Boris Becker est le coach d’Holger Rune

Rien ne va plus pour Holger Rune. La dernière fois qu’il est parvenu à gagner deux matches consécutifs dans le même tournoi remonte à… Wimbledon et sa défaite en quart de finale en trois sets secs face à Carlos Alcaraz. Ça fait une paye. Le 12 juillet dernier (et un et deux et trois zéro, pardon, petit égarement dans le temps) pour être précis, soit 100 jours pour être ultra précis. 

Classé sixième mondial actuellement, Holger Rune espère évidemment être à Turin, en fin de saison, pour disputer les ATP Finals aux côtés des sept autres meilleurs joueurs du monde. Le souci, c’est que la fin d’année 2022 a été brillante pour le natif de Gentofte au Danemark : victoire à Stockholm, finale à Bâle et victoire au Rolex Paris Masters à Bercy. Ça en fait des points à défendre, 1550 précisément. Au vu de ses résultats sur les 100 derniers jours, il semblerait que la défense de ces points s’annonce très compliquée. D’ailleurs, les 250 rapportés de Suède l’an passé sont déjà partis en fumée.

A la Race, Rune est huitième, avec une courte avance sur Taylor Fritz (145 points), Casper Ruud (295 points), Hubert Hurkacz (335 points), Tommy Paul (515 points) et Alex de Minaur (550). Ça en fait du monde ! Le crack de l’île de Seeland est pour l’instant inscrit à Bâle et Paris. Il peut, s'il gagne tout à coup tous ses matches plutôt que de les perdre, empocher 1500 points, ce qui serait synonyme d’un voyage dans la capitale du Piémont. En revanche, si sa semaine suisse ne se passe pas comme prévu, il pourra alors considérer qu’il s’est tiré une « Bâle » dans le pied. Pardon.

« Cela me rend un peu fier qu'il m'ait demandé »

Il fallait donc réagir et vite. Trouver une étincelle. Espérer un déclic. Pour cela, il n’y avait pas trente mille solutions. La seule issue était de trouver un coach qui puisse retourner la situation très rapidement. Il fallait trouver un Pascal Dupraz pour sauver team Rune. La réponse : Boris Becker !

L’Allemand n’a pas entraîné depuis sa sortie de prison le 15 décembre dernier. Wow, cette phrase est folle. Oui, oui, Boris Becker est un ex-taulard. Pas de souci pour celui qui avait pour ambition de commenter Roland-Garros depuis sa cellule… Peu importe, il a fauté, il a payé, le voici désormais de retour sur les courts, appelé à la rescousse.

Cette demande est tombée du ciel pour l’ex-numéro 1 mondial. Disons qu’ils n’étaient pas pléthore à l’appeler pour lui proposer du travail. Que voulez-vous, la prison a cet effet sur les gens. Pas pour Rune, et « Boom Boom » en est « un peu fier » a-t-il dit. Un peu ? Permettez-moi de douter de la somme de fierté qu’il a ressentie. J’imagine que la fierté a également été accompagnée de soulagement. En un coup de fil, il est redevenu quelqu’un dans le monde du tennis.

C’est quoi la suite ? Après une semaine d’essai, les deux parties se sont mises d’accord pour que Boris devienne le coach jusqu’à la fin de l’année. D’après ce dernier, voici ce qu’ils se sont dit : « Je serai là au plus tard à Bâle, puis je ferai Paris-Bercy avec Holger et j'espère l'aider à se qualifier pour Turin. Ensuite, nous nous assiérons ensemble et nous verrons si cela lui a plu et si cela m'a plu. Il ne sert à rien de signer maintenant un contrat de deux ans si on ne coopère qu'une semaine. » Alors, permettez-moi de douter de cette déclaration. A mon avis, il aurait signé un CDI dans l’instant, mais la famille Rune ne le voyait peut-être pas ainsi. Je suis très fan du « au plus tard à Bâle ». Tu m’étonnes ! S’il loupe un tournoi sur les deux qui restent, pas certain qu’il ait un grand impact sur le jeu d’Holger.

« J'ai déjà coaché un joueur qui n'était parfois pas tout à fait lui-même sur le court : Novak Djokovic »

Je vais me mouiller et dire que cette association sera un flop, à court terme en tout cas. Boris Becker ne va pas permettre à Rune de se qualifier pour le Masters. L’unique expérience de coach pour le triple vainqueur de Wimbledon demeure les deux ans passés aux côtés de Novak Djokovic entre 2014 et 2016. Depuis rien, si ce n’est une pige avec l’équipe de Coupe Davis allemande en tant qu’entraîneur. Comment va-t-il influencer, en quinze jours, un jeune joueur avec une aussi forte personnalité ? 

En deux déclarations, Becker a réussi à dire tout et son contraire : « J'aime ses débordements émotionnels. J'ai déjà coaché un joueur qui n'était parfois pas tout à fait lui-même sur le court : Novak Djokovic. » Puis : « J'ai déjà quelques idées sur ce que l'on peut améliorer. Cela commence par l'attitude, la mentalité, le psychisme. Mon ambition est de trouver le meilleur Holger. » Il aime les débordements émotionnels, mais il veut améliorer l’attitude…

Vraiment pas certain que la mayonnaise prenne rapidement. J’espère, pour Holger et Boris, me tromper, mais je suis vraiment sceptique.