Cameron Norrie : de la 74e place mondiale en début de saison à une possible qualification pour le Masters

Alors qu’une pluie de surprises s’est abattue sur le BNP Paribas Open d'Indian Wells, Cameron Norrie en a été la plus grosse goutte. “Oui, c’est (son titre, ndlr) un surprenant, a-t-il confié en conférence de presse après la finale. C’était miraculeux de voir tous les meilleurs perdre. Quand j’ai regardé les noms des quatre demi-finalistes (Basilasvhili, Fritz, Dimitrov et lui-même), je me suis dit : ‘Hmm, j’ai une belle opportunité.’” Si Daniil Medvedev, Stéfanos Tsitsipás, Alexander Zverev ou encore Andrey Rublev - les quatre premières têtes de série - ont été découpées par d’autres “seconds couteaux” que lui, le Britannique a tout de même dû la jouer fine lame pour mettre à genoux plusieurs adversaires coriaces.

Classé 26e à l’entame du tournoi, il a notamment vaincu trois membres du Top 20, et anciens Top 10 : Roberto Bautista Agut, Diego Schwartzman, Grigor Dimitrov. En collant des roustes à ces deux derniers, respectivement écrabouillés 6/0 6/2 en quart de finale et 6/2 6/4 en demie. “J’ai eu des matchs compliqués au début, surtout contre Bautista Agut, ma rencontre la plus difficile, c’était très dur physiquement (6/4 5/7 6/3 en 2 h 45, au troisième tour), a-t-il expliqué. J’ai joué mon meilleur tennis contre Diego (Schwartzman) et Grigor (Dimitrov). Grâce à mes quatre années d’expérience sur le circuit, je suis resté très calme dans les moments importants tout au long du tournoi.”

“Ce n’est pas juste un gars capable d’avoir un bon jour, c’est un bon joueur” - Roger Federer

Passé, et formé, par le tennis universitaire américain, Norrie a décidé de tenter pleinement l’aventure sur le circuit professionnel en 2017, à 21 ans. L’enchaînement de victoires face à plusieurs des 20 meilleurs joueurs de la planète a témoigné des progrès effectués depuis ses débuts. Ceux entrevus dès 2019 avec une première finale ATP, à Auckland, avant qu’une saison 2020 hachée par la Covid-19 et l’arrêt des tournois pendant plusieurs mois viennent ralentir son ascension au classement. “J’ai vu de belles améliorations chez lui, a analysé Roger Federer à l’occasion de leur affrontement à Wimbledon cette année. Je me souviens quand il est arrivé sur le circuit, il était déjà très régulier du fond avec un revers très propre.”

“Son revers est très différent de la plupart des autres gars. Il le joue très à plat, presque sans aucun lift. Il a un peu tout amélioré dans son jeu : le service, son ‘fouetter’ en coup droit (la vitesse du poignet), a détaillé le Suisse. C’est un Cam Norrie différent, il a travaillé. Il a joué (et gagné) une tonne de matchs cette saison, il gagne en confiance. C’est une victoire référence pour moi actuellement. Je sais qui j’ai battu, vous voyez ce que je veux dire ? Ce n’est pas juste un gars capable d’avoir un bon jour. C’est un bon joueur.” Quelques semaines plus tôt, à Roland-Garros, c’était un autre monument qui édifiait un portrait élogieux du natif de Johannesbourg.

“Il met constamment de l’énergie, et il est intelligent” - Rafael Nadal

“Chaque semaine, il a de bons résultats, en battant de très bons joueurs, a rappelé Rafael Nadal avant de l’affronter sur l’ocre de la porte d’Auteuil. Son style de tennis est difficile à affronter. Il met sans cesse de l’énergie, et il est aussi intelligent.” Redoutable contreur aimant faire durer les échanges pour faire craquer ses adversaires physiquement, Norrie ne se résume pas à ces qualités. Capable de décocher des flèches avec son revers caractéristique, armé bras tendu, et de trouver des angles à faire cauchemarder un prof’ de maths grâce à son lift de coup droit imprimé par sa patte gauche, il s’est affirmé en joueur complet sachant s’adapter à toutes les surfaces.

En 2021, il a déjà disputé six finales, comme Novak Djokovic, et Daniil Medvedev en incluant l’ATP Cup. Personne n’a fait mieux sur le circuit principal. Parmi celles-ci, trois ont eu lieu sur dur (Los Cabos, San Diego, Indian Wells), deux sur terre battue (Estoril, Lyon) et une sur gazon (Queen’s). Sacré à Los Cabos (ATP 250) et Indian Wells (Masters 1000), le gaillard de 26 ans s’est aussi appuyé sur une attitude irréprochable, positive, et une gestion des émotions remarquable. “Il a été très fort mentalement, a constaté Nikoloz Basilashvili après la finale d’Indian Wells, qu'il a perdue malgré un set et un break d’avance. Il est revenu dans le deuxième set, et je me suis retrouvé sans solution pour le battre. Il a mérité sa victoire.”

Norrie, ce candidat sérieux au Masters

Après son entrée dans le Top 100 fin mai 2018, Norrie a fait une percée jusqu’à la 41e place en mai 2019 avant de redescendre quelque peu. 74e du classement ATP en début de saison, Norrie est désormais 15e. “Je pense que ma progression a été assez régulière, a-t-il estimé après son sacre en Californie. J’ai un peu stagné entre les 60e et 80e places, puis j’ai réussi à faire un bond. C’est parce que j’ai travaillé extrêmement dur, je crois, en faisant des petites améliorations dans mon jeu chaque année. Et j’ai beaucoup de gens géniaux dans mon équipe, qui ont tous le même but que moi, la même volonté de gagner et sont des passionnés de tennis.”

10e à la Race à 160 points du 9e, Hubert Hurkacz, sachant que Rafael Nadal, occupant la 8e et dernière place qualificative,  a mis un terme à sa saison en raison de sa blessure au pied gauche, Norrie s’est placé en candidat sérieux au Masters. “Avant Indian Wells, je pensais déjà aux ATP Finals, a-t-il révélé. J’ai bien progressé, et dans un sens ce n’est pas tellement une surprise d’être dans cette situation, parce que j’ai été Top 15 à la Race quasiment toute l’année. Je vais jouer à Vienne, Bercy et Stockholm, en espérant que ça tourne en ma faveur pour le Masters.” Même s’il n’y parvenait pas, Cameron Norrie aurait largement réussi sa saison. Par rapport à tout ce qu’il a déjà accompli, un éventuel échec ne serait qu’une simple goutte d’eau dans l’océan.