En septembre 2018, j’avais eu la chance de couvrir la Junior Davis Cup by BNP Paribas à Budapest. Cette année-là (tout comme l'an passé), la France de Harold Mayot s’était malheureusement inclinée en finale face à l’Espagne et un certain… Carlos Alcaraz. En demi-finale, il avait battu l’Italie de Lorenzo Muzetti. C’était il y a bientôt 4 ans. A première vue, Alcaraz n’impressionnait personne : petit bonhomme, visage juvénile. Mais il avait déjà clairement un temps d’avance tennistiquement parlant. Certes, il s'agissait d'une épreuve par équipes, mais pas d'erreur possible, c’est bien lui qui avait porté la sienne du début à la fin. Voilà à quoi il ressemblait :
Mais ça, c’était avant.
Aujourd’hui, Carlos Alcaraz, c’est ça :
Quel joueur ! Ça fait longtemps que je n’avais pas été autant bluffé par un joueur. Je l’ai vu jouer au BNP Paribas Open d'Indian Wells, notamment contre Gaël Monfils. Ce soir-là, il faisait face à l'un des joueurs les plus puissants du circuit. Gaël envoyait des grosses frappes en coup droit et Carlos répondait du tac au tac. La vitesse, la puissance de La Monf ne l’impressionnait pas du tout. Pourquoi ? Parce que lui tapait encore plus fort et plus vite. Mais en prime, après 4 ou 5 frappes, Carlitos envoyait une amortie délicieuse qui tuait systématiquement le point, laissant le Français là-bas, loin derrière sa ligne de fond de court.
Il s’agit bel et bien d’un phénomène.
Ressentir un effet « wow » en regardant un match ne m'était pas arrivé depuis longtemps. Et dieu sait que j’en regarde du tennis ! Mais là, on est sur autre chose. Il s’agit bel et bien d’un phénomène.
Sa progression est impressionnante. Il y a un an, jour pour jour, il était classé 133e mondial.
Aujourd’hui, il est 11e, aux portes d’un Top 10 qu’il aura sans aucun doute intégré au terme de la saison sur terre battue qui démarre aujourd’hui avec Houston et Marrakech. Le Murcien n’a quasiment aucun point à défendre, si ce n’est un 2e tour à Madrid (il s’était incliné 6-1 6-2 face à Rafael Nadal) et un 3e tour à Roland-Garros où il était sorti des qualifs. A ce jour, il est inscrit à Monte-Carlo, Barcelone et Madrid, mais je n’ai aucun doute quant à sa participation à Rome.
Ses temps de passage sont impressionnants. Par exemple, le précédent record de précocité à Miami était détenu par Novak Djokovic qui s’y était imposé à l’âge de19 ans. C’était en 2007. Alcaraz avait 3 ans.
En revanche, le plus jeune finaliste à Miami reste Rafael Nadal qui, en 2005, avait 18 ans et 10 mois (contre 18 et 11 mois pour Alcaraz, né le 5 mai 2003) lorsqu’il s’était incliné face à Roger Federer après avoir mené 2 sets à rien. Pour la petite histoire, Miami demeure l'un des rares tournois que Rafa n’a toujours pas réussi à remporter.
Carlos Alcaraz est le plus jeune joueur à intégrer le Top 20 depuis Andrei Medvedev en 1993. L’année dernière, avec son quart de finale à l’US Open, il était devenu le plus jeune joueur à atteindre ce stade de la compétition à New York depuis le début de l'ère open.
Carlos Alcaraz n’est pas seulement dans un cercle fermé, il en a pris le lead.
Avec sa victoire à Miami, Carlos Alcaraz est cette fois le 3e joueur le plus jeune de l’histoire ayant remporté un Masters 1000, juste derrière Rafael Nadal 2e (Monte-Carlo 2005), et Michael Chang 1er (Toronto en 1990). Ah oui, j’oubliais, l'Espagnol n’a jamais perdu sur le circuit principal en finale. 3 finales = 3 victoires.
Voici un petit tableau qui permet de comparer les meilleurs temps de passage sur le « sunshine double » :
Joueur |
BNP Paribas Open |
Age |
Miami |
Age |
Carlos Alcaraz |
2022 1/2 finaliste |
18 ans |
2022 Vainqueur |
18 ans |
Rafael Nadal |
2006 1/2 finaliste |
19 ans |
2005 Finaliste |
18 ans |
Novak Djokovic |
2007 Finaliste |
19 ans |
2007 Vainqueur |
19 ans |
Andy Murray |
2007 1/2 finaliste |
19 ans |
2007 1/2 finaliste |
19 ans |
Andre Agassi |
1988 1/2 finaliste |
17 ans |
1990 Vainqueur |
19 ans |
Carlos Alcaraz n’est pas seulement dans un cercle fermé, il en a pris le lead. Alors certes, il n’a toujours rien prouvé en termes de palmarès comparé à ces quatre-là, mais au niveau du potentiel, on est parti sur de très, très bonnes bases.
Mais ce qui a dû plaire le plus au teenager espagnol est ce tweet :
(Félicitations Carlitos pour ton triomphe historique à Miami. Le premier de nombreux à venir, c’est certain).
Tu m’étonnes ! S’il reste « healthy », je ne vois pas comment il pourrait ne pas devenir numéro 1 mondial et multi vainqueur en Grand Chelem.
Carlitos, le nombre que tu vises est 21. Pour l’instant.
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