1. Parce qu’ils ont tout simplement fait connaitre la Coupe Davis au grand public...
... notamment en réussissant l’exploit en 1927 de battre les États-Unis chez eux, à Philadelphie. Un exploit majuscule puisque l’équipe US est alors invaincue depuis 8 ans et survole autant l’épreuve qu’elle ne l’installe dans une routine assez peu médiatique. Mais les longues séries ont un avantage : elles constituent toujours une attraction populaire quand elles se terminent. D’autant plus quand le point final s’articule autour d’un retournement de situation inédit. Lors de cette finale 1927, la France devient effet le premier pays à remporter l’épreuve après avoir été menée 2 à 1 à l’issue du double. Des deux côtés de l’Atlantique, des dizaines de milliers de lecteurs s’arrachent les journaux relatant la rencontre. Pour la première fois, le tennis sort de son ghetto mondain. Et l’autre grand gagnant, aux côtés des Mousquetaires, n’est autre que la Coupe Davis elle-même.
2. Parce qu’avec leur épée, les Mousquetaires portent l’estocade à Bill Tilden, la star US réputée insubmersible...
...« Big up » précisément René Lacoste, dont le succès en quatre sets sur Bill Tilden lors de cette finale 1927 permet à la France d’égaliser à 2 partout avant la victoire décisive d’Henri Cochet sur Bill Johnston dans le cinquième match. La performance de Lacoste, pour mieux l’apprécier, doit être remise dans son contexte : battre Tilden en Coupe Davis en 1927, en plus sur son terrain, est aussi fort que de battre Roger Federer à Wimbledon de nos jours ou Rafael Nadal à Roland-Garros. Imaginez un peu : avec ses épaules carrées et son service canon, Tilden n’avait jusqu’ici jamais perdu un simple en Coupe Davis. Plus fort qu’un despote, l’Américain n’avait même pas enregistré la moindre défaite, toutes épreuves confondues, entre 1920 et 1926. Et qui a mis fin à la série ? L’un des Mousquetaires, Henri Cochet, lors des Championnats des États-Unis en août 1926. Ce même Cochet battra de nouveau Tilden lors des finales 1928 et 1929, l’écrasant même lors de cette dernière (6/3 6/1 6/2), ce qui constitue encore aujourd’hui l’une des plus belles performances du tennis français. Selon les témoins du match, les spectateurs sont pris parfois de fous rires devant l’aisance avec laquelle le Français se joue du monument américain. « Je me sentais transporté dans un autre monde, j’évoluais sur ce Central sans aucune espèce d’effort. »
3. Parce qu’ils gagnent six années de suite à une époque où la concurrence est dense...
... et pour cause, tous les cadors sans exception jouent la Coupe Davis lors de cette période faste. Lors de leurs six victoires consécutives entre 1927 et 1932, les Bleus dominent de nouveau les États-Unis (en 1928, 1929, 1930 et 1932) et prennent aussi le meilleur sur la Grande-Bretagne de Fred Perry (en 1931). Il n’y a qu’un seul hic : lors du quatrième match de la finale 1932, à 2-1 pour la France, Jean Borotra sauve une balle de 2 victoires partout, grâce à l’erreur d’un juge de ligne, seule personne présente dans le stade à ne pas avoir vu que le Français avait sorti sa deuxième balle... Borotra s’impose quelques minutes plus tard par 7/5 au cinquième set, avant que l’Américain Ellsworth Vines ne batte Henri Cochet lors du dernier match ! Aujourd’hui, personne ne s’en souvient. Mais durant l’été 1932, la faute d’arbitrage déclenche une belle polémique.
4. Parce qu’ils ont toujours mis la Coupe Davis au-dessus de tout...
... et même au-dessus des tournois majeurs, Wimbledon et Roland-Garros compris. Henri Cochet et René Lacoste, plus encore que Jean Borotra et le fidèle pilier du double Jacques Brugnon, consacrent durant ces années tous leurs loisirs et leur volonté au tennis. Ainsi ils auraient dû, ou auraient pu, conserver le saladier d’argent plus longtemps. Mais Lacoste, victime de complications pulmonaires, est contraint de tirer un trait sur sa carrière de joueur dès l’âge de 25 ans, et Henri Cochet passe professionnel dans la foulée de la défaite de la France en finale 1933. Dernier « survivant » de la bande, Jean Borotra ne joue plus que les doubles à partir de cette année-là, laissant la place en simple à des joueurs de moindre force, André Merlin et Christian Boussus. La France devra attendre 59 ans avant de gagner de nouveau le trophée.
5. Parce que Roland-Garros n’existerait peut-être pas sans eux...
... puisque c’est leur victoire de 1927 qui réactive le projet de construction d’un stade digne de ce nom pour accueillir les rencontres de Coupe Davis à Paris. Érigé à la hâte durant l’hiver 1927-1928, le stade Roland-Garros devient également la nouvelle demeure des Internationaux de France, qui se jouaient jusqu’ici au milieu du bois de Boulogne, dans le cosy -mais trop petit pour un tel événement- Racing Club de France. Quelle destinée aurait eu le tournoi sans ce stade qui a assurément tout changé ?
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