5 août 2021. C’est la date à laquelle remonte la dernière défaite enregistrée par Rafael Nadal en compétition officielle. C’est classe. Ça ne reflète pas vraiment la réalité, mais c’est classe. C’est quoi la réalité ? Très simple : cette date est en effet la dernière défaite de l'Espagnol, face à Lloyd Harris, en huitième de finale à Washington. Mais c’est aussi la date à laquelle Rafa s’est arrêté de jouer en raison de sa blessure au pied. Il n’a repris que lors du tournoi ATP 250 de Melbourne, qui précédait l’Open d’Australie. C’est la raison pour laquelle dire qu’il n’a plus perdu depuis août 2021 embellit un peu la vérité.
En revanche, dire qu’en 2022 Rafael Nadal n’a toujours pas perdu le moindre match n'est rien de moins qu'un constat objectif. En remportant les trois tournois auxquels il a participé depuis le début de l’année, l’Espagnol réussit tout simplement son meilleur début de carrière depuis qu’il est joueur de tennis professionnel. 15 victoires pour 0 défaite, ce sont les stats en cours en 2022 pour l’homme aux 13 Roland-Garros.
Mais comment est-il possible, qu’à 35 ans, il parvienne à faire le meilleur début de saison de toute sa carrière ? Plusieurs raisons à cela.
En premier lieu : il est en forme !
Si l’on observe le tableau de chasse de Nadal en 2022, on s’aperçoit qu’en 15 matches, dont 7 en Grand Chelem et donc en trois sets gagnants, il n’a perdu que 6 manches. Pour être plus clair, depuis le début de la saison, il a remporté 37 sets pour n’en perdre que 6. Si on lit entre les lignes, on comprend qu’en 2022, Rafael Nadal sert très bien. Evidemment que pour perdre un set, il faut se faire breaker. Donc si tu ne perds pas beaucoup de sets, c’est que tu ne te fais pas souvent breaker. Et si tu ne te fais pas souvent breaker, c’est que tu sers bien. « Tchy à compris le coup ? », comme ils disent à l’Open 13… Le service n’a jamais été l’arme fatale de Rafael Nadal. Heureusement pour les autres d’ailleurs. Car s’il possédait par exemple le service de Federer, il serait sans doute loin devant ses deux rivaux au nombre de titres en Grand Chelem. La semaine dernière, l’Espagnol n’a pas non plus enchaîné les aces, mais il sert intelligemment, de manière à mettre tout de suite l’adversaire en (grand) danger, dès son deuxième coup de raquette qui est souvent gagnant. Notamment avec son slice aux avantages, il sort le joueur du court pour ensuite l'achever avec un revers croisé en prise de balle un peu précoce.
Deuxièmement : toujours aussi « refuse to lose » !
Bien évidemment qu’améliorer son service ne suffit pas, surtout si on n'enchaîne pas les aces, ce qui le cas de Rafa. Bien qu’il ne se soit pas fait breaker énormément cette année, c’est un schéma auquel il est bien sûr encore confronté. Sa force, et celle-là est bien supérieure à son service, est sa capacité à réagir et à répondre. Le refus de la défaite est chez Rafael Nadal un sentiment ultra développé qui a grandement contribué à sa réussite. Lorsqu’il se fait breaker, la première chose à laquelle il pense n’est pas la déception d’avoir perdu son service, mais l'envie par-dessus tout de refaire son retard dans la foulée.
Troisièmement : l’absence de Novak Djokovic a fait du bien.
Lorsque le tirage au sort du tableau final de l’Open d’Australie a été effectué, Novak Djokovic était encore sur le sol australien. Il attendait de savoir s’il allait, oui ou non, pouvoir participer au « Happy » slam. A ce moment-là, les deux hommes, qui comptabilisaient (alors) 40 Grands Chelems à eux deux, étaient dans la même partie de tableau et pouvaient potentiellement s’affronter en demi-finale. En lieu et place du Serbe, Nadal a joué contre Matteo Berrettini, qui est très clairement « team Rafa » et contre qui il était invaincu (seule confrontation avant ça, demi-finale de l’US Open 2019 : 7-6 6-4 6-1). Malgré tout le respect que j’ai pour Berrettini, le fait d'affronter Djokovic n'aurait pas du tout été psychologiquement le même défi pour Rafa que face à l’Italien. Certes, Novak Djokovic n’a jamais été prévu sur le 250 de Melbourne ou à Acapulco, mais pour réaliser un début d’année parfait, il fallait s’imposer à l’Open d’Australie. Et si « Nole » avait été dans le tableau, pas certain que le « happy slam » se serait terminé en « happy end » pour Rafael Nadal.
Prochain tournoi pour l’Espagnol : le BNP Paribas Open à Indian Wells. Djokovic, à priori, n’y sera pas. A l’issue du premier Masters 1000 de la saison, l’Espagnol sera-t-il à 21 victoires ?
Let’s wait and see !