Djokovic, une histoire de millimètres

7 sept. 2020 à 10:15:00

Djokovic, une histoire de millimètres
Novak Djokovic a été disqualifié de l'US Open après avoir touché, involontairement, mais pas dans le jeu, une juge de ligne au visage. A quelques millimètres près, ce fait lourd de conséquence n'aurait jamais existé. En revanche, il est bel et bien justifié.

Ça se joue à rien !

Lorsque Novak Djokovic mène 5-4 0/40 au 1er set, sur le service de Pablo Carreno Busta, tout le monde se dit alors que tout se passe comme prévu. Novak était parti pour remporter le 1er set 6-4 et ensuite, sans doute, enchaîner les deux autres 6-3 6-2 en 2h17. Sauf que le passing de l'Espagnol, qui semblait dehors, mord finalement l’extérieur de la ligne du fond de court sur un millimètre. D'ailleurs, pour la petite histoire, le juge de ligne l'avait annoncé faute. Voir la vidéo ci-dessous.

Sur le point qui suit (toujours dans la même vidéo), Djokovic, après avoir récupéré une contre-amortie, essaie de jouer une volée de revers à bout de bras qui rebondit sur la bande et retombe de son côté. Là aussi, on parle de quelques millimètres qui changent le cours de l'histoire. Car si Carreno Busta ne challenge pas, ou si la balle de Djoko rebondit sur la bande et retombe du côté de l'Espagnol, le set est terminé et tout ce qui arrive par la suite n'existe pas.

Si ma tante en avait, on l'appellerait mon oncle…

La suite  : Djokovic se fait breaker à 5 partout et, d'un geste d'humeur, envoie la balle qu'il a dans sa poche vers le fond du court, comme ça arrive des milliers de fois. Sauf que cette dernière termine son envol dans le visage ou la gorge (difficile de savoir car le plan n'est pas suffisamment clair pour distinguer) de la juge de ligne. Si cette balle avait été à droite ou à gauche de quelques millimètres, le numéro mondial s'en serait peut-être juste sorti avec un avertissement, voire rien du tout. Là encore, le «  si  » est déterminant.

Maintenant, il s'agit de poser un jugement sur l'acte du Serbe et savoir si sa disqualification est justifiée. Pour être très franc avec vous, je ne comprends pas comment certains osent même remettre en question cette décision arbitrale. Evidemment que Djokovic n'a pas fait exprès d'allumer cette pauvre juge de ligne. Mais il n'est pas tout seul sur le court et n'a donc pas le droit de se laisser aller à des gestes d'humeur qui peuvent (la preuve) blesser quelqu'un assistant au match, qu'il s'agisse d'un officiel, d'un ramasseur, d'un spectateur etc… Pour le coup, c'est vraiment pas de bol car il y avait 25 000 cibles potentielles de moins (huis clos oblige).

Ce type de situation n'arrive pas souvent. Les deux dernières remontent à Denis Shapovalov qui, en Coupe Davis en 2017, avait malencontreusement allumé l'arbitre de chaise, Arnaud Gabas, en plein dans l'oeil  :

et David Nalbandian, en finale du Queen's face à Marin Cilic, lorsqu'il avait envoyé un coup de pied dans la boîte - et dans la jambe par ricochet ! - entourant la chaise du juge de ligne  :

On est d'accord que ces deux cas sont bien plus "costauds" que celui d'hier. Mais le geste de Novak n'était pas sans conséquence non plus. On est sur quelque chose de bien plus violent que l'incident concernant Aljaz Bedene, la semaine précédente, durant le Masters 1000 de Cincinnati  :

Morale de l'histoire : il vaut mieux garder son calme, sans quoi on peut être disqualifié d’un Grand Chelem, interrompre sa série d’invincibilité, prendre une énorme prune et accessoirement faire mal à quelqu’un.

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