Félix Auger-Aliassime version 2025 : « Je suis de retour à ma place »

26 nov. 2025 à 17:57:00 | par Mathieu Canac

De nouveau à 100 % physiquement, Félix Auger-Aliassime, en 2025, s’est hissé à une hauteur inédite pour lui. Tout en gardant les pieds sur terre, notamment grâce à son programme #FAAPointsForChange en partenariat avec BNP Paribas en faveur de la jeunesse togolaise.

Plus de 100 millions. Tel est le nombre d’âmes s’adonnant, au moins occasionnellement, au tennis en ce bas monde. Quatre seulement peuvent balancer à la face de Félix Auger Aliassime : « Je suis meilleur que toi ». Trois d’entre elles semblent toutefois venir d’autres planètes. Les deux extraterrestres actuels, Carlos Alcaraz et Jannik Sinner, ainsi que le monument Novak Djokovic, toujours présent en demi-finale de Grand Chelem cette saison et seulement battu par l’Espagnol et l’Italien, hors abandon, dans ces tournois.

29e mondial au 1er janvier, Auger-Aliassime, de retour au sommet de sa forme, a réussi une remontée épastrouillante pour terminer 5e. Derrière les trois (sur)hommes cités précédemment, et Alexander Zverev. Un Allemand, « premier des humains », intercalé entre le duo hispano-italien et le monument serbe, 4e, ne jouant plus que très peu d’évènements importants en dehors des quatre Majeurs. « Je suis de retour à ma place », a répondu le Canadien à une question lui demandant de résumer son année après sa demi-finale au Masters.

« Je suis de retour là où je pense pouvoir jouer de façon plus régulière, a-t-il ajouté. Je suis vraiment heureux de faire partie de ce tournoi, de la manière dont j’ai joué ces derniers mois, des progrès accomplis. L’aventure continue. » S’il a atteint son meilleur classement grâce à sa performance dans de l’autre côté des Alpes, il avait déjà culminé à une hauteur similaire. C’était en 2022, en finissant au 6e rang de la hiérarchie planétaire.

Carlos Alcaraz et Félix Auger-Aliassime, demi-finale du Masters 2025

2025, encore plus fort que 2022

Cette année-là, celle des premières lignes de son palmarès en simple sur le circuit principal, le Canadien avait remporté quatre titres : Rotterdam en février, puis trois d’affilée ― Florence, Anvers, Bâle ― en octobre. En 2025, il a soulevé ses 6e, 7e et 8e trophées ― Adélaïde, son premier en extérieur ; Montpellier ; Bruxelles ― tout en remettant son nom dans les discussions à plusieurs grandes occasions.

Demi-finaliste de l’US Open, il a égalé sa meilleure performance en Grand Chelem, déjà réussie à New York en 2021. Avec encore plus d’éloquence cette fois. En réussissant son parcours le plus parlant. Trois membres du Top 15 vaincus : Andrey Rublev, n° 15 ; Alex de Minaur, n° 8 ; Alexander Zverev, n° 3. Avant 2025, son dernier quart de finale en GC datait de l’Open d’Australie 2022, et il n’avait plus été sacré au niveau ATP depuis Bâle fin 2023. La faute, en partie, à une tendinite au genou, ayant sensiblement freiné son ascension, pour laquelle il avait fait l’erreur de ne pas prendre assez de repos.

Épanoui dans sa vie privée, marié depuis depuis septembre, FAA, bien dans sa tête et son corps, a fini par se libérer des douleurs. Résultat, après avoir rallumé la mèche à Flushing Meadows pour faire écho à son début de saison canon, il a fini lancé comme un boulet prêt à tout casser. En plus de sa victoire à Bruxelles, il s’est hissé en finale à Paris ― sa deuxième en Masters 1000, après Madrid 2024 où il avait su profiter de deux abandons et un forfait ― puis dans les quatre derniers rescapés des ATP Finals.

