Félix Auger-Aliassime : la volonté de progresser, comme joueur et être humain

25 nov. 2020 à 14:51:00 | par Mathieu Canac

Alors que la saison se termine sur “l’échec et maître” d’un Daniil Medvedev Supertsar, place aux bilans. À l’occasion d’une visioconférence de presse organisée ce lundi, Félix Auger-Aliassime a fait le sien. Calme, posé et souriant, le jeune Canadien a livré ses impressions sur son année 2020, sa progression, les nouveautés envisagées pour l’avenir, et les projets qui lui tiennent à cœur en dehors du court.

Il est de ceux qui voient le verre à moitié plein.

Et, même s’il était complètement vide, il continuerait probablement à voir le bon côté des choses. Du style : “Au moins, j’ai un verre. À moi de le remplir.” Malgré une année tennistique hachée par la COVID-19, Félix Auger-Aliassime a conscience de sa chance. Contrairement à beaucoup de gens, il peut exercer son travail. Sa passion.

“L’année a été difficile dans mon domaine, mais ça a été le cas pour tous les autres métiers, toutes les sphères de la société, explique-t-il, lucide. Je me sens privilégié d’avoir pu jouer. À un moment, il y avait beaucoup d’incertitudes (sur le fait de pouvoir rejouer en 2020). Le côté positif, c’est d’avoir pu retrouver la compétition.”

Au classement officiel, le Canadien de 20 ans boucle la saison là où il l’avait commencée : à la 21e place mondiale. Aucun joueur plus jeune ne fait mieux. Et, sans tenir compte de la règle du gel des points mise en place à la reprise du circuit, il serait 14e.

“J’ai joué trois nouvelles finales (en plus des trois de 2019), à Marseille, Rotterdam et Cologne, rappelle-t-il. J’ai aussi atteint les huitièmes de finale à l’US Open son meilleur résultat en Grand Chelem. C’est plutôt positif en ce qui concerne les résultats.”

Mais il le sait, il doit gagner en régularité.  Ne plus enchaîner deux bonnes semaines, puis trois défaites d’entrée comme ce fut le cas pour terminer 2020.
La constance dans la performance est l’un de ses objectifs d’amélioration. Malheureusement, en ces temps inédits, pas simple de la travailler.

“Cette année, c’était du jamais-vu, analyse-t-il. Ce n’était jamais arrivé de jouer l’US Open, puis de passer sur terre battue directement après. Il a fallu enchaîner beaucoup de tournois en très peu de temps, sans savoir s’ils allaient tous être maintenus. Pour les entraîneurs, les joueurs, c’était donc difficile d’établir une programmation permettant d’être performant chaque semaine.”

Sur le plan du jeu, il avance. Mois après mois, il progresse.

“Gagner un titre du Grand Chelem”

“Mon service est meilleur, constate-t-il. J’ai aussi progressé au filet. En tant que joueur offensif et puissant, c’est là où je veux amener mon jeu. Je veux devenir de plus en plus consistant à un haut niveau.”

Des progrès réussis grâce à l’entraînement… Et la pratique du double.

“Jouer régulièrement le double, ça faisait partie du plan dès janvier, détaille-t-il. C’est très formateur. Jouer deux matchs dans la même journée (un en simple, un en double), physiquement, c’est le top. Et disputer une ‘vraie’ rencontre, en compétition, c’est un peu la meilleure façon de s’entraîner. C’est bon pour mon jeu, ça me permet de travailler mon service, mon retour, ma volée (secteurs primordiaux du double) et la précision de mes coups.”

Felix Augier Aliassime

À Bercy, associé au Polonais Hubert Hurkacz, il va même jusqu’à soulever le trophée. En battant quatre duos comptant parmi les meilleurs de la planète.

“Je ne m’y attendais pas du tout, sourit-il. Ce n’était pas forcément l’intention première, mais une fois sur le court, nous sommes des compétiteurs, nous avons toujours envie de gagner.” Sérieux, bosseur, il est concentré sur un but : “devenir le meilleur joueur possible” et pouvoir, à terme, “gagner un titre du Grand Chelem.”

Pour y parvenir, il envisage sérieusement d’ajouter de l’expérience à son équipe. Notamment pour remplacer Guillaume Marx, qui le coachait en binôme avec Frédéric Fontang, dont il s’est récemment séparé.

“Ce n’était pas une décision facile, reconnaît-il. Après toutes ces belles années, il est devenu comme un membre de la famille. Mais il ne faut pas mélanger l’affectif et le professionnel. J’ai senti que notre collaboration avait atteint sa limite. Il est temps pour moi d’aller chercher de nouveaux conseils. Ce changement ouvre la porte pour faire appel à un mentor ou conseiller qui a l’expérience du très haut niveau. Quelqu’un ayant accompagné un vainqueur de Grand Chelem, ou qui en a lui-même gagné. Mais il n’y a pas d’urgence. On prend le temps de réfléchir à cette piste.” 

En attendant, le natif de Montréal continue à échanger avec plusieurs de ses aînés sur le circuit.

Progresser comme joueur, mais aussi en tant qu’homme

“J’ai passé deux semaines à Cologne (la ville allemande a organisé deux tournois consécutifs en octobre), avec Gilles (Simon) qui y était aussi, raconte-t-il. On a souvent discuté. Il ne me donne pas de conseils, ce sont plutôt des discussions sur sa vision de notre sport. Il me raconte des anecdotes du passé, comment il voit les joueurs de sa génération par rapport à la mienne. C’est quelqu’un avec qui j’apprécie discuter, parce qu’il adore le tennis et en a une énorme connaissance. J’aime aussi parler avec Andy Murray, Roger Federer - que j’ai pu côtoyer auparavant (il s’est notamment entraîné avec lui à Dubaï avant la saison 2018) - ou encore Milos Raonic. J’apprends de ces échanges.”

S’il est désormais à un stade de sa carrière où il “débute chaque tournoi dans l’optique de le gagner”, il ne limite pas sa progression aux courts. Il veut aussi grandir en tant qu’être humain.

“Le plus important pour moi, c’est l’évolution de mon jeu, mais aussi de ma personnalité, confie-t-il. Je pense avoir mûri cette année. J’ai notamment appris, avec les circonstances, qu’on ne peut pas tout contrôler. Il faut se concentrer sur ce qui dépend de soi.

Et le jeune homme a un projet qui lui tient à cœur : favoriser l’éducation et la protection des enfants du Togo natal de son père, pays qu’il découvre lors d’un voyage marquant à 13 ans. Grâce à l’opération #FAAPointsforChange, à chaque point gagné sur le court, il donne 5 $ pour le programme EduChange de l’ONG Care. BNP Paribas complète en ajoutant 15 $.

“Pendant l’arrêt du circuit, j’ai repris le nombre de points remportés en 2020 sur la même période, répond-il. Au final, on est à plus de 4 000 points (4 904).Le projet est en gestion de la crise sanitaire, mais malgré ça les avancées sont bonnes. Les activités concernant l’éducation, la formation de coachs, reprennent ce mois-ci. Depuis le début, j’ai l’intention, l’envie, le désir d’aller sur place pour voir l’avancement. Étant donné le contexte, c’est difficile d’arrêter une date précise, mais j’espère pouvoir le faire en 2021. C’est important pour moi.”

Parce que Félix Auger-Aliassime ne se contente pas de remplir le verre pour lui-même. Il veut aussi le faire pour les autres.

Felix Augier Aliassime

 


 

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