Dans le souci de bien clôturer la saison 2022, je veux poursuivre dans l’exercice des récompenses de fin d’année pour mettre à l’honneur ceux qui le méritent comme il se doit. Après avoir décerné des oscars décalés, je voudrais maintenant me rapprocher du court pour évoquer ces matchs disputés en 2022 qui font qu’on aime et qu’on a envie de regarder le tennis. Je ne fais pas de classement. Je vous laisse le soin de le faire si l’envie vous en prend. Mon ordre sera tout bêtement chronologique.
Rafael Nadal / Daniil Medvedev - Finale de l'Open d'Australie 2022 : L'incroyable remontada !
Vous m’avez vu venir... En début d’année, le match qui a pris toute la place de l’actu tennis et qui continue à le faire 12 mois plus tard n’est autre que l’incroyable Nadal-Medvedev en finale de l’Open d’Australie. Il y avait tout dans ce match. Une affiche alléchante dont on avait eu un sacré avant-goût en finale de l’US Open 2019. Après un tel duel d'ailleurs, on ne voyait pas très bien comment ces deux-là allaient pouvoir égaler pareille performance. Et bien, ils n’ont pas juste égalé, mais ont bel et bien sublimé leur rivalité.
iI existe une expression en manacorien
Daniil était passé de challenger à favori, vu que Rafa avait posté une photo de lui avec des béquilles quelques mois plus tôt. Et c’est celui qui « devait » gagner qui fit un début de match tambour battant. La percussion était tellement rythmée que le Russe menait 2 sets à rien face à un Rafa qui semblait se diriger vers une défaite inéluctable. Mais, mais, il existe une expression en manacorien qui dit la chose suivante (en vo) : « Rafa Nadal es Rafa Nadal ! ». La volonté de gagner, associée au refus de la défaite, ont permis à l’Espagnol de réaliser l'une des plus belles remontadas de l’histoire du tennis et de décrocher au passage son 21e titre du Grand Chelem en étant seul détenteur de ce record.
Gael Monfils / Carlos Alcaraz - Huitième de finale du BNP Paribas Open (Indian Wells) 2022 : Un bras de fer de super-héros !
Le deuxième match qui m’a marqué en 2022 s’est joué au BNP Paribas Open, dans le « paradis du tennis », à Indian Wells. En fait, ce n’est pas le match entier qui était si énorme que ça. En revanche, le premier set était un pur régal entre Gaël Monfils et Carlos Alcaraz, dans un huitième de finale qui se disputait sur le délicieux « Stadium 2 », surplombé des terrasses vitrées des restaurants adjacents à un virage du court.
Grâce à mes fonctions de « détective privé » et en accord avec l’organisation du tournoi, j’avais ce jour-là été accompagné à l’entrée des artistes qui se fait par le hangar technique, situé derrière le court à l’extrémité est du complexe. Les joueurs sont déposés à tour de rôle à l’aide de 4x4 plus gros et foncés les uns que les autres. Pour la petite histoire, moi, j’étais en voiturette de golf…
Un bras de fer de super héros.
Cet avant-match fait qu’on apprécie encore plus la suite, surtout lorsque celle-ci est aussi riche en émotions. Tant Carlitos que Gaël étaient au top niveau dès le premier échange. Un bras de fer de super héros, en mode Avengers après une préparation foncière concoctée par Hulk, s’est immédiatement installé derrière les deux lignes de fond. Des échanges hallucinants tant ils étaient puissants, précis et surtout longs.
Je me souviens être assis à côté d’un ami journaliste de l’Equipe. On se regardait à la fin de chaque point, aussi incrédules l'un que l'autre, devant la qualité du spectacle qui nous était offert. On a vite compris que Carlos Alcaraz allait faire des choses énormes en 2022 s’il parvenait à jouer de la sorte tout au long de l’année. Soit dit en passant, il ne s’en est pas trop mal sorti. Après 10, 12, 15 frappes de fond de court, toutes plus puissantes les unes que les autres, le futur numéro 1 mondial laissait Gaël Monfils sur ses talons grâce à une amortie assassine. Dans le 2e set, c’en était un peu trop pour le Français, qui avait quand même sorti la veille le numéro 1 mondial de l'époque, en la personne de Daniil Medvedev. Mais quel kif, je peux vous l'assurer, d’assister un truc pareil.
Gilles Simon / Pablo Carreno Busta - 1er tour Roland-Garros 2022 : Jusqu'au bout de la nuit !
Le match suivant qui m’a donné une envie d’encore a été l’opposition « late night », sur le court Simonne-Mathieu, entre l’Espagnol Pablo Carreno Busta et le Français Gilles Simon, qui disputait potentiellement le dernier match de sa carrière à Roland-Garros. Il s’agissait de son 17e « Roland », son 38e match à Paris, et donc son possible dernier, disputé tard dans la nuit du mardi 24 mai au mercredi 25. Le Français jouait avec la menace de savoir que s’il perdait, c’en serait fini des glissades sur les courts de la Porte d’Auteuil, devant des supporters venus des quatre coins de la France et du monde entier pour assister au spectacle.
Un public en fusion totale sur chaque point du Français.
A la surprise générale, celui qui fonce sans ABS vers la quarantaine, menait deux sets à rien face au 18e mondial de l'époque. Rappelons qu’avant ça, en 2022, Gilles Simon n’avait remporté qu’un seul petit match « tableau » dans un tournoi de catégorie 250 ou plus, face à un Lucas Pouille (155e ce jour-là), pas tout à fait au meilleur de sa forme à Montpellier. Et pourtant, Gillou menait deux sets à rien ! Puis, rattrapé par un mélange de trac/fatigue/émotion/bel âge, il a laissé le mieux classé des deux joueurs égaliser à deux sets partout. Mieux, l'Espagnol mènera ensuite 4-2 grâce à un break obtenu en tout début de 5e set. Carreno Busta ne le savait pas encore, mais il ne gagnerait plus un jeu et prendrait un 4-0 de la part de Gilles Simon, pour s'incliner au terme d’une bataille de 3h57 avec, tout du long, un public en fusion totale sur chaque point du Français.
Simon disputera son dernier match à Roland quatre jours plus tard - après encore un autre match gagné face à Steve Johnson -, face à son pote Marin Cilic.
La suite vendredi…
Plus d’informations sur
Les joueurs
Rafael Nadal
Daniil Medvedev
Gael Monfils
Pablo Carreno Busta
Gilles Simon
Carlos Alcaraz