Se mettre au vert fait généralement du bien. Après six tournois sur ocre pour un bilan de quatre victoires et six défaites dont une élimination d'entrée à Roland-Garros, Félix Auger-Aliassime a retrouvé des couleurs. Sur gazon, il a vu la vie en rose. Bilan : dix succès, trois revers en trois compétitions. Dès ses premiers pas sur cette surface, il s'est hissé jusqu'en finale à Stuttgart. La huitième de sa carrière, déjà, à seulement 20 ans. Seul hic : huitième défaite. Face à Marin à Marin Čilić. Une nouvelle fois sans parvenir à remporter le moindre set. De quoi broyer du noir ? Non. Bien qu'évidemment déçu, le Canadien - habitué à voir le bon côté des choses - y a trouvé du positif.
"Oui, pendant certaines finales je n’ai pas joué mon meilleur tennis, a-t-il reconnu à l’issue de la rencontre. Mais cette-fois, j’ai senti que j’en étais proche. Il a simplement été meilleur que moi sur l’ensemble du match." La semaine suivante, le 16 juin, il a connu l’un des plus beaux jours de sa vie professionnelle. Une date à marquer d’une pierre blanche. Au deuxième tour de l’ATP 500 de Halle, il est venu à bout de Roger Federer. Sa première victoire face à un membre du Big 3. Sans perdre sa lucidité, en ayant conscience que son idole d’enfance n’était plus au summum de son art après une double opération d’un genou droit devant, en plus, supporter le poids de ses presque 40 ans.
"Physiquement et mentalement, j’ai dû aller chercher loin en moi”
Dans la foulée, il a enchaîné avec sa douzième demi-finale sur le circuit principal. Perdue au bout du suspens - 6/4 3/6 7/6 en 2h34 - contre Ugo Humbert, futur vainqueur du tournoi, après un duel d’un excellent niveau entre deux adversaires dont les jeux se marient à merveille avec le gazon. Percutant en coup droit comme en revers, à l’aise sur la prise de balle précoce les pieds vissés sur la ligne de fond, redoutable au service, facile pour fléchir les jambes et abaisser son centre de gravité sur une surface l’exigeant davantage que les autres : FAA a toutes les qualités pour en faire voir des vertes et des pas mûres. Peaufinant les derniers réglages avec une finale en double à Halle, associé à Hubert Hurkacz, il a abordé Wimbledon en confiance.
Dans le jardin londonien, le Québécois, qui s’était habitué à pousser à une vitesse impressionnante depuis ses débuts, a récolté les fruits de son travail. Pour la première fois, il a atteint les quarts de finale d’un tournoi du Grand Chelem. “C’est une étape très importante de ma jeune carrière, a-t-il expliqué devant la presse après sa victoire contre Alexander Zverev, la cinquième face à top 10, en huitièmes de finale. C’est en plus mon tournoi favori. Et la façon dont c’est arrivé rend ça encore meilleur. Il y a vraiment tout eu dans ce match. Physiquement et mentalement, j’ai dû aller chercher loin en moi.” Car après avoir eu la joute bien en main, les fantômes de l’Open Australie sont venus tournoyer au-dessus du Court N° 1.
Empochant les deux premières manches, il a cédé les deux suivantes devant l’une de ses bêtes noires, qu’il n’avait encore jamais vaincu en trois confrontations. Pour la deuxième fois de sa vie, il a dû disputer cinq rounds. En craignant de voir le scénario cauchemar du huitième de finale de Melbourne, perdu 3/6 1/6 6/3 6/3 6/4 face à Aslan Karatsev, s’écrire à nouveau. “Oui, j’y ai un peu pensé, a-t-il reconnu. Mais je ne voulais pas que ça se reproduise, ça aurait été difficile à accepter.” Se muant en ghostbuster, il est finalement parvenu à chasser les ectoplasmes du passé pour s’éviter la nuit blanche en s’imposant 6/4 7/6 3/6 3/6 6/4. En 4h02, soit 37 minutes de plus que face à Karatsev. Mais cette fois, son physique n’a pas franchi la ligne rouge.
“J’ai été courageux, audacieux”
“Physiquement, je me suis senti bien mieux qu’en Australie, a-t-il expliqué. Contre Karatsev, je ne pouvais plus bouger à la fin. J’avais vraiment du mal.” Bien dans son corps et dans sa tête face à Zverev, il n’a pas hésité à aller de l’avant lors du dénouement. “J’ai été courageux, audacieux, en essayant des choses et en lâchant mes coups.” Peut-être, aussi, grâce à l’apport de Toni Nadal sur la gestion des moments importants et la fameuse “mentalité de champion” recherchée. Bien que battu par en quatre actes par Matteo Berrettini au tour suivant, il n’a pas fait grise mine devant les journalistes. Malgré la déception de l’élimination, il savait avoir franchi un cap.
“Ça a été une bonne saison sur gazon, définitivement, a-t-il analysé après la défaite face à l’un de ses meilleurs amis sur le circuit. Il y a beaucoup de positif à tirer de ce tournoi.” Outre le cap franchi sur les plans mental et physique pour ouvrir son compteur de quarts de finale en Majeur grâce à sa première victoire en cinq sets, il a engrangé les points glanés pour le projet #FAAPointsForChange. De Stuttgart à Wimbledon en passant par Halle, il a gagné 1155 échanges. Soit 5775 $ de plus pour aider les enfants de la région de la Kara au Togo. Une somme que BNP Paribas complète en ajoutant 15 $ par point remporté, soit 17325 $ pour cette période gazon. Grâce à la main verte de Félix Auger-Aliassime, le programme Educhange poursuit sa belle croissance.
Plus d’informations sur
Les joueurs
Roger Federer
Alexander Zverev
Matteo Berrettini
#FAAPOINTSFORCHANGE
Felix Auger Aliassime
Ugo Humbert
Aslan Karatsev