Carlos Alcaraz est de nouveau le numéro 1 mondial. L’Espagnol, qui s’est imposé hier au Queen’s, en dominant Alex de Minaur 6-4 6-4, est repassé devant Novak Djokovic, pour prolonger le chassé-croisé auquel s’adonnent les deux joueurs. Un coup c’est toi le numéro 1 mondial, un coup c’est moi. Certes, cette distinction n’est qu’honorifique et ne change pas vraiment la donne, si ce n’est qu’il sera tête de série 1 au Grand Chelem londonien et non pas numéro 2.
La pression de sa fin de match d’hier provenait plus du fait qu’au moment où il servait pour le match, Alcaraz n’avait encore jamais été couronné sur gazon. C’est désormais chose faite. D’ailleurs, Il affiche des stats « mbappiennes » avec un titre sur gazon à l'occasion de ce qui était seulement son 3e tournoi sur cette surface. Sampras en avait eu besoin de 4, Nadal 8, Borg 9, Djokovic 12 et Federer 13 !
Son ratio de victoires/défaites sur gazon est de 9/2. Au même âge, le Big 3 faisait 11/8 pour Federer, 5/4 pour Nadal et 5/4 pour Djokovic. Incroyable.
Carlos Alcaraz a été submergé de crampes l’obligeant à rendre les armes face à Novak.
Et pourtant, le gars n’est pas encore parfait, même si, il faut l’avouer, il n’est pas loin de l’être. Au moment de servir pour le titre, face à Alex De Minaur, alors qu’il menait 6-4 5-4, Carlos Alcaraz a, de nouveau, laissé apparaître une petite faiblesse mentale que je me suis permis d’appeler « faille ». A 0-0, il a lâché un coup droit décroisé au troisième coup de raquette, qui a rebondi directement dans le couloir. Il a là clairement manqué de patience. Le point d’après, il était sur le point de tenter une énième amortie (qui aurait sans doute été gagnante), puis a changé d’avis, transformant son coup en chip qui a terminé son envol un bon mètre derrière la ligne de fond. En moins d’une minute, il s’est retrouvé à 0-30. Derrière, il a très bien servi pour sécuriser la victoire, mais il ne s’est pas facilité la tâche.
Ce n'est pas la première fois qu’on le voit submergé par ses nerfs, ce qui le force à faire des mauvais choix, voire à l’empêcher de jouer. Pas plus loin qu’il y a 17 jours exactement, alors qu’il venait d’égaliser à un set partout face à Novak Djokovic en demi-finale de Roland-Garros, en produisant au passage le coup du tournoi, il a été submergé de crampes l’obligeant à rendre les armes face à Novak.
Il a certes terminé le match, mais s’il avait abandonné, c’était la même chose. Il s’agissait de crampes dues au mental. Ce n’est pas moi qui le dis mais « Charly » (son deuxième surnom) himself : « J’ai commencé très nerveusement cette rencontre. J’étais beaucoup trop nerveux. Il y avait une énorme tension dans ce match. Dans le premier set, le deuxième… Tout était intense. Il y a eu des rallyes, des sprints, beaucoup de choses. Mais j’explique ces crampes par la tension générale dans les deux premiers sets. »
Souvenez-vous de son match en huitièmes de finale face à Hugo Gaston en 2021 au Rolex Paris Masters.
Auparavant, on l’avait déjà vu flancher alors que tout semblait en ordre. Souvenez-vous de son match en huitièmes de finale face à Hugo Gaston en 2021 au Rolex Paris Masters. L’Espagnol menait 5-0 dans la seconde manche et a réussi l’exploit de perdre sept jeux d’affilés. Alors oui, il avait deux ans de moins et 15 000 spectateurs contre lui, mais sept jeux de rang, ça fait beaucoup.
Si l’on regarde ses résultats en Grands Chelems, on s’aperçoit qu’il a disputé, à ce jour, neuf tableaux finaux pour autant de matches en cinq sets. Pour certains de ces matches, il aurait sans doute pu s’épargner quelques sets lâchés en route, ce qui lui aurait, au final, facilité la tâche, voire lui aurait permis d’aller plus loin/au bout.
Ce qui est totalement fou, c'est que le jeune homme de 20 ans (à peine) est, malgré cela, déjà le meilleur. Néanmoins, il faut vite évacuer ce souci car, si ça persiste, il va se passer deux choses. Premièrement, la presse va commencer à en parler, ça va finir par lui rentrer dans le crâne et ça, c’est tout sauf bon. La seconde chose, c'est que tous ses adversaires vont le savoir et, surtout, trembleront moins face à lui dans les moments chauds.
Dans ce monde aussi autocentré que compétitif qu’est le tennis, on ne peut se permettre d’avoir une faille. Le risque étant que les loups affamés qui constituent la concurrence s’y engouffrent avec bonheur.
Alors, comme vous dites « Charly » : Cuidado !
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