C’était il y a seulement une semaine, mais ça parait déjà très loin. Le moment où Carlos Alcaraz est tombé à la renverse sur la terre battue du court Philippe-Chatrier. Il venait de s’imposer face à Alexander Zverev au terme d’un match, où, tour à tour, l’un jouait bien, puis l’autre. Malgré un score flatteur, cette rencontre n’a jamais atteint ce moment de folie attendu par tous. Dommage, mais pas grave, car la victoire finale d’Alcaraz a suffi à faire chavirer les presque quinze mille spectateurs qui souhaitaient le voir triompher.
A la suite de ce nouveau titre qui, au passage, fait de lui, à 21 ans, le plus jeune joueur ayant remporté un titre du Grand Chelem sur chaque surface devant Rafael Nadal (22 ans), Carlitos s’est octroyé une semaine de repos. Il est allé à Ibiza. Il a pris du bon temps. Il a fait la fête, il a dansé et il a chanté. Alors, par rapport à ça, disons juste qu’il aura toujours plus de réussite sur un court de tennis que sur la scène de The Voice. Je vous laisse juger.
Mais comme vous le savez tous, et Carlitos mieux que personne, le tennis n’attend pas. Le tennis ne s’arrête pas. Jamais. Alors que lui et Zverev se disputaient le droit de soulever la Coupe des Mousquetaires, Pierre-Hugues Herbert et Richard Gasquet se livraient déjà une rude bataille, à l’occasion des qualifications du tournoi de Stuttgart sur gazon.
« Charly » va devoir, au moins, atteindre la finale.
Pour Alcaraz, désormais numéro deux mondial devant Novak Djokovic et derrière Jannik Sinner, la rentrée sur gazon se fait à Londres, au tournoi du Queen’s pour être précis.
En 2023, il avait la même programmation. Après sa défaite à Paris, en demi-finale face à Novak Djokovic, l’Espagnol avait attaqué le gazon au tournoi des reines dont il fut couronné roi. C’est ainsi comme tenant du titre qu’il débarque à Londres, où il a donc 500 points à défendre. Bien évidemment que cette défense de titre n’est pas cruciale, mais attention tout de même, car « Nole » n’est qu’à 220 points. De manière à ne pas glisser à la troisième place, « Charly » va devoir, au moins, atteindre la finale.
C’est après le Queen’s que les choses sérieuses vont débuter. En effet, le 500 londonien n’est pas le seul tournoi sur gazon où Alcaraz va arriver avec la pression du tenant. Ce sera évidemment le cas à Wimbledon, où il s’était imposé en 2023 au terme d’une finale, celle-ci, à couper le souffle, face à Novak Djokovic.
Certes, défendre 500 points, c’est quelque chose, mais 2000, c’en est une autre. Il s’agira là seulement de la deuxième fois de sa courte et jeune carrière que Carlos Alcaraz se retrouvera dans cette situation. Il y a fort à croire que cela va se reproduire très souvent, mais pour le moment il n’y a qu'à l’US Open 2023 où il avait remis son titre en jeu. Résultat : il y avait atteint les demi-finales. Sur la route de celles-ci, il n’avait perdu qu’un petit set, au 3e tour face à Dan Evans. A priori, cela ne l’avait donc pas plus perturbé que ça.
Entre vous et moi, je ne vois pas bien qui pourrait venir embêter le vrai faux Freddie Mercury. Les plus grandes menaces sembleraient être Novak Djokovic et Jannik Sinner.
En étant numéro deux, il ne peut croiser Sinner qu’en finale.
Concernant Novak, il existe à ce jour un grand point d’interrogation quant à sa participation au Grand Chelem londonien. On sait que la blessure qui l’a forcé à déclarer forfait en quart de finale à Roland-Garros évolue mieux que prévu et qu’il est possible que, finalement et contrairement à ce qui avait été annoncé, il soit en mesure de concourir dans le tournoi qu’il a remporté sept fois. A en croire ces images, il semblerait qu’il soit en forme…
Sauf catastrophe, Jannik Sinner sera bel et bien présent à Wimbledon où il aura l’occasion de revêtir son dossard de numéro 1 mondial fraîchement floqué. Il ne jouera pas avec ce nouveau statut pour la toute première fois, car il est en lice cette semaine à Halle, tournoi où il avait abandonné l’an dernier en quart de finale en raison d’une cuisse douloureuse.
Ça ne l’avait pas empêché, dans la foulée, de se hisser en demi-finale de Wimbledon, où il s'était incliné en trois sets sur « Djoko ». Mais on sait qu’il est très à l’aise sur gazon et qu’il sera, sans doute, la plus grande menace pour Alcaraz. C’est pourquoi le fait d’être classé deux ou trois changera tout pour Carlitos. En étant numéro deux, il ne peut croiser Sinner qu’en finale. En revanche, s’il est troisième mondial, alors les deux hommes pourraient se livrer bataille en demi-finale, ce qui, à mon humble avis, serait vraiment dommage. En effet, depuis que les deux sont au sommet de leur art, ils nous ont offert des moments incroyables. Le quart de finale de l’US Open 2022 vient à l’esprit tout de suite, tout comme la demi-finale du BNP PARIBAS Open, en mars dernier à Indian Wells.
Je rêve de voir un feu d’artifice de points aussi incroyables que spectaculaires le 14 juillet prochain. En espérant secrètement que les « Bleus » seront, ce jour-là, aussi sur un (autre) toit, celui de l’Europe.