Retour en forme d’Ugo Humbert et de la Coupe Davis

6 févr. 2023 à 13:36:37 | par Eli Weinstein

La France est allée s’imposer en Hongrie, non sans mal, pour se qualifier pour la deuxième phase de la Coupe Davis qui aura lieu mi-septembre. Les Bleus étaient menés 2-1 avant de réaliser une mini remontada. Cette (vraie) victoire fait du bien, à la fois sur le fond, la forme et le format.

Lorsque Nicolas Mahut et Arthur Rinderknech, pourtant favoris, se sont inclinés face à la paire hongroise Marozsan-Valkusz, les visages français étaient bien ternes en rentrant aux vestiaires. L’équipe de France - du capitaine en passant par les joueurs, les membres du staff et même le cameraman - était inquiète. Et comment leur en vouloir ? Ils étaient désormais menés 2-1 et le numéro 1 hongrois s’apprêtait à faire son entrée sur le court, après  un premier match complètement loupé de sa part la veille. L'heure était donc au rachat pour le (très) costaud Marton Fucsovics. Ou Fusskovitch comme certains préfèrent l’appeler.

Mais avant d’en arriver là, permettez-moi de réaliser un court voyage dans le temps et de remonter au lundi d’avant la rencontre. Le 30 janvier précisément. C’est le jour où cette rencontre a sans doute basculé et où la France s’est imposée avant même d’avoir foulé le court de Tatabanya, à 45 minutes à l’ouest de Budapest. En effet, il s’agit du jour où le capitaine Sébastien Grosjean a décidé de renforcer son équipe en y ajoutant un élément qui s’avérera déterminant, en la personne d’Ugo Humbert, AKA « le commandant ». Dans la vidéo ci-dessous, le Messin explique le pourquoi du comment de son nouveau surnom.

Il s’agissait donc de la première sélection en équipe de France de Coupe Davis pour Ugo Humbert. Rappelons que le Français était dans le dur jusqu’en juillet dernier. C’est à ce moment-là qu’il a entamé une association avec Jérémy Chardy qui, blessé, a alors accepté de filer un coup de main à l’un des joueurs français les plus prometteurs. N’oublions pas qu’en 2021, il était classé 25e mondial, et qu’à ce moment-là de sa carrière, il avait déjà remporté trois titres (Auckland et Anvers en 2020 et Halle en 2021). Il avait aussi à son tableau de chasse des noms tels que Daniil Medvedev, Stefanos Tsitsipas, Casper Ruud (plusieurs fois), Alexander Zverev, Félix Auger-Aliassime… Bref, Ugo, c’était « the real deal ». Et pourtant, en juillet 2022, il pointait bien à la 157e place mondiale. Depuis, il est revenu doucement, jusqu’à décrocher cette sélection, tombée comme une validation du travail accompli.

Un public acquis à sa cause et légèrement hostile à nos bleus. Mais rien de bien méchant, la Coupe Davis quoi !

Et pour une première, on peut dire qu’il a plutôt bien réussi son entrée en matière face au numéro 1 hongrois, Marton Fucsovics, qu'il a dominé 6-3 6-2 en 1h13. Comme toute la semaine à l’entraînement, Humbert a produit un tennis d’une grande solidité, sans être apparemment touché par une Coupedavissite aiguë, comme ont pu l’être de nombreux joueurs lorsqu’ils effectuaient leurs débuts dans cette compétition vraiment à part. 

Revenons maintenant à la France qui est donc menée 2-1 par une Hongrie pas du tout favorite sur le papier, mais qui joue crânement sa chance, chez elle, avec un public acquis à sa cause et légèrement hostile à nos bleus. Mais rien de bien méchant, la Coupe Davis quoi ! Je me permets de faire une petite parenthèse pour souligner à quel point cette rencontre était agréable à suivre, pas seulement pour son intrigue, mais parce qu’elle s’est jouée devant un public subjectif. C’est sans doute aussi la raison pour laquelle la révolte a eu lieu au sein des Bleus. Il se passait quelque chose dans cette salle : des chants, des encouragements, des cris, de la gêne... Bref, la Coupe Davis. La vraie. Et ça fait un bien fou.

Benjamin Bonzi, qui avait connu un vendredi un peu compliqué, a été remplacé par Adrian Mannarino pour tenter de ramener la France à niveau. Durant la première manche, le Français a dû lutter, physiquement et mentalement, pour rester au contact du « Hulk » hongrois avant de s’imposer au tie-break. Avoir concédé ce jeu décisif a semblé être la goutte de trop pour Fucsovics. Dans la seconde manche, « Manna » menait rapidement 4-0 sans avoir perdu le moindre point. Quatre jeux blancs consécutifs. Quelques minutes plus tard, la rencontre était à deux points partout.

Le moment était donc venu pour le rookie, ou le leader, on ne sait plus trop tant son arrivée dans l’équipe a fait du bien tennistiquement et moralement. Humbert, qui devait affronter le tombeur de Bonzi, à savoir Piros, s’est finalement retrouvé face à Marozsan, son partenaire ayant dû déclarer forfait en raison d’ampoules au pied.

Il était « possédé », comme l’a si bien dit Mannarino.

Qu’à cela ne tienne, le fils du charcutier (la famille Humbert tenait une des charcuteries les plus réputées de Metz) fera de la chair à saucisse du 161e mondial, comme il l’aurait sans doute fait avec qui que ce soit durant le week-end. Il était « possédé », comme l’a si bien dit Mannarino à la fin de son simple face à Fucsovics (à la  minute 2:52 ci-dessous).

 Cette fois, il n’a fallu qu’1h05 à Humbert pour envoyer la France en phase finale intermédiaire, qui aura lieu en septembre et qui, j'espère, sera bel et bien l'avant-dernière phase finale de Coupe Davis avant de revenir à un « home/away » que tout le monde réclame (sauf certains Espagnols de très mauvaise foi). En attendant, il coulera de l’eau sous les ponts, de l’encre sur les feuilles et des larmes sur les visages, mais la double bonne nouvelle est le retour en grande forme d’Ugo Humbert, ainsi que celui de la Coupe Davis.

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