Novak Djokovic doit accepter son destin

19 févr. 2021 à 10:03:37 | par Eli Weinstein

Dimanche prochain, Novak Djokovic disputera la finale de l'Open d'Australie. Le Serbe aura l'occasion de se rapprocher de Rafael Nadal et Roger Federer (20) en atteignant son 18e titre du Grand Chelem, alors qu'il devrait sans doute déjà être devant.

 

A l'heure où j'écris ces lignes, la demi-finale entre Stefanos Tsitsipas et Daniil Medvedev n'est pas encore décidée. Ce n'est pas grave car je souhaiterais vous parler de Novak Djokovic qui, lui, est déjà qualifié pour la finale. Il en a déjà disputé 8 à Melbourne pour autant de titres. Autant dire qu'il est ultra favori. Par contre, il n'est certainement pas ultra préféré. Que son adversaire en finale soit Tsitsipas ou Medvedev (ou qui que ce soit d'ailleurs), Novak Djokovic ne sera jamais le chouchou.

C'est un constat. Bien qu'il soit l'égal de Rafael Nadal et Roger Federer en termes de carrière (il finira peut-être même devant eux à la course aux Grands Chelems), il est à des années-lumière en termes de cote d'amour. C'est le dilemme de sa carrière. Il aimerait tellement bénéficier de cet amour inconditionnel auquel ont droit ses meilleurs ennemis.

Jouer le rôle du « bad guy  »

Du coup, Novak se prend la tête. Comment faire pour être, lui aussi, un gendre idéal ? Dommage pour lui, ça ne se travaille pas. Il peut être aussi «  nice guy  » qu'il veut, il finira toujours par tout gâcher, par exemple en envoyant malencontreusement une balle dans la glotte d'une juge de ligne. Ce geste, aussi involontaire qu'il soit, n'aurait jamais pu être réalisé par Rafa ou Roger.

Ce déchirement intérieur, Novak le vit clairement comme une torture. D'un côté, il essaie, pendant le confinement, de lever des fonds pour aider les joueurs les moins bien classés et, de l'autre, il organise l'été dernier une tournée d'exhibition où tout le monde se refile le Covid. Je suis persuadé que son côté Dr. Jekyll et Mr. Hyde le dessert. Le temps serait peut-être venu d'assumer. Accepter le fait qu'il va jouer le rôle du «  bad guy  ». De toute façon, ceux qui ne l'apprécient pas, et dieu sait qu'ils sont nombreux, ne changeront pas d'avis. Et ceux qui sont des Djokofans le resteront coûte que coûte.

Prenez l'exemple de Nick Kyrgios. Il sait qu'il en exaspère plus d'un, et pourtant, il n'essaie pas d'être celui qu'il n'est pas. Son personnage nonchalant, limite irrespectueux, showman et pétri de talent est bien sa personnalité. Du coup, il ne cherche pas à cacher certains traits ce celle-ci sous le lit, sous prétexte qu'il risque d'offusquer une mamie par-ci ou un jeune homme par-là. Avec Nick, c'est «  take it or leave it  ».

Ca jouait en sa faveur «  de ouf  » !

Novak Djokovic devrait faire la même chose. Je suis persuadé que s'il parvenait à trouver la paix intérieure, il pourrait consacrer toute son énergie à devenir le meilleur joueur de tous les temps et cesser de se laisser embêter par des pensées parasites du genre « Que vont-ils penser de moi ? », ou bien « Tu crois qu'ils m'aiment ?  », ou pire encore « Pourquoi ne m'aiment-ils pas autant que les deux autres  ?  ».

La situation est loin d'être simple pour lui. On sent que le garçon souffre. C'est, j'en suis persuadé, la raison pour laquelle il est, aujourd'hui encore, à trois longueurs de Nadal et Federer. C'est pourtant celui des trois ayant le potentiel de terminer sa carrière avec le plus de titres en Grand Chelem.

Ivan Lendl, en son temps, avait accepté le rôle du méchant. Il n'essayait pas d'être sympa. Il était juste froid, limite méchant, mais surtout intimidant. Et ça jouait en sa faveur «  de ouf  » ! Novak Djokovic devrait en prendre de la graine. Je parie mon anti-vibrateur que s'il arrêtait ses simagrées, il pourrait dépasser ses deux rivaux et, pourquoi pas, atteindre le 25  !

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