Goffin-Nadal : le double « come back »

6 mai 2022 à 12:36:00 | par eli weinstein

Rafael Nadal a fini par battre David Goffin en huitième de finale du Masters 1000 de Madrid, au terme d’un match fou qui s’est terminé avec des balles de match dans tous les sens. Au-delà du résultat, les deux joueurs ont affiché une super forme.

Quel match ! Quatre balles de match pour Goffin, trois pour Nadal, et après 3h09, c’est l’Espagnol qui est sorti vainqueur de cet affrontement. Il a certes tremblé, mais n’a pas cédé. Rafa a montré une solidité mentale hors pair en toute fin de match, sauvant deux balles de match consécutives avec deux amorties délicieusement touchées. Mais l’histoire de ce match va plus loin. Rafael Nadal, comme tout le monde le sait, revient de blessure et a entamé une course contre la montre pour arriver à Paris à son meilleur niveau. De l’autre côté, David Goffin ressemble de plus en plus au joueur qui marchait sur le tennis mondial en 2017. Il s’agit bien de deux « comebacks », même si l’histoire n’est pas tout à fait la même.

Les coups de malchance, David Goffin les a enchaînés : la bâche à Roland-Garros, la balle dans l’oeil à Rotterdam, le genou, et j’en passe. Le Belge, dont la naissance tennistique a eu lieu à Roland-Garros en 2012 - lorsqu’il était parvenu à chiper un set à Roger Federer en huitième de finale, sur le court Suzanne-Lenglen, alors qu’il avait un statut de « lucky loser » - a passé quelques années de galère, mais commence à voir le bout du tunnel. En 2019, il terminait la saison avec 36 victoires et 27 défaites. Le cumul des victoires/défaites des deux saisons suivantes (2020 et 2021) a été de 26 victoires et autant de défaites (12v-11d en 2020, 14v-15d en 2021). 

Et puis, la terre battue est arrivée

Après sa défaite d’hier, David Goffin a déjà à son actif 13 victoires pour 11 défaites cette année. Mais l’amélioration est récente. Depuis son troisième tour à Sydney en tout début d’année, « Dav » n’avait plus gagné deux matches de suite, avant de se hisser en quart de finale du Challenger de Phoenix, niché entre les deux Masters 1000 américains (BNP Paribas Open et Miami). Et depuis le début de la saison sur « terre », le Liégeois montre de très bonnes choses. Il a attaqué par un titre (son sixième) à Marrakech, avec des victoires face à des « terriens » de métier (Andujar, Carballes Baena, Coria). A Monte-Carlo, il a profité de sa wild card pour se hisser en huitième, s’inclinant sur le futur finaliste, Davidovich-Fokina. Puis à Madrid, il vient donc de remporter quatre matches (deux en qualifications) avant de, presque, battre Rafael Nadal. 

Voici le résumé qu'il fait de la situation :

« J'ai vraiment traversé des moments très difficiles, beaucoup de choses me sont passées par la tête, surtout après mon forfait contre Murray à Sydney, suite à une nouvelle gêne au genou. Je me suis demandé si je serais encore le même joueur qu'avant. Et puis, la terre battue est arrivée. C'est toujours une période de l'année très importante pour moi et je voulais être prêt. À Marrakech, j'ai remporté une première bataille, puis une deuxième et ma confiance a grandi. A Madrid, c'était la première fois que je devais disputer les qualifications depuis dix ans, je crois. Là, je me sens en forme et j'ai gagné des matches. Je suis impatient de voir ce que la suite me réserve. »

Clairement, David Goffin est en confiance et ça fait plaisir à voir et à entendre. On peut le dire, Goffin is back.

Rafael Nadal est aussi « back ». Pour le coup, pas du tout la même histoire. Arrivé sur la pointe des pieds en Australie, avec un gros point d’interrogation sur son état de forme, l’homme aux 21 titres en Grand Chelem (j’adore préciser ce détail !) a enchaîné 20 victoires d’affilée, empochant au passage, et dans l’ordre, le 250 de Melbourne, l’Open d’Australie, le 500 d’Acapulco, avant de s’incliner en finale du Masters 1000 d'Indian Wells. Puis, patatras. Une fracture de fatigue à la côte, et voilà Nadal contraint, non seulement au repos forcé, mais aussi de faire une croix sur Monte-Carlo (11 titres) et Barcelone (12 titres).

Sauver des balles de match me donne de la confiance

C’est donc à Madrid que le toujours favori pour s’imposer à Roland-Garros a effectué son retour à la compétition. Dispensé de premier tour, tête de série n°3 oblige, le fan du Real Madrid a commencé par croiser le fer avec le Serbe qui monte en puissance, Miomir Kecmanovic. Et là, la magie opère. Nadal produit du tennis de haut vol. On a l’impression qu’il a, comme souvent lorsqu’il dispute son premier match dans la capitale espagnole, déjà dix matches et deux titres sur terre battue « en el bolsillo » (traduction : in ze pocket). Sauf que pas du tout. Il s’agissait de son premier match de l’année sur terre. Ça s’est d’ailleurs un peu vu quand même (ouf, le gars est humain), lorsqu’au moment de servir pour la rencontre, quelques papillons dans le ventre ont retardé l’issue du match, qui s’est finalement terminé au tie-break et non pas à 6-4 comme Rafa l’aurait sans doute préféré.

Hier contre Goffin, bis repetita. L’homme aux 21 titres en Grand Chelem (je sais, j’en abuse, mais j’en profite tant qu’il reste seul recordman) commence très fort. Puis lorsqu’il voit la ligne d’arrivée, la machine s’enraie « un poco ». Comme face à Kecmanovic, il sert pour le match à 5-4, mais ne parvient pas à finaliser. En revanche, et a contrario de la veille, il finit par concéder le deuxième set. Au troisième, la lutte est de haut vol. Dans le tie-break final, Nadal se détache 4-1 mais n’arrive toujours pas à capitaliser sur son avance. Goffin revient, mais cette fois, le Belge finit par s’incliner. 

Voici ce qu’avait à dire Nadal après le match :

« Honnêtement, ça a été un match très dur. David a joué à un niveau très élevé. Et en même temps, je ne suis pas totalement heureux, parce que je pense que j'aurais dû gagner en deux sets, sans aucun doute. C'est une victoire et 3h10 passées sur le court qui m'aident à m'améliorer physiquement. Sauver des balles de match me donne de la confiance pour continuer dans cette voie. J'ai besoin de matches et de jours comme celui-ci pour retrouver la grande forme au plus tôt. ».

Reste pour lui à corriger la gestion de fin de match et ladite grande forme ne sera plus loin du tout. 
A 15 jours de Roland-Garros, ça ne pouvait pas mieux tomber.

 

 

 

 

 

Avantages

Découvrez les avantages WE ARE TENNIS

En savoir plus