Alors que revoilà Dominic Thiem

Qu’ont en commun John Millman, Benjamin Bonzi, Andy Murray, Fabio Fognini, Marco Cecchinato et Hugo Dellien ? Ils ont tous battu Dominic Thiem au 1er tour en 2022 sur le circuit principal. On peut ajouter à cette liste Cameron Norrie, Pablo Andujar et Adrian Mannarino, qui l'avaient fait, eux aussi, fin 2021. La dernière victoire de l’Autrichien sur le circuit principal, avant ce mercredi 13 juillet 2022, remontait en effet au premier tour du Masters 1000 de Rome en 2021. Plus précisément le 12 mai 2021.

Cette série est désormais révolue, grâce à une victoire au forceps face au Finlandais Emil Ruusuvuori, digne successeur de Jarkko Nieminen, son capitaine de Coupe Davis. La Coupe Davis justement, où les deux joueurs s’étaient affrontés pour la première fois en 2019 et où l’homme au nom de famille avec quatre U, avait créé l’exploit en dominant son homologue autrichien en deux sets. Ce dernier a donc officiellement pris sa revanche. 

Mais là n’est pas l’essentiel. L’important est cette fichue victoire qui échappait au vainqueur de l’US Open 2020 et triple finaliste en Grand Chelem. Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, la victoire face à Ruusuvuori a été suivie d’une deuxième face à la tête de série numéro 4 du tournoi, l’Espagnol Roberto Bautista-Agut. A nouveau, l’ancien numéro 3 mondial a eu besoin de 3 sets pour se débarrasser d’un des joueurs les plus pénibles à battre, qui plus est sur terre battue. 

« Dominator », son surnom même si c’est vrai que ça fait un petit bout de temps qu’il ne lui fait pas honneur, s’est retrouvé éloigné du circuit pendant un moment en raison d’une blessure au poignet, qu’il l’avait forcé à déclarer forfait pour l’US Open 2021 et à mettre prématurément un terme à cette même saison.

Mais les soucis de l’Autrichien avaient démarré bien avant. Un an avant pour être précis. En effet, sa « descente aux enfers » avait paradoxalement débuté lorsqu’il avait remporté la balle de match face à Alexander Zverev en finale de l’US Open 2020. Cette victoire, aussi belle qu’elle fut, avait généré chez l’Autrichien une décompression incontrôlable. Il avait enchaîné sur Roland-Garros (année Covid oblige, Roland-Garros s’était joué fin septembre après l’US Open), où il avait failli s’incliner sur Hugo Gaston, avant de chuter face à Diego Schwartzman en quart de finale. Il avait certes ensuite atteint la finale du Masters, non sans avoir fait l’impasse sur le Masters 1000 de Paris. 

Cette période difficile ressemblait beaucoup, ni plus ni moins, à un burn out. Ce n’est pas moi qui le dis mais Dominic Thiem en personne : « Après l’US Open, j’étais dans un état d’euphorie. Les résultats étaient encore bons, j’ai même atteint la finale du Masters. Mais pendant la préparation de la saison suivante (2021), je suis tombé dans un « trou ». Voyons si j’arrive à me relâcher, je ne sais pas si j’y arriverai, je l’espère. » Ce marasme mental s’était traduit par une blessure au poignet à l’occasion du tournoi de Majorque. 

Depuis, c’est la galère pour celui qu’on imaginait déjà comme le digne successeur, non seulement de son compatriote Thomas Muster, mais aussi bel et bien de Rafael Nadal. Seul problème, les résultats ne voulaient pas venir. Mais grâce à sa persévérance et surtout au fait qu’il n’a jamais cessé de croire en ses chances de revenir, « Domi » a enfin été récompensé sur la terre battue suédoise de Bastad. Avec l’enchaînement de deux victoires sur des joueurs « importants », Thiem s’est autoproclamé de retour : « J’ai battu Ruusuvuori et aujourd’hui (hier), j’ai battu Bautista-Agut. Deux adversaires très compliqués à jouer. Donc si j’ai pu les battre, c’est que je suis définitivement de retour. »

En voilà une excellente nouvelle. Pour lui, mais pas pour ses adversaires. Car après cette période de disette, Thiem a désormais à nouveau faim de tennis, de victoires, de raclées, de revers gagnants long de ligne, de coups droits lâchés de toutes ses forces. Bref, l’Autrichien a clairement retrouvé le goût du tennis autant que la joie de vivre. Ce qui va faire de lui un des joueurs les plus dangereux en 2023 et ce dès l’Open d’Australie, où il aura bien envie de marquer au fer rouge son vrai retour sur le circuit.