Pour l’instant, le bilan des Français en simple n’est pas glorieux à l'US Open 2021. Des 12 hommes et 5 femmes sur la ligne de départ lundi dernier, il n’en reste plus qu’un : Gaël Monfils.
Les rageux, comme d’habitude, diront que « les Français sont nuls et qu’ils devraient s’inspirer de Federer et Nadal car eux, au moins, savent ce qu’il faut faire pour gagner ! ». Voilà, voilà.
Je ne vais pas chercher d’excuses à celles et ceux qui ont rendu les armes dès le 1er tour, mais il y a en général des raisons pour expliquer les défaites au tennis. Et bien souvent, c’est un brin plus subtil que « J’vais te dire pourquoi ils perdent, parce que c’est des losers ! Allez, remets une Suze Jean-Mi ! ».
Ugo devait être encore plus déçu que nous
Prenons le cas de Richard Gasquet, qui est arrivé à New-York avec de la confiance et un tennis bien en place. Et pourtant, il prend 3 petits sets et puis s’en va. Mais contre qui ? Daniil Medvedev. Potentiellement le meilleur joueur du monde actuellement, même s’il n’est que n°2 mondial.
Jérémy Chardy n'a pas réussi à gagner la moindre manche, mais là aussi, comme Gasquet, le Palois affrontait Matteo Berrettini ! Et pour la petite histoire, l’Italien a bénéficié d’un (gros) facteur cha—e dans le tie-break. Benoît Paire, lui, est arrivé carbo à New-York et n’a pu reproduire le niveau de jeu affiché par exemple à Cincinnati.
La seule vraie déception/contre-performance est signée Ugo Humbert, qui s’est incliné en 5 sets face au talentueux Peter Gojowczyk. Ugo devait être encore plus déçu que nous, car il sait qu’il doit mieux faire, surtout en Grand Chelem, qui plus est sur une surface rapide qu’il affectionne.
Pour les autres, pas de honte. Au contraire. Arthur Rinderknech s'est défait au 1er tour de Miomir Kecmanovic après une baston en 5 sets de 4h20. Du coup, le franco/texan (universitairement parlant) était à court de gaz au match suivant face au nouveau « crack » Carlos Alcaraz. Il lui a tout de même pris un set.
Parmi les survivants du 1er tour, il y avait donc aussi Gaël Monfils. Le Parisien a infligé une correction à l’Argentin Federico Coria. Puis au 2e tour, c’est face à l’expérimenté Steve Johnson que Gaël a une fois de plus été le patron du court. Certes, il a lâché un set, mais rien de bien grave. Car lorsqu’il a fallu accélérer au 4e pour faire la différence, puis conserver le break d’avance, « la Monf » était bien là.
Le « public adoré » peut disparaître aussi vite qu’il est revenu
Au prochain tour, les choses vont se compliquer pour le Français, qui va affronter Jannik Sinner, le « wunderkind » comme il pourrait être appelé dans son Italie du Nord, où l’allemand est bien plus employé que l’italien. Ça tombe bien, Gaël est prêt pour relever le défi. Il joue avec un bras qui semble désormais totalement relâché. Il parvient à être plus agressif du fond du court. C’est le chantier dans lequel était son jeu depuis le début de l’année. C’est ce que Günter Bresnik souhaite. Il voudrait que Gaël tente des « winners » sur chaque coup.
Ce type de reformatage prend du temps. En l’occurrence, 8 bons mois. Ce que je trouve intéressant, c'est que Monfils expliquait hier dans une interview que les résultats arrivent avec la présence du public. Alors bien sûr, l’énergie des spectateurs est un élément non négligeable, surtout lorsque que vous êtes un showman comme « la Monf ». Mais là aussi, je pense que l’analyse manque de subtilité. Il joue bien parce qu’il travaille depuis le début de l’année, sans changer de cap, et ça finit par payer.
C’est une erreur de parler de public car demain, le « public adoré » peut disparaître aussi vite qu’il est revenu. Et alors là, il se passe quoi ? Il n’arrive plus à gagner un match à nouveau ? Je n’crois pas, non. Impossible. Le monde a changé, il est essentiel de changer avec. Il faut arrêter de se réfugier derrière de telles excuses et surtout, il faut se méfier de ce type de phrases, car on n’a malheureusement pas la moindre idée de ce que nous réserve l’avenir.
L’avenir proche, si. C’est Gaël Monfils qui dispute son 3e tour, dans un de ses Grands Chelems préférés, face à un joueur surdoué.
Alors merci Gaël pour ce bon moment que je vais passer dans mon canapé, à te regarder faire lever les foules.
Dernière preuve que les jambes et la tête vont bien :
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