Paula Badosa et le challenge d’évoluer à domicile

28 avr. 2023 à 12:47:57 | par Eli Weinstein

Durant les 10 prochains jours, le monde du tennis aura les yeux focalisés sur la capitale espagnole, où se déroule le Masters 1000 de Madrid. Ce « combined event », où les hommes et les femmes se partagent la scène, passe cette année sur un format BNP Paribas Open avec des tableaux de 128 et un bye pour les 32 têtes de série.

Dans le tableau féminin, parmi les têtes d’affiche de cette étape, il y a, comme une évidence, l’Espagnole Paula Badosa. Celle qui pointait à la 2e place mondiale il y a à peine douze mois, est aujourd’hui 42e, en raison d’une première partie de saison bien moins fructueuse que la précédente, où elle avait enchaîné victoire à Sydney, demie à Indian Wells, quart à Miami et Charleston, et demie à Stuttgart. Elle était alors arrivée à Madrid avec le dossard numéro 2, mais s’était inclinée au deuxième tour face à Simona Halep.

L’Espagnole raconte que le tableau était compliqué, tout comme le fait d’évoluer devant un public pas seulement acquis à sa cause, mais s’attendant tout simplement à ce qu’elle remporte le tournoi. « C'est toujours difficile, mentalement, de venir jouer ici », a-t-elle expliqué à l’issue d’une séquence d’obligation médiatique d’avant-tournoi, prévue pour soixante minutes et qui a finalement duré une heure et demie, tant l’engouement autour de Badosa est immense en Espagne. En 2021, alors qu’elle pointait à la 62e place mondiale, la « Paupau » espagnole avait obtenu une wild card et s’était hissée jusqu’en demi-finale, avant de s’incliner sur l’ex-joueuse professionnelle qu’était Ashleigh Barty. Jamais une joueuse espagnole n’avait fait si bien à Madrid.

Le public espagnol est habitué à des résultat à la Rafael Nadal 

Comme quoi, elle est capable de bien jouer devant un public chauvin (en sa faveur). Mais le faire alors que l’attente est immense n’est pas la même paella. Il faut dire qu’en termes d’attente de résultat, le public espagnol a été mal habitué. Evidemment qu’ils comprennent que tout le monde n’est pas Rafael Nadal, mais quand même, ils aimeraient bien que leur joueuse phare soit la dernière debout de ce tournoi.

Evoluer à domicile est un des serpents de mer du tennis. Mis à part les Américains, qui sont clairement moins émotifs que le reste de la planète, je vous invite à consulter les palmarès des différents grands tableaux (Grand Chelem, Masters 1000) pour vous rendre compte du peu de joueurs et de joueuses qui ont réussi à s’imposer à la « piaule ». La dernière en date étant parvenu à un tel exploit est Ashleigh Barty qui a gagné l’Open d’Australie en 2022. Derrière, elle a quand même pris sa retraite. L’aurait-elle fait si elle ne s’était pas imposée ? Rien n’est moins sûr.

Caroline Garcia, comme tant de Françaises et de Français avant elle, raconte cette épreuve que constitue le fait de jouer devant un public qui n’espère qu’une chose : votre victoire. « Je ressens évidemment quelque chose de différent à chaque fois que je joue en France, et encore plus à Roland-Garros, explique la n°5 mondiale. Je pense que pour Paula, c’est pareil à Madrid. C’est bien sûr une pression supplémentaire par rapport à la normale, car en plus de vouloir bien faire comme d’habitude, vous voulez faire encore mieux devant votre famille, vos amis… C’est une pression positive. »

Billie Jean King : « La pression est un privilège »

La pression est un élément incontournable dans le sport, et encore plus dans le haut niveau. Et dans un sport individuel, ça l’est bien davantage, car tout repose sur vos épaules. Il est donc primordial d’aborder cette pression de la bonne manière. C’est-à-dire l’accepter et se dire, comme le rappelle Billie Jean King à tous les joueurs lorsqu’ils pénètrent sur le Court Arthur Ashe :

Demain, samedi 29 avril, Paula Badosa affrontera au troisième tour du tournoi madrilène l’Américaine Coco Gauff. Cette dernière, pour son entrée en lice à l’occasion du deuxième tour, a battu une qualifiée… espagnole en la personne d’Irene Burillo Escorihuela. Gauff, tête de série n°6 du tournoi, sait pertinemment qu’elle va, en affrontant Badosa, également faire face à un public qui soutiendra, limite hostilement, sa joueuse. A l’issue de sa victoire face à Burillo Escorihuela, Gauff avait déclaré : « Il va y avoir beaucoup plus de bruit lorsque je vais jouer Badosa, car c’est leur joueuse numéro 1. Aujourd’hui, j’ai pu avoir un pré-échauffement de ce qui m’attend ! »

La deuxième moitié de la saison 2022 de Paula Badosa avait été bien moins riche que la première en termes de résultat. Si elle retrouve le chemin de la victoire avec, pourquoi pas, un bon Madrid, elle pourrait retrouver une partie du classement qui lui correspond plus que celle où elle se trouve aujourd’hui. Mais pour cela, il va falloir retrouver de bonnes sensations, ce qui d’après elle, est plutôt bien parti : « Je commence à retrouver la Paula que je souhaite être. Je pense en être très proche. La pression est quelque chose qu’il faut apprendre à gérer. Alors oui, je suis encore en apprentissage, mais ça va beaucoup mieux qu’il y a un an. »

Voilà qui est de bon augure avant le défi qui l’attend face à Gauff, un match qui pourrait servir d'élément déclencheur pour un retour au sommet. 

Esperamos y miramos (wait and see).

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