Novak Djokovic : "Tie-break King"

12 juil. 2023 à 21:32:03 | par Mathieu Canac

Avant d'affronter Jannik Sinner en demi-finale de Wimbledon - sa 46e en Grand Chelem, record partagé avec Roger Federer -, Novak Djokovic est sur une série de 13 jeux décisifs remportés consécutivement.

De toute façon, les tie-breaks, c’est la loterie.” Cette phrase, tous les amateurs de tennis l’ont déjà entendue. Ne serait-ce qu’une fois. Une fois de trop. Dans ces moments-là, il s’agit surtout de savoir maîtriser sa nervosité. Ce poison capable de paralyser les bras et les jambes de n’importe quel joueur. Quel que soit son niveau. “La nervosité est toujours là, a expliqué Novak Djokovic en conférence de presse à Wimbledon. Peu importe mon expérience, je la ressens toujours. Je ne me rappelle pas d’une fois où j’ai joué un match, surtout en Grand Chelem, sans stress. C’est normal. Il s’agit de savoir s’adapter pour le gérer, de concentrer son attention sur sa propre performance.”

Lors d’un jeu décisif, cette tension est encore décuplée. Par le contexte de la fin de set, et le format. S’il est possible de gagner un match de tennis en gagnant moins de points que l’adversaire, il est impossible de gagner un jeu décisif de la même façon. “Dans un tie-break, chaque point compte, a expliqué Djokovic pendant Roland-Garros. Vraiment. Chaque point peut faire basculer un tie-break.” Et le Serbe sait de quoi il parle. S’il devait exister un TED Talk sur sur le sujet, personne d’autre que lui ne porterait mieux la chemise pour tenir la conférence.

Djokovic : meilleur pourcentage de tie-breaks gagnés dans l'ère Open

Dans l’ère Open, l’homme aux 23 titres du Grand Chelem est statistiquement le maître des duels en sept points. Depuis le début de sa carrière, avant d’affronter Jannik Sinner en demi-finale de Wimbledon, il affiche un bilan de 313 jeux décisifs gagnés sur 475 joués. Soit 65,9 % de succès. De quoi se placer tout en haut, pour toiser d’autres monuments du tennis.

  1. Novak Djokovic : 65,9 % (313 tie-breaks gagnés, 162 perdus)
  2. Roger Federer : 65,4 % (466, 247)
  3. Arthur Ashe : 65 % (165, 89)
  4. Andrés Gómez : 63,2 % (182, 106)
  5. Pete Sampras : 62,8 % (328, 194)
  6. Andy Roddick : 62,1 % (303, 185)
  7. Guillermo Pérez Roldán : 62,1 % (72, 44)
  8. John McEnroe : 61,8 % (189, 117)
  9. Milos Raonic : 61,1 % (231, 147)
  10. Rafael Nadal : 61 % (263, 168)

Dans cette liste, seuls Milos Raonic et Guillermo Pérez Roldán, ancien 13e mondial, ont des palmarès respectifs sans titre du Grand Chelem. Le Canadien affichant toutefois une finale de Wimbledon. Preuve, s’il en fallait une, que les tie-breaks ne se jouent pas en cochant un numéro dans une case et que Jean-Pierre Foucault n’en annoncera jamais les résultats.

"En arrivant au jeu décisif, je sais que j'ai peut-être un ascendante mental sur l'adversaire" - Novak Djokovic

Depuis le Masters 1000 de Rome début mai, Djokovic a disputé 13 jeux décisifs. Il les a tous gagnés. En Grand Chelem uniquement, un de plus : 14 de suite. Dans l’histoire, la plus longue invincibilité en tie-breaks lors des Majeurs est de 19 unités. Et elle est détenue par le Belgradois, qui a réussi cette performance entre Wimbledon 2005 et Wimbledon 2007. Le mois dernier, après sa victoire 4-6, 7-6⁰, 6-3, 6-4 contre Karen Khachanov en quart de finale sur l’ocre de la porte d’Auteuil, “Tie-break King” a livré sa façon d’aborder ces situations particulières.

J’ai tenu mes nerfs pour réussir un tie-break parfait, sans perdre un point, a-t-il répondu devant les journalistes. Je pense qu’il faut, en quelque sorte, se ‘verrouiller’ mentalement. Je me dis : ‘OK, je me concentre seulement sur le point qui vient, et je dois vraiment garder les idées claires par rapport à ce que je veux faire en fonction de l’adversaire que j’affronte.’” Autre aspect déterminant, l’impact psychologique sur ses adversaires, qu’il a su se bâtir parpaing après parpaing, jeu décisif gagné après jeu décisif gagné.

Depuis le début de ma carrière, j’ai un très bon bilan en ce qui concerne les tie-breaks, a-t-il rappelé, toujous à Paris. Mon adversaire le sait, et je le sais. Ça m’aide mentalement. En arrivant au jeu décisif, je sais que j’ai peut-être un ascendant mental, et j’essaie de l’utiliser.” Un ascendant qui a sans doute pesé dans la balance à Wimbledon. Mené 5-3 lors de son jeu décisif contre Stan Wawrinka au troisième tour, puis 6-3 et 5-4 - deux service adverses à suivre - au cours des deux contre Hubert Hurkacz en huitième de finale, il s’en est à chaque fois sorti : 6-1, 6-3, 7-6⁵ et 7-6⁶, 7-6⁶, 5-7, 6-4. En sachant profiter, comme il l’a confié, des erreurs du Suisse et du Polonais. Deux hommes moins habiles, à ces moments-là, pour jongler avec la pression et l’aura de l’adversaire. Parce qu’en héritant de Novak Djokovic dans leur tableau, ils avaient tiré le gros lot.

 

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