Novak Djokovic aurait-il accepté son destin ?

6 nov. 2023 à 13:42:25 | par Eli Weinstein

Novak Djokovic a soulevé pour la septième fois le trophée du Rolex Paris Masters, en dominant Grigor Dimitrov 6-4 6-3, en 1h38. Avec un public souvent contre lui, le Serbe s’est nourri des sifflets. Aurait-il, enfin, accepté son destin ? En tout cas, ce qui ne le tue pas, le rend…

C’est une image à laquelle les « afficionados » du Rolex Paris Masters sont maintenant bien habitués : celle de Novak Djokovic qui brandit l’Arbre de Fanti à Bercy. C’est tout simplement la septième fois que le Serbe s’empare du trophée au terme du dernier Masters 1000 de l’année. Ce record, un de plus, est époustouflant, d’autant plus quand on sait qu’il est supérieur à la somme de victoires des deux suivants sur la liste des joueurs les plus titrés à Bercy : Boris Becker (trois titres) et Marat Safin (trois titres).

Avec ce « septuplé », Novak Djokovic amène son total de titres dans la catégorie reine du circuit ATP à QUARANTE Masters 1000 !!! Là aussi, c’est tout simplement exceptionnel. Il n’y avait absolument rien que Grigor Dimitrov puisse faire pour empêcher le numéro 1 mondial de poursuivre sa route vers le « hall of fame » des GOAT. Tiens, en voilà une bonne idée. Pourquoi ne pas créer un hall of fame pour les GOAT tous sports confondus. Novak Djokovic y serait en compagnie de Michael Jordan, Kobe Bryant, Tiger Woods, Max Verstappen, Leo Messi, Roger Federer, Rafael Nadal, Michael Phelps, Usain Bolt, Mohamed Ali et tant d’autres. Avouez que ça serait stylé. Pour celui ou celle qui veut s’approprier mon idée, trop tard, c'est écrit noir sur blanc et publié…`

On a vu et surtout entendu Novak Djokovic être copieusement sifflé

Néanmoins, ce Rolex Paris Masters n’a été en aucun cas une promenade de santé pour Novak, et encore moins une semaine métro/boulot/dodo. Bien au contraire. Novak Djokovic n’a pas eu la tâche facile. D'abord de par ses adversaires sur le court, qui lui ont donné du fil à retordre, comme Andrey Rublev, Holger Rune, Tallon Griekspoor qui ont poussé celui qui va enfin mettre en veille le nom de Margaret Court dans les conversations sur les champions des champions. Mais clairement, l’adversaire le plus coriace croisé par le Serbe lors de cette semaine victorieuse est ce public parisien qui aime les outsiders et a du mal avec ceux qui dominent.

A plusieurs reprises, on a vu et surtout entendu Novak Djokovic être copieusement sifflé par une grande partie des spectateurs de l’Accor Arena. Mais contrairement à d’autres cas similaires dans sa carrière, où le Serbe pouvait se fâcher tout rouge lorsqu’il était sifflé, il n’a pas réagi de la même manière. Plutôt que de montrer de la colère, il a cette fois-ci pris exemple sur la stratégie qu’utilise régulièrement Daniil Medvedev, surtout à l’US Open, lorsqu’il se nourrit des sifflets et de l’animosité à son égard pour décupler sa motivation et alimenter son réservoir d’énergie.

Plusieurs fois tout au long de la semaine, on a pu voir Novak Djokovic sourire sur le court, faisant avec ses mains le geste comme s’il disait aux spectateurs « Continuez, j’en veux encore ». Cette attitude face aux broncas, sifflets et autres applaudissements de doubles fautes, est celle de celui qui a décidé d’arrêter de lutter face à cette réaction qu’il génère chez les fans. On l’a dit, redit et reredit - mais je le dis encore -, Novak Djokovic est le mal aimé du circuit. Il n’a pas et ne bénéficiera jamais de la cote d’amour dont ont pu profiter Rafael Nadal et surtout Roger Federer. Et pourtant, il donnait l’impression que c’est ce qu’il souhaitait le plus, allant parfois jusqu'à surjouer le rôle du « sympa » pour être aimé. Mais c’était en vain. Si on se transposait dans une cour de récré, qu’un foot avec une balle de tennis se montait sous le préau et qu’il fallait tirer les équipes, Roger et Rafa seraient capitaines... et Novak serait choisi en dernier.

Son destin était d’être Voldemort plutôt qu’Harry Potter

Je le dis depuis suffisamment longtemps : si Novak Djokovic avait accepté ce rôle du « méchant » et évité de dépenser son énergie à vouloir être le gentil, alors il aurait atteint bien plus tôt, et peut-être même dépassé, les 24 titres en Grand Chelem. Il est certain qu’aux alentours de 25 ans, on accepte beaucoup moins les sifflets qu’à presque 40. Le joueur, l’homme, est aujourd’hui au sommet de son tennis, mais aussi de sa maturité. Il donne l’air d’avoir compris que son destin était d’être Voldemort plutôt qu’Harry Potter.

Si j’étais à la place des autres joueurs avec lesquels Novak se retrouve dans les fins de tableaux, j’aurais très peur. Car si son attitude sur le court était un choix réfléchi, alors il est fort possible qu’à 36 ans, Novak Djokovic ait réussi à trouver un axe de progression colossal qui pourrait en faire, pourquoi pas, le GGOAT : Greatest Goat of all time !

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