Lorsque Pete Sampras remportait l’US Open en 2002, et donc son 14e titre en Grand Chelem, on se disait tous que cela était incroyable et que jamais un tel record ne serait battu. Même si on n'utilisait pas encore trop ce terme, Sampras était bel et bien le GOAT.
Son record n'a pas seulement été battu, il a été carrément piétiné (désolé, Pete !). Et non pas par un joueur, mais bien par trois monstres : Roger Federer, Rafael Nadal et Novak Djokovic. Le « Big 3 », comme on les surnomme, a tout cassé. Ils ont tout gagné. Quelques miettes ont été laissées çà et là pour qu’une poignée de joueurs puissent picorer dessus, mais pour le reste, le Big 3 a confisqué la gagne. Mais lequel des trois était le plus fort ?
Durant les 4/5 dernières années de la carrière de Roger Federer, le débat du GOAT battait son plein. Qui est le GOAT ? Cette question est sans doute celle qui, de tous les débats tennistiques, a été la plus posée, que ce soit sur un plateau télé, dans une rédaction de journal, dans une salle de presse, un salon des joueurs, un salon tout court ou au comptoir de « Chez Francis » (Francis, si tu nous regardes…). Longtemps, ce débat est resté sans accord. Les « Team Federer » ont longtemps tenu la corde puis, lorsque ce dernier a été dépassé par Rafa et Novak, la place est devenue de plus en plus difficile à tenir. Au point qu'à l'exception d'une bande d’Helvètes irréductibles, la majorité des fans de Roger a baissé les armes, obligée de s’incliner devant la domination persistante de Rafa et Nole.
Carlos Alcaraz a six fois moins de titres en Grand Chelem que Novak Djokovic
Suite à ça, il n’en restait que deux. Et là encore, l’un d’eux s’est démarqué. Il s’agit bien évidemment de Novak Djokovic, qui a réussi l’exploit de mettre Roger Federer à quatre longueurs d'un retard forcément irrattrapable et Rafael Nadal à deux. Lui non plus ne reverra sans doute pas le Serbe.
Aujourd’hui, Novak Djokovic est le seul détenteur du record des titres en Grand Chelem, avec 24 trophées sur sa cheminée. Ce record ne sera évidemment jamais battu. Il est devenu le GOAT indiscutable. Plus personne ne parviendra à atteindre ce niveau de performance. Tiens, tiens, ça me rappelle quelque chose. Il est évident que c’est très tôt pour évoquer cela, mais après ce qu’il s’est passé hier sur le Centre Court de Wimbledon, et la fessée qu’a prise Novak Djokovic face à Carlos Alcaraz, on est obligé - et en droit - de se poser la question.
Oui, Carlos Alcaraz est encore à des années-lumière du record de Djokovic. L’Espagnol n’a « que » quatre titres du Grand Chelem dans son escarcelle, soit six fois moins que l’actuel GOAT. Mais rappelons, s’il est encore nécessaire de le faire, qu’il n’a que 21 ans, soit 16 de moins que sa victime d’hier. Pour ceux qui ont tendance à l’oublier, voici une petite piqûre de rappel.
Lorsque le jeune Roger Federer a remporté son 4e titre du Grand Chelem à l’occasion de l’US Open 2004, soit 16 mois après la naissance du petit Carlitos, il avait « déjà » 23 ans. Nadal et Djokovic avait respectivement 22 et 24 ans lorsqu’ils furent couronnés pour la quatrième fois. Pas convaincus ? Ok. On continue. Il n’a fallu que 69 matches en Grand Chelem (59 victoires et 10 défaites) à Carlos Alcaraz pour arriver à ses quatre premiers titres. Roger Federer en avait disputé dix de plus. Rafael Nadal avait eu besoin de 81 matches pour s’adjuger quant à lui son quatrième succès majeur, alors que Novak Djokovic avait dû attendre son 134e match pour soulever un quatrième trophée.
Carlos Alcaraz veut se faire une place à la table des « grands »
En fin de compte, le seul membre du Big 3, avec lequel Carlos Alcaraz (ou devrais-je dire l’inverse ?) a un point en commun concernant le point de passage du 4e titre en Grand Chelem, est Roger Federer. Car comme « Charly », Rodge a remporté ses quatre premières finales en Grand Chelem. Le Suisse a même fait mieux, car il ne s’est incliné qu’à sa huitième finale, face à Rafael Nadal (comme de bien entendu !), à Roland-Garros en 2006.
A l’occasion de l’interview d’après-match sur le court, il a été demandé à Carlos Alcaraz comment il avait réussi à faire le doublé Roland-Garros/Wimbledon. Ce à quoi l’Espagnol a répondu le bla-bla traditionnel, en indiquant tout de même que son but était de se faire une place à la table de ces trois géants. Je profite donc de cette tribune pour y faire une annonce : si Carlos Alcaraz reste « healthy » et poursuit sur la même lignée, avec la même discipline et une hygiène de vie irréprochable, alors non seulement aura-t-il sa place à table, mais celle-ci sera celle d'honneur, en tête de tablée, car ça sera alors lui le GOAT !
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