Son nom sonne comme celui d’une prison. Le “t” en moins. Sans doute parce qu’on ne peut pas fixer de barre à Carlos Alcaraz. Où que ce soit. Il semble né pour toutes les fracasser, peu importe les hauteurs auxquelles elles sont placées. Vainqueur de l’US Open après plusieurs matchs aux scénarios fous qui, d’après les légendes, auraient fait perdre la boule à moult fans envoyés en cellule capitonnées, l’Espagnol a battu plusieurs records à Flushing Meadows. Des records semés comme des pierres blanches dans l’histoire du tennis, par celui qui n’a plus rien d’un Petit Poucet bien qu’avançant chaussé de bottes de sept lieues.
Plus jeune numéro 1 mondial de l’histoire
Que ce soit pour le gamin d’El Palmar ou Casper Ruud, la finale new-yorkaise était à double enjeu : remporter un premier titre du Grand Chelem et devenir numéro 1 mondial. Au nez et à la barbe du Norvégien, son dauphin au classement ATP désormais, Alcaraz a raflé la mise. Cerise sur le gâteau, avec ses 19 bougies, il est devenu le plus jeune roi de l’histoire. Avant lui, ce statut était détenu par Lleyton Hewitt. L’Australien était officiellement monté sur le trône à 20 ans et 268 jours. Le 19 novembre 2001, à l’issue du Masters remporté face à Sébastien Grosjean. Un couronnement qu’il s’était assuré quelques jours plus tôt, en gagnant son dernier match de poule face à son compatriote Patrick Rafter.
Plus jeune vainqueur de l’US Open depuis 1990
Dans l’ère Open, un seul autre homme de moins de 20 printemps était parvenu à remporter l’US Open. Un monument. Celui qui fut considéré - par les téméraires ne craignant pas de comparer les époques - comme le G.O.A.T. avant l’émergence de Roger Federer, Rafael Nadal et Novak Djokovic. Pete Sampras. En 1990, à 19 ans et 29 jours, le surnommé “Pistol Pete” glanait le premier de ses 14 titres du Grand Chelem. En battant, déjà, son grand rival Andre Agassi en finale. Sans trembler, 6/4 6/3 6/2. Carlos Alcaraz est passé à 100 jours pile d’égaler le natif de Potomac, en affichant 19 balais et 129 poussières au moment de son sacre.
Plus jeune vainqueur en Grand Chelem depuis 2005
En Majeur, aucun teenager n’avait inscrit son nom au palmarès depuis Rafael Nadal en 2005. Sur la terre battue de Roland-Garros, le gaucher de Manacor avait lancé sa collection de titres du Grand Chelem comptant désormais 22 pièces. C’était face à l’Argentin Mariano Puerta, qui est peu après entré dans les annales pour un deuxième contrôle antidopage positif lui ayant valu la suspension la plus lourde de l’histoire du tennis : 8 ans (peine toutefois réduite à 2 ans par le Tribunal arbitral du sport en juillet 2006). Dans l’ère Open, seuls six “ados” ont gagné des tournois du Grand Chelem à des âges plus précoces qu’Alcaraz.
- Michael Chang - Roland-Garros 1989, à 17 ans, 3 mois et 20 jours
- Boris Becker - Wimbledon 1985, à 17 ans, 7 mois, et 15 jours / Wimbledon 1986, à 18 ans, 7 mois et 14 jours
- Mats Wilander - Roland-Garros 1982, à 17 ans, 9 mois et 16 jours / Open d'Australie 1983, à 19 ans, 3 mois et 20 jours
- Björn Borg - Roland-Garros 1974, à 18 ans et 11 jours / Roland-Garros 1975, à 19 ans et 10 jours
- Rafael Nadal - Roland-Garros 2005, à 19 ans et 3 jours
- Pete Sampras - US Open 1990, à 19 ans et 29 jours
- Carlos Alcaraz - US Open 2022, à 19 ans, 4 mois et 7 jours
Edberg était le seul à avoir réussi un exploit-marathons, Alcaraz l’a rejoint
Avant de franchir la ligne en vainqueur aux Etats-Unis, le protégé de Juan Carlos Ferrero a dû courir trois marathons en cinq sets. Trois consécutifs : en huitième de finale, quart de finale et demi-finale. Respectivement face à Marin Čilić, Jannik Sinner et Frances Tiafoe. Avant lui, seul Stefan Edberg avait réussi l’exploit de gagner un Majeur dans la foulée de trois combats en cinq rounds. C’était déjà à New York. En 1992, l’esthète suédois avait fait plier des cadors comme Richard Krajicek, Ivan Lendl et Michael Chang, avant de venir à bout de Sampras en quatre manches, sans jour de repos entre sa demie et sa finale. Une façon marquante de remporter son sixième et ultime titre du Grand Chelem.
Le match le plus tardif de l’histoire de l’US Open
Le quart de finale entre Alcaraz et Sinner aurait pu se finir en quatre actes. A 6/3 6/7⁷ 6/7⁰ 4/5, l’Espagnol a dû faire face à une balle de match. Sur le service de l’Italien. Puis la partie s’est prolongée. Jusqu’au bout de la nuit. Lorsque le surnommé “Carlitos” s’est étendu au sol en vainqueur, l’horloge affichait 2h50 du matin. Soit la fin la plus tardive de l’histoire du tournoi. Jusqu’alors, le record était resté bloqué à 2h26, avec trois rencontres : Wilander - Pernfors (1993), Kohlschreiber - Isner (2012) et Nishikori - Raonic (2014). Deux tours plutôt, en duo avec Čilić, Alcaraz était déjà passé tout proche de faire tomber cette marque, en finissant à 2h23. En Grand Chelem, le record absolu est détenu par Hewitt et Baghdatis, qui ont bouclé leur joute à 4h33 lors de l’Open d’Australie 2008.
Le deuxième match le plus long de l’histoire de l’US Open
En plus d’avoir contraint les amoureux de tennis à faire une croix sur une bonne nuit de sommeil, l’empoignade entre Alcaraz et Sinner a duré 5h15. Soit le deuxième match le plus long de l’histoire de l’US Open, à 11 minutes du record détenu par… Edberg et Chang. Lors de son parcours victorieux de 1992, le Suédois avait vaincu l’Américain 6/7³ 7/5 7/6³ 5/7 6/4 en demi-finale. Régulièrement qualifié de “surcoté” et “de prétentieux" - pour avoir affiché son ambition de sacre en Majeur dès 2022 - par certains “experts” des réseaux sociaux, Carlos Alcaraz, chasseur de records confirmé, leur a prouvé sa valeur dans cet US Open. En mettant les points sur le “i”.
Plus d’informations sur
Les joueurs
Novak Djokovic
Rafael Nadal
Roger Federer
Casper Ruud
Marin Cilic
Jannik Sinner
Frances Tiafoe
Carlos Alcaraz