Félix Auger-Aliassime : “J’ai dû accepter que tout n’aille pas toujours comme on veut”

26 mai 2021 à 14:00:00 | par Mathieu Canac

L’annonce officielle de sa participation aux Jeux olympiques, la gestion d’une période sans résultats étincelants, le travail avec Toni Nadal, le projet #FAAPointsForChange… Souriant, disponible et posé, Félix Auger-Aliassime a abordé tous ces sujets ce mardi soir lors d’un direct Instagram animé par Nicolas Mahut pour We Are Tennis.

 

Oui, je ressens parfois de la frustration.Enfant prodige du tennis - premier match gagné en Challenger à 14 ans, 33e mondial quatre années plus tard - Félix Auger-Aliassime s’était habitué à franchir les obstacles à l’allure d’un coureur de 110 m haies lancé vers les records. Mais en approchant les sommets, top 20 en octobre 2019 à 19 printemps, la pente est devenue bien plus prononcée et l’ascension, logiquement, plus lente. “Depuis que je suis enfant, j’ai eu la chance, en travaillant bien, d’avoir rapidement les résultats que je voulais, a-t-il poursuivi lors du direct Instagram avec Nicolas Mahut pour We Are Tennis ce mardi soir. L’un des gros apprentissages retenus ces dernières années, c’est que tu n’as pas toujours ce que tu veux. Même en travaillant bien, j’ai parfois traversé des périodes compliquées en perdant plus de matchs, et j’avais l’impression de ne plus vraiment progresser.

Actuellement 21e mondial, le Canadien n’est pas parvenu à faire claquer une performance clinquante depuis le début de la saison sur ocre. De Monte-Carlo à Lyon en passant par Barcelone, Madrid et Rome, il n’a engrangé “que” quatre victoires. Pour cinq revers. Parmi les succès, deux ont toutefois eu lieu contre des top 15 : Denis Shapovalov (14e) et Diego Schwartzman (10e). Côté défaites, il est tombé contre de redoutables amoureux de la terre battue - Cristian Garín, Casper Ruud - un des cadors du circuit - Stéfanos Tsitsipás - et des hommes en forme de ces dernières semaines - Federico Delbonis, Lorenzo Musetti. Rien d’infâmant, certes. Mais pour s'immiscer au sein du gratin et s’affirmer en candidat sérieux aux titres du Grand Chelem, son objectif à terme, il sait qu’il doit gagner en régularité dans l’enchaînement des performances de premier plan.

Développer "une mentalité de champion"

Afin d’y arriver, une seule méthode : bosser. Encore. Toujours. Sans jamais se décourager, peu importe les mauvaises passes. “J’ai dû accepter que tout n’aille pas toujours comme on veut, a-t-il poursuivi. On a beau travailler, ça ne garantit pas toujours un résultat immédiat. Alors il faut continuer à persévérer jusqu’à ce que ça vienne.” En amont du Masters 1000 de Monte-Carlo, “FAA”, déjà coaché par Frédéric Fontang, a annoncé l’ajout de Toni Nadal à son équipe. Après un mois et demi de collaboration officielle, le Québécois a pu goûter de façon plus précise à la patte du Majorquin. “Sa philosophie, c’est l’engagement, a précisé le jeune homme. Il veut un engagement total sur toutes les frappes, avec beaucoup d’intensité mais aussi une grande concentration. Il souhaite également une précision répétée sur chaque balle. Il est beaucoup plus technique qu’on le pense.

Et le champ d’action de l’oncle de Rafael Nadal n’est pas limité à la qualité des coups. Pour devenir bien plus qu’un second couteau, Félix Auger-Aliassime doit se tailler un esprit capable de rivaliser avec les plus fines lames du circuit. “Il (Toni Nadal) s’attache à développer cette mentalité de champion, de conquérant, qui m’est nécessaire pour atteindre le plus haut niveau”, a détaillé le natif de Montréal. Après s’être entraîné chez lui, à Monaco, il a fait ses valises pour Roland-Garros ce mercredi. L’an passé, pour ses débuts dans le tableau principal, il s’était incliné d’entrée contre Yoshihito Nishioka. Huitième de finalistes de l’US Open 2020 et de l’Open d’Australie 2021, il est en quête de son  premier quart de finale en Grand Chelem. En trouvant, pourquoi pas, l’une de ses idoles de jeunesse sur son parcours parisien : Jo-Wilfried Tsonga.

Ce serait sympa de jouer contre lui avant qu’il arrête (sa carrière), a confié le Canadien, toujours lors du direct Instagram. Pour ma génération, c’étaient Roger et Rafa les idoles. Mais une part de moi était aussi vraiment fan de ‘Jo’. J’ai toujours adoré le voir jouer, avec son charisme, son style explosif, son service, son coup droit. Ado, à certains moments, je pouvais même bâtir mon jeu en le calquant sur le sien. ll a toujours été une idole pour moi. Et ça a été génial quand j’ai pu discuter avec lui. Parfois, quand tu rencontres une idole d’enfance, tu es finalement déçu. Avec ‘Jo’ ; tout le contraire. J’étais ravi. C’est vraiment un gars en or.” Au-delà du jeu, il a pu s’identifier à “JWT” de par son histoire familiale. “C’est un modèle qui me ressemble, issu d’une diversité. Comme Jo, j’ai un père Africain (Sam Aliassime est né au Togo, Didier Tsonga en République démocratique du Congo) et une mère occidentale (Marie Auger est canadienne, Evelyne Tsonga française).

“Je serai aux JO”

Des racines africaines qu’il n’a jamais oubliées. “Quand je suis allé au Togo à 13 ans, j’ai vu des choses dures, même si c’est un pays très stable avec plein de bonnes choses, a-t-il rappelé. Je m’étais dit que si je réussissais dans ma carrière, j'aiderais les jeunes à réaliser leurs rêves en leur permettant d’avoir les opportunités que j’ai pu avoir au Canada.” Une promesse envers lui-même tenue avant même de fêter la vingtaine. Depuis début 2020, à chaque point gagné en match officiel, il donne 5 $ pour aider à financer le programme EduChange mis en place par l’ONG Care afin de favoriser l’éducation et la protection des enfants de la Kara, région du pays natal de son paternel. Associé à cette initiative intitulée #FAAPointForChange, BNP Paribas complète en ajoutant 15 $ par échange glané. Malgré la crise sanitaire, le projet avance.

L’argent va à la rénovation d’écoles, de terrains de sports, on va fournir des kits scolaires pour les enfants, des choses comme ça, a détaillé le joueur. Et puis, sur le court, ça me booste. Même quand je suis fatigué, un peu à bout, je donne tout pour gagner un point de plus. Parce que je sais que 5 $, ça peut faire une différence là-bas.” À cette motivation, une autre s’ajoutera cet été : celle de représenter son pays. Félix Auger-Aliassime l’a officiellement annoncé pour We Are Tennis, il participera aux Jeux olympiques de Tokyo, intercalés entre l’enchaînement Roland-Garros - Wimbledon et l’US Open. “Les JO, c’est super important pour moi, j’y serai, a-t-il déclaré. Je crois que je vous en donne la primeur sur ce live (sourire). C’est vraiment un rêve d’enfant. Et si je pouvais gagner une médaille d’or pour le Canada pendant ma carrière, ce serait incroyable.” Autour de son cou, le précieux métal serait alors assorti au cœur du bonhomme.  

 

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