Pointant à la 56e place mondiale, Ugo Humbert avait bénéficié l'an dernier d'une wild card pour le Masters 1000 de Paris. Mais ça, c'était avant. Pour la petite histoire, il n'avait fait qu'un petit tour, face à Grigor Dimitrov et puis s'en était allé. Certes en 3 sets, mais s'en était allé quand même. 365 jours plus tard, Humbert a pris 20 places au classement (24 exactement) et n'a plus besoin d'une invitation de la part de la direction du tournoi.
On se met presque à rêver
365 jours plus tard, Ugo a changé de statut. Il n'arrive donc plus en invité à Bercy, mais en joueur à surveiller de près, limite à abattre. Après sa performance la semaine dernière à Anvers avec 4 balles de match sauvées en demi-finale face à Daniel Evans et un match maîtrisé de bout en bout face au pénible Alex de Minaur en finale, le gaucher de 22 ans a clairement franchi un cap.
Ce qui est troublant chez Humbert, quand on le regarde jouer, est cette sensation de voir évoluer un joueur complètement complet (répétition voulue pour insister sur la "complétude" du garçon). Avec son service, coup droit, revers, jeu tourné vers l'avant et sa patte gauche (le plus produit), on se met presque à rêver.
Vous trouvez que je m'enflamme ? Alors déjà, je fais ce que j'veux (ou presque), et ensuite moi, je n'ai pas l'impression de partir tant en sucette que ça. Humbert, c'est the « real deal ». On ne bat pas Daniil Medvedev, comme il l'a fait à Hambourg, sans avoir de la graine de champion. Et avec la manière en plus ! Souvenez-vous :
UGO and get your first top-10 win, Mr Humbert! ?@HumbertUgo records the biggest win of his career, knocking out #1 seed Medvedev in Hamburg with a 6-4 6-3 victory!
pic.twitter.com/XluXO2opp0
— Tennis TV (@TennisTV) September 22, 2020
Le premier point de cette vidéo en dit long. On ne gagne pas ce genre de point sans être un bosseur. Car ne vous y trompez pas, les joueurs qui réussissent sont ceux qui bossent. Tout le monde a du talent. Le 500e joueur mondial est pétri de talent, mais cela ne suffit pas. Loin de là. Le secret du succès, c'est le boulot. Et tous ceux qui connaissent Ugo Humbert, de près ou de moins près, vous confirmeront que c'est un grand bosseur.
Etre musicien est une caractéristique des joueurs de l'est
Son éthique du travail, Ugo l'a sans doute intégrée en observant son papa bosser. Eric Humbert, boucher de formation, était (c'est Léa, la grande sœur d'Ugo qui a repris la gérance) le patron d'une très réputée "boucherie-charcuterie-traiteur", située dans le centre historique de Metz. Oui, celle-ci embauche aujourd'hui une trentaine de salariés. Mais tout cela a commencé d'abord avec un morceau de viande et un couteau. Quand on parle de la « force du poignet », on ne peut pas être plus dans le vrai.
En plus de son esprit bosseur, Ugo est un garçon simple qui ne se prend pas la tête. Il est bien élevé. Il parle bien. Il est posé. Accessoirement, il joue merveilleusement bien du piano. Il faut croire qu'être musicien est une caractéristique des joueurs de l'est. En effet, l'Alsacien Pierre-Hugues Herbert est loin d'être maladroit à la guitare (à la fin de la vidéo ci-dessous).
Ugo Humbert est visiblement également fan de Ferrer, Nino, pas David. Ok, je sors...
Tout ça pour dire qu'il va falloir suivre Ugo Humbert à Bercy. Je ne serais pas surpris de le voir jouer le vendredi des quarts de finale sur le court central de l'AHA. Et s'ils trouvent un peu de temps, Pierre-Hugues et Ugo peuvent venir me trouver, je leur fournirai les instruments pour qu'ils nous interprètent un duo inédit.
Les gars ? Ça vous tente ?
