L’US Open 2024 est terminé. Bravo à Aryna Sabalenka et Jannik Sinner pour leurs victoires respectives. Néanmoins, il faut être honnête, ce dernier Grand Chelem de la saison ne restera pas gravé comme étant un tournoi exceptionnel. Beaucoup de têtes d’affiches sont sorties prématurément, ce qui a donné des confrontations qui n'étaient pas des plus « sexy » et provoqué fatalement une perte de saveur. La motivation pour faire une quasi nuit blanche, par exemple pour un De Minaur - Draper, n’était pas vraiment au top.
Il n’empêche que, comme dans chaque tournoi du Grand Chelem, il y a des enseignements à tirer et celui de cette édition est clair. Avec deux demi-finalistes dans chacun des tableaux de simple masculin et féminin, ainsi qu’un représentant de la bannière étoilée dans les deux finales, la grosse info est évidente : le tennis américain est en pleine forme !
Le plus récent étant Andy Roddick en 2003 et, avant lui, Pete Sampras en 2002 et Andre Agassi en 1999. Depuis, rien.
La mutation avait démarré l’an dernier avec la victoire en simple dames de Coco Gauff. Cela étant, le tennis féminin américain a toujours été présent à l’US Open. Depuis 1998, il y a eu 11 titres remportés par des représentantes des Etats-Unis. Certes, Serena en a six à elle toute seule, mais Venus Williams, Lindsay Davenport, Sloane Stephens et donc Coco Gauff sont les quatre autres à s’être imposées. Du côté des hommes, en revanche, ils ne sont que trois sur la même période à avoir brandi le trophée, le plus récent étant Andy Roddick en 2003 et, avant lui, Pete Sampras en 2002 et Andre Agassi en 1999. Depuis, rien.
Il est vrai que, traditionnellement, l’US Open est le Grand Chelem où les « locaux » réussissent le mieux. Ceci s’explique par le fait qu’ils sont nombreux, mais aussi sans doute parce que les Américains se prennent moins la tête lorsqu’il s’agit d’évoluer à domicile. Si l’on compare avec les trois autres majeurs, on s’aperçoit rapidement qu’il n’y a pas photo.
A Melbourne, avant le sacre d'Ashleigh Barty en 2022, la dernière victoire australienne hommes/femmes confondus remontait à 1978 et le titre remporté par Chris O’Neil dans le simple dames. A Roland-Garros, c’est Mary Pierce, en 2000, la dernière en date à s’être imposée à la maison. Et à Wimbledon, heureusement qu’Andy Murray, vainqueur en 2013 et 2016, était là, car avant lui, il fallait remonter à Fred Perry en 1936 et, chez les femmes, à Virginia Wade en 1977.
Le fait que des Américains réussissent à performer à l'US Open n’est donc pas nouveau. Mais de là à truster 50% des places en demi-finales est quelque peu différent. Comme je vous le disais, si c'est moins le cas chez les femmes, avoir deux Américains en demie en simple messieurs est en revanche exceptionnel. Et je suis persuadé qu’il ne s’agit pas d’une coïncidence. Tiafoe et Fritz ne sont, certes, pas de la même année, mais ils n’ont qu’un an d’écart. Fritz est de la génération 1997, tandis que Tiafoe est né en 1998. Lorsque ces deux-là faisaient leurs classes chez les juniors, avec également Tommy Paul, Reilly Opelka ou encore Chris Eubanks, le président de l’USTA était David Haggerty et sa vice-présidente Katrina Adams. Celle-ci a ensuite présidé la Fédération américaine (où il y a des élections tous les deux ans) de 2015 à 2018.
La réussite du tennis américain est aussi la sienne.
S’il faut donc créditer quelqu’un pour les bons résultats d’aujourd’hui, c’est bien elle, vu qu'elle était à la manette lorsque cette belle génération était en train de se créer. Avant de devenir dirigeante dans le tennis, Adams a eu une longue carrière de joueuse professionnelle de 1986 à 1999. Elle n’a jamais été une grande championne, mais elle compte quand même à son actif un huitième de finale à Wimbledon en 1988, perdu face à Chris Evert.
En tant que présidente, Adams n’avait pas de champions ou de championnes, à l'exception de Serena. Elle savait très bien qu’il fallait encourager les jeunes à jouer au tennis et être proactif pour cela. « Je ne suis pas du genre à attendre que ça se passe, expliquait-elle. Il faut aller mettre des raquettes dans les mains des enfants. » Vous l’aurez compris, cette femme engagée avait pour but de faire changer les choses.
La réussite du tennis américain est aussi la sienne. Au-delà des quatre représentants en demi-finales à New York, les Américains ont actuellement neuf joueurs dans le Top 100 du classement ATP, ainsi que quinze joueuses parmi les cent meilleures du monde.
La présence de quatre Américain(e)s en demi-finales d’un Grand Chelem n’est, selon moi, que le début de la domination à venir de cette nation dans le tennis. Je ne serais pas du tout surpris de les voir récolter de plus en plus de titres sur les circuits féminin et masculin. On en reparle à l’US Open 2025 !
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Les joueurs
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