Fognini : le magicien qui jouait en marchant

10 juil. 2025 à 22:02:00 | par Mathieu Canac

Mercredi, Fabio Fognini, en conférence de presse à Wimbledon, a annoncé sa retraite à effet immédiat. Après plus de 20 ans passés sur le circuit, où il a imposé un style unique au plus haut niveau, celui de « l'homme qui jouait en marchant ».

oisMercredi, plus qu’un joueur, c’est un peu de magie que le tennis a perdu.

Parce que Fabio Fognini a dit adieu à sa carrière. Certes, le vainqueur de Monte-Carlo 2019, bien que s’étant bâti un excellent palmarès, n’a pu se classer parmi les légendes de son sport. Mais il a marqué son époque en s’imposant comme un talent unique ; un talent thaumaturgique.

Magie et nonchalance

Outre sa main touchée par la grâce et ses accélérations fulgurantes délivrées avec un relâchement déconcertant, l’Italien a réussi un tour de prestidigitateur à faire passer David Copperfield pour un manipulateur de cartes de pacotille. Pendant deux décennies, il a donné l’illusion que courir n’était pas un prérequis pour s’immiscer parmi les meilleurs.

Menton haut, col parfois relevé, démarche nonchalante entre les points, l’ancien 9e mondial imprégnait sur la rétine une impression d’évoluer sans aucun jeu de jambes. Trompeur, tant il était redoutable défensivement. Mais suffisant pour créer un enchantement autour de lui, celui du « joueur qui jouait en marchant ».

Il joue en marchant, c’est mythique

Benoît Paire

Ses collègues, eux aussi, n’y ont vu que du feu. « Il joue en marchant, c’est mythique », avait déclaré Benoît Paire lors d’un live sur la chaîne Twitch de Gaël Monfils en 2020. D’autres ensorceleurs ont dégagé une facilité pouvant convaincre les esprits les plus cartésiens que la « vraie magie » existait bel et bien. Comme Roger Federer.

Le Suisse semblait réellement voleter quelques centimètres au-dessus du court, grâce à un travail des pieds tombé du ciel, comme s’il sautillait de nuage en nuage sans jamais transpirer. Fognini, lui, a apporté son propre style, à l'opposé. Celui de l’homme qui marchait tout en étant toujours sur la balle. Comme s’il avait le pouvoir de ralentir le temps.

Dernier spectacle grandiose contre Alcaraz

Les aiguilles de l’horloge ont toutefois fini par tricoter le linceul de sa carrière. Et, à 38 ans, l’un des trois (surhommes) - avec Federer et Stéfanos Tsisipás - ayant vaincu Rafael Nadal après avoir été mené deux sets à zéro a tiré sa révérence. Après un ultime spectacle grandiose de cinq actes et 4h37 au cours duquel, prouvant qu'il avait toujours plus d'un tour dans son sac, il est passé proche de faire disparaître Carlos Alcaraz.

Mais victoire ou non, peu importe. La magie avait encore opéré. Celle qui lui a valu l’ovation, à s’en déchirer les mains, de tout le Centre Court de Wimbledon. Sa dernière, ce que personne, même pas lui, ne savait à ce moment-là. Cia, mago.