La sortie de Federer n’est pas simple

9 juil. 2021 à 14:35:50 | par Eli Weinstein

La sortie de Federer n’est pas simple
A un mois de la quarantaine (l’âge, pas la mesure sanitaire !), Roger Federer a peut-être/sans doute disputé son dernier match à Wimbledon. Récemment, il a été sélectionné par le comité olympique suisse pour aller à Tokyo. Il est aussi attendu à l’US Open fin août. Mais comment va-t-il gérer sa sortie ?

Sincèrement, j’espère que tous les « Team Federer » ne vont pas être choqués du fait que je parle de la sortie du Suisse. Je l’ai déjà fait par le passé, mais là, ça semble brûlant. Dans un souci de clarté absolue, je tiens donc à préciser qu’en aucun cas je ne suis en train de pousser un des GOAT vers la sortie. Mais comme c’est imminent, il me semble amplement justifié d’en parler.

La carrière de Roger Federer ne peut pas s’achever en quittant le Centre Court après s'être pris une bulle par Hubert Hurkacz, sans un mot, ni un au-revoir, juste avec un simple geste de la main.  Non, ce n’est pas possible. La fin de carrière de l’un des meilleurs athlètes de tous les temps doit être soignée. Evidemment que le Suisse rêve d’une sortie à la Sampras, avec une victoire à l’US Open et ciao ! Sauf que quand Pete s’est imposé à Flushing Meadows en 2002, il avait 31 ans. Au même âge, soit en 2012/2013, Federer enchaîne des demi-finales, finales, gagne des Grands Chelems, remporte des Masters 1000, dispute la finale des JO à Wimbledon. Bref, il est à des années-lumière de la retraite. 10 ans plus tard, c’est bien plus compliqué. Dans son état physique, remporter un Grand Chelem relèverait presque du miracle.

L’hymne national suisse sur la plus haute marche du podium, avec la médaille d’or autour du cou, semble être un beau clap de fin.

A Wimbledon, les conditions étaient quasi réunies pour réussir cet ultime exploit. Il semblait plus en forme qu’à Roland-Garros. On sait également que le jeu sur le gazon londonien, même s’il a été ralenti, est loin d’être aussi usant physiquement que ne le sont la terre battue et le ciment. L’un est trop long, l’autre va trop vite. Certes, Roger Federer peut remporter l’US Open. Je parie d’ailleurs mon classement de 15/4 (à 60 points de 15/3, j’dis ça, j’dis rien) que si ça arrive, le Suisse annoncera dans la foulée sa fin de carrière. Sauf que pour que ce scénario puisse avoir lieu, il faudrait que les étoiles soient, non pas alignées, mais carrément soudées. Que Novak Djokovic soit disqualifié pour avoir envoyé une balle sur un juge de ligne... Deux fois en deux ans, cela semble peu probable. Que Dominik Thiem, Alexander Zverev, Daniil Medvedev, Rafael Nadal, Stefanos Tsitsipas, Félix Auger-Aliassime, et donc désormais Hubert Hurkacz, aient tous chopé le Covid. Et qu’exceptionnellement, les organisateurs du tournoi new-yorkais aient décidé de passer au format à deux sets gagnants. Bref, ça parait improbable.

A Tokyo, pour les Jeux Olympiques, les chances de Roger Federer de décrocher cette médaille qui lui échappe paraissent plus réalistes. Les matches se jouent en deux sets gagnants, on comptabilise déjà pas mal de forfaits (sauf celui de Novak Djokovic pour l’instant, ce qui est gênant), le tableau est plus court d’un tour. Que du positif. L’hymne national suisse sur la plus haute marche du podium, avec la médaille d’or autour du cou, semble être un beau clap de fin. Seulement voilà, depuis hier, on sait que les Jeux Olympiques se disputeront à huis clos. C’est un énorme coup dur pour la compétition de toutes les compétitions, mais c’est comme ça et ça ne sera pas autrement. Du coup, le scénario s’assombrit pour Federer. On sait qu’il n’est pas fan du huis clos (qui l’est en même temps ?), mais contrairement aux autres, et en raison de ses opérations au genou, il y a très peu goûté. Une seule fois pour être précis, face à Dominik Koepfer en session de soirée à Roland-Garros. Cette annonce japonaise, conjuguée à sa défaite un peu violente à Wimbledon, fait que je ne serais pas du tout surpris que Roger Federer annonce, avec grand regret, son forfait pour les Jeux Olympiques.

Alors comment faire ? Comment résoudre cette équation qui semble justement insoluble ?

Très simple. Il suffit d’annoncer sa retraite un peu à l'avance. Par exemple, à l’occasion du Media Day à l’US Open, cette journée où tous les grands noms passent les uns après les autres devant la presse avant même que le tournoi ne commence, il lui suffirait d’annoncer qu’il s’agit là de son dernier tournoi. Evidemment que cette annonce ferait l'effet d’un tremblement de terre et que dans la foulée, Federer serait inondé de questions sur ce sujet. C’est certain, on ne lui parlerait que de ça. So what ? Après tout, il s’agirait de la dernière fois. Et cela permettrait au monde entier de préparer sa sortie et de lui offrir la fin qu’il mérite, et pas seulement une « belle » ovation du public, comme celle qu'il a reçue après avoir pris une roue de vélo face Hubert Hurkacz. 

Désolé pour Wimbledon, mais la fin de carrière de leur octuple champion n’aura pas lieu chez eux.

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