Deux américaines (Serena Williams et Madison Keys) "et demie" (avec Naomi Osaka qui a passé plus de temps aux Etats-Unis qu'ailleurs) vont disputer les demi-finales de l'US Open. L'année dernière, il n'y en avait pas deux mais quatre en demi-finales chez les filles. Du côté des hommes, c'est moins bon ces derniers temps. Mais sur le long terme il semble juste de dire que l'US Open est le Grand Chelem qui réussit le plus à ses citoyens.
Il suffit de regarder les chiffres, sachant que je ne compte qu'à partir de l'ère Open. A Melbourne, on compte 6 victoires australiennes chez les hommes et 10 chez les femmes, les derniers étant Mark Edmondson en 1976 et Chris O'Neil en 1978. A Roland-Garros, ils sont 2 Français inscrits au palmarès : Yannick Noah en 1983 et Mary Pierce en 2000. Et à Wimbledon, ils sont 3 Britanniques à avoir gagné : Ann Haydon-Jones en 1969, Virginia Wade en 1977 et Andy Murray en 2013 et 2016.
44 titres hommes et femmes confondus depuis l'ère Open !
A l'US, chez les femmes, on retrouve 25 victoires américaines, la dernière en date étant Sloane Stephens l'an dernier et 19 pour les hommes - que se partagent 7 joueurs - avec le dernier qui date un peu : Andy Roddick en 2003. La domination est flagrante ! 44 titres hommes et femmes confondus depuis l'ère Open contre 16 (Open d'Australie), 2 (Roland-Garros) et 4 (Wimbledon).
Evidemment la question naturelle qui en découle est : pourquoi ?
On pourrait l'expliquer par le fait que le tennis américain a connu de très grands champions qui dominaient leur sport de la tête au pied. Ces joueurs remportaient tout. Parmi les 14 titres du Grand Chelem de Pete Sampras, il y en a eu 7 à Wimbledon, 5 à l'US Open, 2 en Australie et 0 à Roland-Garros. Pour Agassi, c'était 2 sur 8 à New-York. McEnroe, 4 sur 7 à la "casa". Quant à Jimmy Connors, il a remporté 5 titres à l'US Open sur 8 Grand Chelems au total.
Parmi les joueurs susnommés, il y a évidemment de l'exceptionnel. Mais excepté Pete Sampras, aucun d'entre eux ne feraient honte à des Hewitt, Tsonga, Monfils, Henman, Leconte, Forget, Rafter et autres. Et pourtant, ces champions-là n'ont, eux, jamais réussi à toucher le graal sur leurs terres.
Les Américains se prennent moins la tête
Chez les femmes, la domination est encore plus flagrante. A part la petite traversée du désert entre la victoire de Navratilova en 1987 et celle de Davenport en 1998, il n'y a jamais eu plus de 5 ans entre deux victoires des représentantes de la bannière étoilée.
L'explication, la vraie, est tout simplement que les Américains, de manière générale, se prennent moins la tête. C'est un peuple pragmatique. Regardez les ramasseurs de balles à l'US Open. S'ils peuvent éviter de faire rouler une balle entre six mains différentes en l'envoyant d'un bout du court à l'autre ils le feront sans hésiter. Certes c'est moins artisitique, mais très efficace. Alors quand il s'agit de jouer devant 25 000 spectateurs acquis à leur cause, cela ne leur pose pas plus de problème que ça. Pour soutenir ma théorie, il suffit d'étudier les résultats de l'équipe américaine de Coupe Davis par BNP Paribas lorsqu'elle évolue en finale à domicile. La dernière défaite sur le territoire américain en finale remonte à 1973 face à l'Australie. Depuis, ils ont disputé 6 finales à domicile pour autant de victoires.
L'US Open est donc clairement le Grand Chelem qui réussit le plus à ses natifs. Même s'il serait maintenant de bon ton de sortir rapidement un vainqueur chez les hommes, car 15 ans, ça commence à faire long...