Qui pour remplacer Sébastien Grosjean au poste de capitaine de Coupe Davis ?

3 nov. 2023 à 14:55:03 | par Eli Weinstein

Depuis une dizaine de jours maintenant, Sébastien Grosjean n’est plus le capitaine de l’équipe de France de Coupe Davis. A neuf mois des Jeux Olympiques à Paris (Roland-Garros pour le tennis), la place est donc libre et plus d’un/une est tenté(e).

La nouvelle avait surpris tout le monde lorsque, le 23 octobre dernier, à l’issue de la finale du tournois d’Anvers, remportée par Alexandre Bublik et perdue par Arthur Fils, Sébastien Grojean (présent toute la semaine dans le box de Fils) avait annoncé qu’il quittait son poste de capitaine de l’équipe de France de Coupe Davis pour devenir le coach d’Arthur Fils en compagnie de Sergi Bruguera. Ce binôme, qui avait déjà collaboré dans l’équipe de Richard Gasquet, va donc à nouveau partager son temps pour entraîner une des pépites du tennis français.

Quand un capitaine s’en va, la première question qui vient aux lèvres de tous est bien évidemment : qui pour le remplacer ?

La Fédération Française de Tennis a pris les devants en envoyant un email à un certain nombre de potentiels candidats, pour savoir s’ils/elles étaient intéressé(e)s. Parmi une liste assez exhaustive, allant de Gilles Simon à Yannick Noah, certains ont d’ores et déjà exprimé leur intérêt pour le poste. Les candidatures déclarées sont celles de Gilles Simon (justement), Jo-Wilfried Tsonga, Marion Bartoli,Paul-Henri Mathieu, Henri Leconte et Julien Benneteau. Ça en fait du monde !

Première certitude, il va y avoir du rififi, car une seule candidature sera retenue et bon nombre seront donc déçus à l’issue de ce recrutement. Forcément, il va y avoir des tensions, des messes basses, du lobbying, de l’influençage (oui celui-ci est inventé, mais très compréhensible). Mais le 17 novembre, à l’issue du comité exécutif de la FFT, un nouveau capitaine sera désigné.

Parmi les noms cités, certains paraissent plus crédibles que d’autres. Je pense notamment à Gilles Simon, Julien Benneteau et Paul-Henri Mathieu, qui me semblent remplir le plus de conditions. Ils ne présentent pas de conflit d’intérêts, ont joué pour la France dès que l’occasion se présentait, connaissent parfaitement le fonctionnement d’une équipe de France, sont connectés au circuit et, surtout, ont envie du poste.

Julien Benneteau : la double casquette

Lorsque Julien Benneteau a été désigné capitaine de l’équipe de France de Billie-Jean King Cup (BJKC), les réactions ont été majoritairement celles de l’étonnement. C’est vrai que le voir diriger l’équipe de France féminine de tennis était pour le moins surprenant, lui qui était fraîchement retraité et qui n’avait jamais vraiment montré de signes d’intérêts (du moins publiquement) pour ce poste. On ne l'avait même jamais entendu parler de tennis féminin tout court. Ou en tout cas, pas plus qu’un autre. Et pourtant, force est de constater qu’il a fait un travail remarquable, en amenant son équipe jusqu’à la victoire dès sa première campagne. Au même titre qu’un Nicolas Mahut, « Bennet » a du sang bleu-blanc-rouge qui coule dans ses veines. La Coupe Davis a toujours été sa priorité et son amour pour le maillot a toujours transpiré dans ses propos. Souvenez-vous de ses larmes lorsqu’il regardait ses coéquipiers sur le court à Lille en 2017, tandis que lui et Nicolas Mahut n’avaient pas été choisis par Yannick Noah, alors capitaine.

Bennet a les valeurs, connaît les codes et, surtout, sait gagner. Il garderait évidemment le capitanat de BJKC, mais la double casquette ne paraît pas insurmontable, à condition d’avoir les épaules suffisamment solides, ce qui semble être le cas.

Paul-Henri Mathieu : la continuité

Il a été le premier surpris, donc n'était pas au courant, lorsque son capitaine a annoncé son départ. PHM, qui est toujours à ce jour entraîneur de l'équipe de France, a récemment dit : « J'ai été surpris par la décision de Sébastien. On a tous été pris de court, à quelques mois de Jeux. » Dans la foulée, celui qui travaille dans l’ombre de Sébastien Grosjean depuis deux ans s’est dit particulièrement motivé par le capitanat : « Quand j'ai appris ça, j'ai tout de suite dit que ça m'intéressait de postuler. C'est une suite logique pour moi. Ça fait deux ans et demi que je suis à la Fédération, j'ai pris alors la décision de m'investir à plein temps. ». Il est certain que Paul-Henri Mathieu apporte des garanties. C’est un cas de « on sait ce qu’on avait et on sait ce qu’on aura ». Ce type de situation rassure, surtout à la veille des Jeux lorsque le temps est compté et que moins de nouveauté correspond à plus de sérénité. Avec le choix PHM, la FFT sait où elle va. Il n’y aura pas de surprise, il connaît tous les joueurs et vice versa, il est apprécié de tous et maîtrise parfaitement le job pour avoir « shadower » Grosjean depuis vingt-quatre mois.

Gilles Simon : sa science au service du jeu

Dès son annonce de départ à la retraite, les avis étaient unanimes, Gilles Simon entraînera un jour. Cette fonction lui était destinée, tant cet amoureux du jeu aime pousser l’analyse, la réflexion, l’étude des stats… Ce n’est pas pour rien qu’il est surnommé « Prof » dans les salons et autres lieux où sont amenés à patienter (parfois pendant des heures) les joueurs de tennis. Contrairement aux deux candidatures ci-dessus, celle de Gilles Simon viendrait briser toute sorte de continuité et, dans ce sens, apporterait un degré de risque quasi inexistant qu’il s’agisse de Julien Benneteau ou de Paul-Henri Mathieu. En termes d’amour pour le maillot, rien à dire pour Simon. D'autre part, il n'est lui non plus engagé nulle part et se trouve donc totalement neutre et libre dans sa façon de penser. On sait que c’est un fin stratège ce qui, en Coupe Davis, est aussi crucial - voire plus - qu’à Koh Lanta ! Sa candidature vient rompre avec tout ce qui s’est fait durant ces quatre dernières années. Tout comme PHM, Simon s’est exprimé publiquement à propos de son intérêt pour le poste : « Je dois rencontrer le Président (de la Fédération Française de Tennis, Gilles Moretton) cette semaine pour en parler… C’est quelque chose que j’aimerais bien faire et c’est le bon moment pour moi. ». Voilà qui est très clair. 

Si Bennet pourrait avoir une carte à jouer, les candidatures de Paul-Henri Mathieu et Gilles Simon semblent favorites. Lequel des deux serait le plus apte pour le poste, difficile à dire. Et s’il s’agissait d’un duo ? Reste, bien sûr, la possible surprise d’un nom auquel on s’attendrait moins, comme Bartoli, Tsonga, Llodra ou encore Leconte.

Réponse le 17 novembre prochain.

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