« C'est un sacré joueur. On n'a pas assez souligné ce qu'il a réussi l'an passé. Et il va encore progresser. Je n'ai pas l'habitude de trouver mes adversaires trop forts lorsque je les affronte, mais lui, il est vraiment bon. Il est gaucher, il a un bon service, il peut toucher toutes les zones, servir extérieur sur les égalités, le T sur les avantages. Il a un revers incroyable, un bon coup droit, une bonne volée, c'est également un bon compétiteur et il est encore jeune. C'est vraiment un gars à suivre, il sera très fort. » Ce n'est pas moi qui le dis mais tout simplement Nick Kyrgios, à l'issue d'un match totalement dingue joué entre les deux hommes à l'Open d'Australie et durant lequel Kyrgios avait sauvé des balles de match.
Il n'y a aucun doute, Ugo Humbert a pris une nouvelle dimension. On peut même dire que son « break through season* » a eu lieu en 2020. Il a en effet achevé l'année passée avec son meilleur classement à ce jour : 30e mondial. On se souviendra notamment d'une victoire mémorable face à Daniil Medvedev à Hambourg, ou encore de celle face à Stefanos Tsitsipas à Bercy, au terme d'une bataille de plus de 3h et 3 tie-breaks.
Il a encore sauvé des balles de match
2020 a été aussi l'année de ses premiers titres : une victoire en début d'année à Auckland (premier Français à inscrire son nom au palmarès du tournoi depuis 1956), faisant de lui le plus jeune Français (21 ans) à remporter un tournoi ATP depuis Richard Gasquet à Mumbai en 2007, puis une deuxième à Anvers, où, sur son chemin vers le titre, il avait sauvé 4 balles de match face à Daniel Evans.
La constante est qu'Ugo montre une capacité mentale hors du commun. A Montpellier, à l'occasion de son 2e tour remporté 6-7 7-6 7-6 face au Néerlandais Tallon Griekspoor, il a encore sauvé des balles de match (3). C'est l'une des qualités primordiales pour franchir des paliers et se mettre à table avec « les grands ». Evidemment qu'il faut du talent et des capacités tennistiques intrinsèques.
Mais ça, ils sont nombreux à l'avoir. Par contre, la force mentale pour ne jamais lâcher, revenir après avoir perdu un set, se battre sur plusieurs balles de match et toujours y croire tant que ce n'est pas terminé, ça, c'est franchement plus rare.
Donc après l'année du « break through », il y a logiquement l'année de la confirmation. Fin 2020, plus précisément à l'occasion du tournoi d'Anvers - qu'il a donc gagné -, Ugo Humbert a intégré la All In Academy. Il s'y entraîne avec, notamment, un certain Jo-Wilfried Tsonga, ainsi qu'un autre nouveau de la bande à Thierry Ascione, Lucas Pouille. Je suis persuadé que cette émulation lui permet, encore plus, de s'épanouir et d'exploiter au mieux ses capacités qui, on le sait, sont nombreuses.
Le garçon ne se prend pas la tête
En 2021, Ugo (qui avec sa nouvelle tendance capillaire ressemble de plus en plus à sa maman) va devoir défendre des points. Mais ce ne sera pas non plus monstrueux : il a entre 700 et 800 points à défendre, suffit donc d'un bon résultat en 1000 et en 500 et l'affaire est pliée. On voit bien que le garçon ne se prend pas la tête. Il ne se prend pas non plus pour un autre. Il a des valeurs très saines. Je ne l'imagine pas choper la grosse tête, perdre sa lucidité, ne pas être honnête avec lui-même (et donc avec nous) en conférence de presse s'il passe à côté d'un match.
C'est pourquoi je vais me mouiller (une fois de plus) et je vous annonce, en avant-première, qu'Ugo Humbert terminera 2021 à la place de numéro 1… français. Il va y avoir du boulot car Gaël Monfils n'a pas grand-chose à défendre, mais peu importe, In Ugo I believe !
* sa percée