Ugo Humbert n’est pas un joueur comme les autres. Pour ceux qui ont déjà eu la chance de l’apercevoir de près en match, vous avez sans doute remarqué qu’il se parle sans arrêt. Il s’encourage, il se motive, il s’invective. Mais si on s’amusait à fermer les yeux et à l'écouter, on pourrait vraiment croire qu’il s’adresse à quelqu’un d’autre. Et au vu de ce qu’il dit, la personne (imaginaire) à laquelle il s’adresse est clairement un joueur de tennis. Tout comme son discours est typiquement celui d’un coach. Pour exemple, des bouts de phrase du genre : « Bien joué mec ! », ou encore « Allez mon gars ! ».
Il est clairement habité, même parfois « possédé » selon Nicolas Mahut
Ce que l’on sait un peu moins, c’est que cet état second, Ugo l’atteint déjà avant le match. Dans le vestiaire, il ne cesse de se parler. Il peut prononcer des choses du type : « Si tu fais ça, il ne peut rien t'arriver de mal ». C’est de l’encouragement, de la motivation, mais aussi une espèce de transe dans laquelle il se trouve. Il est clairement habité, même parfois « possédé » selon Nicolas Mahut (voir la toute fin de la vidéo ci-dessous). D’ailleurs, i est très compliqué de lui parler dans ces moments-là, car il n’écoute pas vraiment. Je précise qu’il n’a pas un casque sur les oreilles. Non, c’est juste qu’il est ailleurs, plongé dans son match, prêt à en découdre.
Ugo adore jouer. Il vit tous ses matches un peu comme des rencontres par équipes. D’ailleurs, ce n’est pas pour rien qu’il affiche des stats aussi positives en Coupe Davis. Depuis ses débuts en équipe nationale, Humbert a disputé cinq simples et en a remporté quatre ! Soit un pourcentage de victoires de 80 %. Récemment, à Shanghai, en tendant l’oreille, on pouvait l’entendre murmurer à son clan, composé alors de son kiné et son préparateur physique, des mots comme : « Ne me lâchez pas les mecs ». C’est quand même lui qui chauffe son clan pour qu’il le chauffe !
Le paradoxe est qu’il est capable, malgré son état de concentration intense, de vous interpeller au bord du court, pendant son match, s’il vous a identifié comme un soutien de confiance. Cela peut aller du coach aux différents membres de son staff, même ceux qui sont moins en relation avec l’aspect technique de son jeu. Mais il peut également s’agir d’un spectateur lambda qui a démontré son soutien et auprès duquel Humbert finit par aller puiser un peu d’énergie positive.
Dans ce monde pas tout à fait normal, croiser des personnes comme lui fait un bien fou.
Je ne peux m’empêcher d’en parler, même si vous le savez sans doute déjà, mais le bonhomme n’est pas loin d’être un virtuose au piano. On a déjà entendu parler des joueurs qui sont musiciens, mais rares sont ceux qui sont pris en « flag » en train de taper le bœuf. On nous parlait de Gilles Simon, mais cela fait bien longtemps qu’on n'a pas entendu « le prof » taquiner le clavier. Concernant Ugo, il suffit d’aller sur son compte Instagram et de scroller un peu pour trouver des vidéos de lui en train de jouer. Comme celle-ci par exemple :
Ou encore celle-là :
Désolé pour la double dose, mais j’aime le piano et je ne m’en lasse pas. Il joue bien quand même ! Je ne les ai pas toutes mises, mais il y en a beaucoup d’autres. Amateurs de piano, je vous conseille d’aller y faire un tour.
Ce que vous ne savez peut-être pas non plus, concernant Ugo, est qu’on a affaire à quelqu’un de simple. Je précise que le mot « simple » doit être interprété dans le très bon sens du terme. Parfois, certains joueurs, de par leur notoriété ou parce que leur compte en banque est bien garni, ont tendance à quitter un peu la planète. Si, si, je vous promets, ça existe. Dans le cas d’Ugo Humbert, c’est juste le contraire. Il parle normalement à tout le monde. Il est poli. Il dit merci, s’il vous plaît, bonjour, au revoir. La base. Mais dans ce monde pas tout à fait normal, croiser des personnes comme lui fait un bien fou.
Sans doute doit-il ces valeurs de respect à son éducation. Les parents d’Ugo n’étaient pas des millionnaires qui disaient « amen » à tout ce que leur fils voulait. Ils tenaient une boucherie/charcuterie à Metz. Alors certes, une des plus belles et réputées de la ville, mais ça reste une boucherie, là où on coupe la viande ! Je vous mets au défi de me trouver un boucher qui a la grosse tête. D’ailleurs, lorsqu’il était de passage, Ugo n’hésitait pas à enfiler un tablier, aiguiser un couteau et trancher un peu de barbaque !
Malgré la défaite en quarts de finale à Shanghai, Ugo Humbert retrouvera la semaine prochaine le Top 30, qu’il avait intégré pour la première fois en mars 2021, puis de manière un peu plus sereine en juin de cette même année. Depuis, il avait chuté jusqu'à la 157e place mondiale. Clairement, il est revenu aujourd'hui là où il doit être, au minimum.
Comme dirait Ugo : « Let’s gooooooo !!! ».
