas à se regarder dans le miroir pour se remettre en question malgré les paliers franchis, il est très vite passé à l’étage supérieur. Deux mois après son épopée londonienne, il s’est hissé jusqu’en demi-finale de l’US Open. Seul hic, toujours pas de titre ATP. Cette saison, il a perdu deux finales de plus - Murray River Open, Stuttgart - pour porter son total à huit, toutes disputées avant ses 21 printemps, sans jamais remporter le moindre set. Pas de quoi le pousser à baisser les bras pour autant. “Oui, pendant certaines finales, je n’ai pas joué mon meilleur tennis, a-t-il reconnu après la dernière en date, perdue 7/6 6/3 contre Marin Čilić sur l’herbe allemande. Mais cette fois, j’ai senti que j’en étais proche.”
En quête d’un premier titre
Habitué à voir le verre à moitié plein, l’actuel 10e joueur mondial a sans doute conscience que cette mentalité est essentielle pour lui permettre d’ouvrir son compteur. Avoir disputé autant de finales à un si jeune âge est déjà une performance rare. Avant ses 21 balais, Federer, par exemple, n’en affichait qu’une de plus (trois gagnées, six perdues). Et, en parvenant à aller chercher sa première perle, FAA pourrait bien finir par s’offrir tout un collier. Avant de se confectionner l’un des plus beaux palmarès du tennis français, Cédric Pioline a perdu ses neuf premières finales. Mais quels que soient ses résultats, le Québécois aide de façon considérable le projet #FAAPointsForChange.
Depuis le lancement en janvier 2020, il a gagné 9 873 points sur le court. L’équivalent de 49 365 $, complétés par BNP Paribas à hauteur de 15 $ par échange remporté - soit 148 095 $ -, pour l’éducation et la protection des enfants dans la région de la Kara au Togo. “J’adorerais pouvoir y aller, mais c’est compliqué avec la crise de la Covid, a-t-il répondu en conférence de presse à Bercy début novembre. Mon père s’y rendra certainement très bientôt. Nous devrons prendre une décision en famille pour voir si je peux y aller. Si je ne peux pas, un membre de la famille fera le voyage pour voir l’avancement du projet.” Parce qu’en plus d’être une personne aimable, au sens premier du terme, le jeune homme mène des actions importantes. Pour les autres.
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