À 20 ans, on se sent
Encore une âme un peu fragile
Mais pas si docile
On apprend, poliment
À contrôler ses impatiences
Et sa belle insolence
Si Marlène Schiappa peut citer Ben, l’oncle de Peter Parker alias Spider-Man, ici, on fait encore plus fort : du Lorie. Depuis ses premiers pas en Challenger à 14 ans, Félix Auger-Aliassime est insolent de précocité. Au point d’être très vite attendu comme un futur super-héros du tennis. A 20 printemps, loin d’être docile pour la concurrence, le voilà déjà 18e mondial. Et ce malgré le “gel” du classement freinant un tantinet son ascension. Seul bémol, ses épaules n’ont pas encore été assez solides pour soulever un trophée sur le circuit principal. Après trois finales disputées en 2019 - Rio de Janeiro, Lyon, Stuttgart -, trois de plus en 2020 - Rotterdam, Marseille, Cologne 1 - et une en janvier dernier au Murray River Open, il doit encore prendre son mal en patience. “Déjà sept finales perdues ? Ça commence à faire un peu beaucoup”, vous ois-je penser très fort. Certes, projeter de façon brute, ce nombre peut effrayer. Mais une fois décortiqué, c’est moins le cas. Comme un Dr. Octopus auquel on aurait enlevé ses tentacules mécaniques.
Par quatre fois, Auger-Aliassime s’est incliné face à mieux classé que lui. À Rio, Rotterdam, Marseille et Cologne, il a été battu par Laslo Djere, Gaël Monfils, Stéfanos Tsitsipás, et Alexander Zverev. Ceux-ci étaient alors respectivement classés 90e, 9e, 6e et 7e, tandis que le Canadien pointait aux 104e, 21e, 18e et 22e rangs au moment de ces affrontements. Sur la terre battue lyonnaise, battue par Benoît Paire et sa farandole d’amorties, il n’a pas totalement pu défendre ses chances. Touché physiquement, il a joué une bonne partie du match sur une jambe et demie. Blessure l’ayant ensuite contraint à déclarer forfait pour Roland-Garros. À Stuttgart, sur gazon, il est tombé devant un Matteo Berrettini et son service de colosse en pleine éclosion. Quelques mois plus tard, l’Italien disputait le Masters. Rien d’infâmant, donc. En revanche, le dernier revers, à Melbourne, a sans doute été plus difficile à digérer. C’était face à Daniel Evans, 33e mondial au palmarès encore vierge à l’époque.
“Il n’y a aucune raison de s’inquiéter pour lui” - Stéfanos Tsitsipás
Dans l’ère Open, seuls trois hommes ont fait “pire” que “FAA” : Julien Benneteau, Pat Dupre et Cédric Pioline. Autre statistique pouvant être interprétée comme un signe “d’âme un peu fragile” au moment crucial : Félix Auger-Aliassime n’a jamais gagné la moindre manche en finale. Mais, habitué à voir le bon côté des choses, le jeune homme préfère utiliser ces potentielles sources d’inquiétude pour remplir son verre et le voir plus qu’à moitié plein. “Les gens en parlent de plus en plus (de ses défaites en finale, ndlr), mais au bout du compte c’est une bonne chose car ça veut dire que je joue des finales, a-t-il expliqué pour Fox Sports Mexico lors du tournoi d’Acapulco la semaine passée. Parfois, on essaie de rendre ces résultats négatifs, mais je pense qu’ils sont positifs. J'ai été capable, déjà (à seulement 20 ans, ndlr), de jouer autant de finales. Bien sûr, je suis le premier à vouloir les gagner, mais c’est comme ça. C’est mon histoire. On n’obtient pas toujours ce qu’on veut.”
Tombeur du Québécois en quarts de finale de l’ATP 500 mexicain, Stéfanos Tsitsipás ne se fait aucun mouron pour son benjamin. “Je serais surpris qu'il ne surmonte pas ses difficultés, a confié le Grec en conférence de presse après leur duel. Il lui faut juste encore un peu de temps. Ça demande de la patience. Parfois, vous devez échouer plusieurs fois avant d’obtenir ce que vous désirez. Je crois que c’est quelqu’un qui a une volonté très forte, comme moi, et ce genre de personnalité finit toujours par atteindre son but. C’est un gars bourré de qualités ; super technique… Il n’y a vraiment aucune raison de s’inquiéter pour lui.” Bien que vaincu - 7/5 4/6 6/3 en 2h06 - par l’actuel 5e joueur mondial, Félix Auger-Aliassime s’est montré à la hauteur. “Nous avons joué un match d’une très haute intensité, en proposant tous les deux un tennis incroyable”, a analysé le natif d’Athènes. De quoi aborder le premier Masters 1000 de la saison avec confiance.
Objectif top 10
Après l'Open d'Australie où il été battu par Aslan Karatsev - l'un des ogres de ce début de saison - en huitièmes de finales, le léger pépin phyisuqe contre Kei Nishikori à Rotterdam, puis Acapulco, place au tournoi de Miami pour "FAA". Amputé de 50 % de ses entrants directs - dont Rafael Nadal, Roger Federer et Novak Djokovic - l’évènement floridien a des atours d’aubaine pour les habituels outsiders pétris d’atouts. Tête de série numéro 11, Félix Auger-Aliassime doit affronter Pedro Sousa ou Pierre-Hugues Herbert, récent finaliste à Marseille, pour son entrée en lice. En cas de victoire, il pourrait ensuite retrouver John Isner, son tombeur en demi-finale de l’édition 2019. La meilleure performance du Canadien, à ce jour, dans cette catégorie d’épreuve. Un parcours similaire cette année lui permettrait de se rapprocher du top 10. L’un de ses objectifs principaux à moyen terme. “Évidemment, je veux améliorer mon classement, a-t-il expliqué, toujours pour Fox Sports Mexico. Mais ce sera une conséquence de mes résultats dans les tournois importants, et de la régularité que cela nécessite.”
Un bonheur personnel qui ferait aussi celui d’autrui. Plus il réussit, plus les enfants de la Kara, région du Togo, sont soutenus. Depuis début 2020, à chaque échange gagné sur le court, Félix Auger-Aliassime, dans le cadre de l’opération #FAAPointForChange, donne 5 $ pour aider à financer le programme EduChange mis en place par l’ONG Care. Associé au projet, BNP Paribas complète en ajoutant 15 $ par point. Au cours de ce premier trimestre 2021, l’argent récolté a notamment servi à des travaux de réhabilitation d’écoles, la mise en place de dispositifs de soutien scolaire au sein de celles-ci ou encore l’achat d’équipements sportifs. À 13 ans, profondément marqué par son voyage au sein du pays natal de son père, le Montréalais s’est senti animé de l’envie, le besoin d’aider les autres. À peine sorti de l’adolescence, il a déjà atteint cet objectif. Que ce soit sur ou en dehors des courts, à 20 ans, rien ne semble impossible pour Félix Auger-Aliassime.
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05-02-2024 / 11-02-2024
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19-05-2024 / 25-05-2024
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