Félix Auger-Aliassime et Jannik Sinner, finale du Masters 1000 de Paris 2025

Les moments difficiles m’ont permis de forger mon caractère

Félix Auger-Aliassime

Depuis Cincinnati inclus, seuls quatre hommes l’ont vaincu. Ou plutôt deux petits hommes verts et deux êtres humains : Sinner (Cincinnati, US Open, Paris, Masters) et Alcaraz (Masters) ; Rinderknech (Shanghai) et Munar (Bâle, sur abandon). De quoi compiler 24 victoires pour 7 défaites. Bilan solide, pour faire dans la litote. « Ces dernières années, ça n’a pas toujours été facile, a-t-il rappelé après son succès face à Zverev à Turin. Ces moments ont forgé mon caractère. Je suis plus fort désormais. J’ai développé une meilleure capacité à rebondir, une plus grande résilience. »

« J’ai eu des hauts et des bas, mais j’y ai toujours cru, que je pouvais être là, a-t-il aussi déclaré le lendemain, après la défaite contre Alcaraz aux portes de la finale. Depuis que je suis enfant, j’ai toujours cru en mes ambitions, gagner un titre du Grand Chelem et être n° 1 mondial. J’y crois toujours. Maintenant, tout est question de faire les bonnes choses pour progresser. Si j’y parviens, on verra jusqu’où ça me mènera. »

Et peu importe la finalité, l’arrivée, le Québécois n’a rien perdu de son envie de profiter à fond du voyage. Alors que certains de ses collègues ont traîné leurs spleens sans le cacher ces derniers temps, en se plaignant notamment d’un calendrier surchargé, lui n’a cessé d’afficher un visage radieux hors du court.

Je voyage dans des endroits où les gens sont dans des situations bien différentes. Nous (les joueurs de tennis professionnels) sommes des chanceux. Chaque jour, je me lève et je profite.

Félix Auger-Aliassime

« Je ne sais pas pourquoi des gars ne prennent plus de plaisir, s’est-il exprimé, toujours dans le Piémont. Je pense qu’ils ont perdu toute notion de la réalité. Je comprends qu’on puisse être fatigué, je le suis aussi. Mais je voyage dans des endroits où les gens sont dans des situations bien différentes. Nous (les joueurs de tennis professionnels) sommes des chanceux. Chaque jour, je me lève et je profite. J’aime ce que je fais. Si je perds, je suis énervé une journée et c’est terminé. Si quelqu’un veut jouer moins de tournois, il peut rester chez lui. Personne ne nous force à être là. »

Parmi les contrées du globe visitées par le Montréalais de 25 ans à la tête bien posée sur les épaules, le Togo. Fins 2022 et 2024, il s’est rendu dans le pays natal de son paternel pour voir de lui-même l’apport positif du programme #FAAPointsForChange, construit au quotidien avec BNP Paribas, en faveur des jeunes. Une action qui s’est encore davantage développée en 2025, grâce à la création de bourses d’excellences accordées à des étudiants principalement issus de milieux ruraux pour leur permettre l’accès aux études supérieures.

Auger-Aliassime, lui aussi, est un étudiant. Du jeu, du tennis. Avec un unique but, réussir l’examen final. Venir bousculer Alcaraz et Sinner, si possible dès 2026, mais sans oublier les autres. « Je ne peux pas me concentrer seulement sur eux deux, a-t-il confié. Tout le monde est bon, ceux devant moi comme derrière. Des jeunes montent. La concurrence est rude. Mais, oui, le fait que ces gars (Alcaraz et Sinner) soient un niveau au-dessus de moi me donne envie de m’entraîner encore plus. Le travail ne m’a jamais fait peur. » Bosser encore, toujours, pour se donner les moyens de rejoindre les deux aliens. En prenant du plaisir, sans faire de bruit. De toute façon, « dans l’espace, personne ne vous entend crier. »