5. Rafael Nadal - ESPAGNE
On a vu tellement souvent Rafa se gondoler de bonheur sur la terre battue parisienne qu’on en vient parfois à oublier ses autres exploits, et surtout le premier d’entre eux ! Retour en décembre 2004, quand l’Espagne reçoit les États-Unis au Stade Olympique de Séville. Nadal n’a encore jamais joué le moindre match à Roland-Garros mais il est déjà un phénomène de précocité et une grosse curiosité avec ce mental et cette assurance rarement vus à cet âge-là. Pour le deuxième match du vendredi à Séville, le môme -18 ans et 5 mois- va survivre à la pression et à Andy Roddick (6/7 6/2 7/6 6/2), devant 27 400 Andalous stupéfaits. Deux jours plus tard, une fois la victoire des Espagnols scellée (3-2), le jeune Hercule ne pourra alors s’empêcher d’attribuer une partie de son succès « au public extraordinaire, qui est responsable à 50% de cette victoire ».
Le public n’y est vraiment pour rien, en revanche, dans cette incroyable série entamée par Nadal à Séville. Après avoir connu la défaite lors de sa première titularisation, le 8 février 2004 contre le Tchèque Jiri Novak, le Majorquain affichera un bilan comptable terrifiant : 23 victoires pour 0 défaite ! Quelques souvenirs parmi d’autres ? En 2009, il ne laisse que 9 jeux à Novak Djokovic... Même tarif pour Alexander Zverev en avril 2018, pris dans le tourbillon espagnol. Et n’oublions pas sa deuxième finale, en 2011, durant laquelle il a écrasé Juan Monaco et mouché sur le fil un excellent Juan Martin Del Potro, 7/6 au quatrième set.
L’Espagne n’a jamais perdu une rencontre de Coupe Davis avec Rafael Nadal dans l’équipe. Combien de saladiers l’Espagne aurait-elle gagné si son champion n’avait pas manqué autant de week-ends, pour cause de blessures ou pour se concentrer sur ses autres objectifs. Depuis sa première sélection, l’Espagnol a manqué 23 rencontres sur 40. C’est un regret, sans doute, pour les différents capitaines qui se sont succédés depuis quinze ans. Comme c’est un regret, pour le public, que les rencontres Espagne-Suisse de 2010 et 2007 se soient jouées sans Rafael Nadal ni Roger Federer...
4. Yannick Noah - FRANCE
Fin novembre à Lille, Yannick Noah va mettre un point final à son histoire avec la Coupe Davis par BNP Paribas qui aura duré 40 ans et 4 mois. A peine majeur lors de sa première sélection en juillet 1978 à Roland-Garros contre l’Angleterre, « Yann », jeune mais déjà leader de l’équipe de France, fait alors ses débuts devant des tribunes vides. Triste ! En France, la Coupe Davis n’attire plus, faute de stars ou faute de raisons d’y croire. Jean-Paul Loth, nommé capitaine en 1980, y croit lui toujours, et convainc la « nouvelle star » Noah de s’investir « à mort » en 1982 et d’entraîner derrière lui tous ses collègues. Et là ? Le leader Noah se donne à fond et, bien secondé par Leconte, Tulasne et Moretton, pousse jusqu’en finale. Ils perdent à Grenoble contre les États-Unis de John McEnroe (4-1) mais réveillent une passion endormie depuis un demi-siècle. En résumé, Noah et Loth ont remis la Coupe Davis au goût du jour en France, où l’épreuve avait été, du règne des Mousquetaires, l’événement sportif numéro 1 de l’année.
Après avoir rallumé la mèche, Yannick Noah se montre toutefois plus distant avec la compétition à partir de 1983, jusqu’à la zapper en 1986 et 1987, le courant avec Loth ne passant plus. Mais c’est pour mieux revenir sur le banc de capitaine en 1991, l’année de Saga Africa, son premier tube. Et c’est pour tous les tours de marabout qui vont suivre que Noah mérite cette quatrième place ici. Pour avoir misé lors de la finale 1991 sur la carte du blessé Henri Leconte, pour qui ses directives sont simples et claires : « Maintenant, tu vas mettre tes couilles sur la table et tu vas battre Sampras ».Pour avoir su transformer le gentil Arnaud Boetsch en rapace qui ne lâche rien à Malmö en 1996. Et pour avoir joué le rôle de grand frère auprès de Tsonga, Gasquet et de Pouille et les avoir aidés à soulever – enfin - un grand trophée en 2017. Avec le petit coup de pouce qui va bien. Pas de miraculé style Leconte ici, mais une sorte de bonne étoile qui protège l’équipe de France à chaque rencontre ou presque et qui lui permet d’affronter un Japon privé de Nishikori, une Grande-Bretagne privée de Murray ou une Serbie privée de Djokovic. Cette bonne étoile est toujours là cette année, puisque la France a affronté une Espagne privée de Nadal en demi-finale. Pour le capitaine/grand-frère/chamane Noah, oui, c’est de la chance. « Mais il faut aussi savoir la saisir et quoi qu’il arrive j’ai bien l’intention d'en profiter au maximum. » Après tout, seuls les losers n’ont jamais de chance.