Pas de Grand Chelem pour Rafael Nadal

Lorsque la nouvelle est tombée hier soir que Rafael Nadal allait donner une conférence de presse à 20 heures, soit 24 heures après son dernier match et avant son prochain, on se doutait que ce n’était pas bon signe, à moins d’être farouchement anti-Nadalien, dans quel cas la nouvelle ne pouvait être meilleure (ils se reconnaîtront). Puis, l’info est devenue vraie. 

J’étais déçu, évidemment, parce que j'ai compris qu'à ce moment-là que les rêves de Grand Chelem calendaire partent en fumée. Lui non plus ne parviendra pas à réaliser cet exploit surhumain qui n’a plus jamais été réussi depuis l’ère Open. Ben quoi ? Ce n’est pas vrai ? Aucun joueur depuis l’ère Open (ou avant d’ailleurs) n’est parvenu à remporter, dans une même année, les quatre tournois du Grand Chelem sur des surfaces différentes. Rod Laver l’a fait en 1962 et en 1969 (ère Open) mais à cette période, trois des quatre tournois se disputaient sur gazon. Aujourd’hui, ce n’est plus la même limonade. Elle est tellement différente que même les trois meilleurs joueurs de tous les temps n’y sont pas parvenus. 

Aucun joueur ne réalisera le Grand Chelem calendaire en 2022.

A trois reprises, Roger Federer a remporté trois tournois du Grand Chelem la même année, mais sans jamais gagner à Paris. Ce qui rendait l’exploit directement impossible pour le Suisse. En 2004, il s’était incliné face à Guga à Paris. Les deux années suivantes, c’est Rafael Nadal qui l’a empêché (certes en finale) de s’y imposer. Puis en 2010, alors qu'il avait gagné à Melbourne, il avait chuté en quarts de finale à Paris face à Robin Söderling (Rafa a vengé Rodge quelques jours plus tard en finale). En 2017 et 2018, toujours vainqueur à l'Open d'Australie, Federer n’'était même pas venu à Paris. Pffffff…

Novak Djokovic a réussi à faire le doublé Open d’Australie/Roland-Garros en 2016 et 2021. En 2021, il avait aussi soulevé le trophée à Wimbledon, ce qui le plaçait sur la voie royale pour réaliser l’irréalisable. Il s’était ensuite hissé jusqu’en finale à l'US Open, évitant de parler du sujet en conférence de presse (un peu comme le pied de Rafa), mais a fini par s’effondrer sous la terrible pression. Même pour lui, c’en était de trop.

Cette année, Rafael Nadal avait réussi, pour la première fois depuis 2001 (l’année où il passe professionnel) à s’accaparer les titres en Australie et à Paris. On se prenait à rêver que l’Espagnol, bien que boitant bas et sentant le poids des années sur ses différentes articulations, muscles, os etc…, pouvait créer la sensation et réussir, comme je l’ai dit plus haut, l’irréalisable. En plus, ç’aurait été un sacré pied de nez à Djokovic, si « son meilleur rival » était parvenu à réussir là où lui avait échoué, et seulement un an après. Mais il n'en sera rien. Une fois de plus, aucun joueur ne réalisera le Grand Chelem calendaire en 2022.

iI peut encore terminer l’année numéro 1 mondial.

Pour Nadal, ne pas pouvoir affronter Nick Kyrgios une dixième fois est sans aucun doute un crève-cœur. C’était aussi l’occasion pour lui de disputer une huitième demi-finale à Londres, et une trente-huitième en Grand Chelem. Mais ça ne sera pas pour cette fois. Tant qu’on est dans les chiffres, il s’agit seulement de son deuxième forfait en cours de tournoi en Grand Chelem. C’était déjà arrivé en 2016 à Paris, lorsque l’Espagnol avait dû se retirer, après sa victoire au 2e tour, en raison d’un poignet douloureux. 

Mais tout n’est pas perdu pour Rafael Nadal. Evidemment que remporter les quatre tournois du Grand Chelem au cours de la même année était devenu un objectif. Et même déclaré par Carlos Moya, à l’issue du 14e titre de son protégé à Roland-Garros : « Le Grand Chelem est un objectif réaliste ». Cependant, un autre objectif, non-évoqué (pour le moment), est sans doute de terminer l’année à la place de numéro 1 mondial. 

Avec un Wimbledon sans points, Novak Djokovic va, quoi qu’il arrive, glisser à la 7e place mondiale. Alexander Zverev, actuellement 2e, aura beaucoup de mal à défendre sa demi-finale de l’an dernier à New-York. Daniil Medvedev, actuel maillot jaune (Tour de France oblige) du peloton de tennis, va devoir travailler dur cet été, car il défendra ses titres à l’US Open et au Masters 1000 canadien, ainsi qu'une finale à Bercy et au Masters, et enfin une demi-finale à Cincinnati. Autant dire qu’il va falloir enfiler le bleu de travail s’il veut finir l’année en jaune. Rafael Nadal, lui, n’a aucun point à défendre. L’an dernier, il avait disputé deux petits matches après Roland-Garros, face à Jack Sock et Lloyd Harris à Washington. Puis, cela avait été rideau sur la fin de saison. Du coup, s’il se remet de sa blessure, il peut encore terminer l’année numéro 1 mondial. Il s’agirait de la sixième fois.

En attendant, Nick Kyrgios va disputer sa première finale de Grand Chelem, alors que le public londonien et les téléspectateurs du monde entier se sont fait voler d'une demi-finale, chose que je n’arriverai jamais à comprendre. Bref…

Mais comme dit Nick :