Fabio Fognini ou la « commedia dell'arte »

5 mai 2014 à 21:29:38

Entre dramaturgie à l'italienne et match de haut niveau, Fabio Fognini va devoir choisir.

Fabio Fognini, vous aimez  ? Perso j'adore. Tennistiquement parlant, le garçon possède une vitesse de bras exceptionnelle qui lui permet de donner l'impression de jouer en marchant. Ce bras est associé à un coup d'oeil tout aussi exceptionnel, qui fait de son tennis, lorsqu'il est en place, un régal à regarder. En plus, il est plutôt beau garçon. Bref, il a tout pour lui. 

Tout ou presque. Car Fabio a un petit souci, cet homme est «  fou  ».

Au tournoi 250 de Munich, la semaine dernière, il s'est incliné en finale face à Martin Klizan. Il est vrai que le Slovaque, issu des qualifications, a très bien joué, mais tout de même... Fognini a remporté le 1er set 6-2 pour ensuite prendre 6-1 6-2. Précisons que Klizan souffrait d'une gastro contractée la veille de la finale et a dormi 30 minutes dans la nuit de samedi à dimanche. Et Fabio Fognini n'a pas réussi à profiter du fait que son adversaire était plié en deux entre chaque point. 

Pourquoi  ?

Simple  : après un deuxième set désastreux, l'Italien se fait «  breaker  » d'entrée dans le troisième et prend un avertissement lorsqu'à 0-1 il s'assoit au changement de côté  (c'est interdit) ! A 30 partout dans le jeu suivant, Fognini commet la faute et d'un mauvais réflexe jette sa raquette au sol, laquelle  se fend. Fognini doit changer son matériel et l'arbitre est donc obligé de lui infliger un deuxième avertissement, synonyme de point de pénalité et de fait jeu Klizan, qui confirme son break de la plus simple des manières. Je vous rassure, Fognini en a profité pour fracasser sa raquette au sol avant de la mettre à la poubelle. Après tout, une fois la pénalité prise, autant en profiter.

C'en est trop pour le mental trop friable de Fognini. L'Italien ne fera plus rien et concèdera la troisième manche 6-2. 

C'est vrai que je suis non seulement fan du jeu de Fognini mais aussi de sa folie. Le voir perdre la raison sur un terrain de tennis est toujours un sketch de grande qualité digne de la «  commedia dell'arte  », comme se fut le cas face à Jo-Wilfried Tsonga à Monaco, où il a carrément fondu un fusible et donné le match à Jo alors qu'il menait un set à zéro (5-7 6-3 6-0). Cliquez ici pour un petit rappel, mais, promis, revenez après.

Avouez, c'est extraordinaire, génialissime même  ! C'est bon d'avoir des gars comme ça. Ça donne de l'âme à ce sport qui en manque parfois cruellement. Seulement voilà, si Fabio Fognini veut, comme il l'a dit après sa défaite face à Klizan, «  intégrer le top 10  », il va falloir corriger cela. Il ne peut plus perdre des matches tout seul. En plus, les autres joueurs connaissent son talon d'Achille et en jouent. Il suffit de lui faire «  péter un câble  » et c'est dans la poche. Certes pas très «  gentlemen-like  » tout ça mais il faut arrêter de croire que les joueurs sont tous des gentilshommes. Souvenez-vous de Michaël Llodra qui fait sortir du match Benoit Paire en le titillant verbalement...

Autant je suis fan absolu des colères théâtrales de Fabio Fognini, autant je pense qu'il doit apprendre à se contrôler s'il veut un jour s'installer dans la court des grands. Et tant pis pour le spectacle.

Pour la petite histoire, Martin Klizan remporte à Munich son deuxième titre, le premier était à Saint Petersbourg en 2012 où il avait battu en finale un certain … Fabio Fognini.

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