Petit à petit, Monfils s’est rebâti une confiance

27 mars 2024 à 15:15:37 | par Mathieu Canac

Se disant, lui-même, dans une période difficile en début de saison, Gaël Monfils monte en puissance depuis le tournoi de Rotterdam. Et retrouve des ambitions.

Pour avoir osé défier les dieux, Sisyphe fut condamné au Tartare. Avec un châtiment qui ne permet pas de rester assis sur son steak : il devait faire rouler à flanc de montagne un rocher qui tombait inlassablement une fois le sommet atteint. Ce pour une durée un tantinet longuette, l’éternité. Pour les joueurs de tennis, ce gros caillou poussé par le roi de Corinthe s’apparente à la confiance. Il faut la pousser le plus haut possible, tout en sachant qu’elle finira par retomber. Inévitablement. Même pour les bras des titans les plus forts de l’histoire, capables de tenir le coup bien plus longtemps que la moyenne, comme Rafael Nadal, Roger Federer, Novak Djokovic ou Serena Williams.

Comptant parmi les vétérans du circuit, Gaël Monfils a vécu cette expérience de nombreuses fois au cours de carrière. L’an passé, par exemple, il a dû repartir de zéro en retrouvant le circuit en mars après huit mois d’absence en raison d’une blessure au pied. Brique par brique, il est parvenu à se reconstruire une croyance en lui, au point de s’imposer à Stockholm en fin de saison. À 37 ans. De quoi devenir le champion le plus âgé de l’histoire de ce tournoi créé en 1969. Puis le rocher est retombé, suite à un début d’année 2024 plus compliqué, avec des défaites d’entrée à Auckland et au deuxième tour lors de l’Open d’Australie.

« À mon âge, ce qui est important, c’est la confiance »

« Gagner un match, ce serait bien, expliquait-il à son retour de Melbourne, en conférence de presse à Montpellier. En fin d’année dernière je jouais très bien et je pense que ça s’est vu. Mais là, j’ai des sensations moyennes, je ne joue pas mal, mais je ne joue pas bien non plus. C’est le début de saison peut-être, mais je suis dans une période un peu plus compliquée, donc gagner un match ce serait cool. (...) Je suis en fin de carrière, donc je suis dans le partage. On n’aime pas dire ça (qu’il ne joue pas bien). Mais on devient un peu plus transparent, on n’est pas des robots. Je m'entraîne bien, mais je ne suis pas en confiance. »

Outil pour se confectionner les atouts nécessaires afin de gagner des matchs en compétition et pouvoir nourrir ce monstre vorace qu’est la confiance, le travail a fini par payer. S’il s’est incliné au premier tour à Montpellier, Monfils a ensuite battu Denis Shapovalov à Rotterdam avant de ferrailler en trois manches contre Jannik Sinner. Dans la foulée, il s’est hissé en demi-finales à Doha, en s’inclinant contre la révélation Jakub Menšík, après avoir vaincu Ugo Humbert, Zhang Zhizhen et Botic van de Zandschulp. « À mon âge, ce qui est important, c’est la confiance, a-t-il expliqué après son succès contre le Néerlandais, comme l’a rapporté L'Équipe. Essayer de gagner, faire le raccroc, me battre, trouver la confiance. Et retrouver un niveau moyen plus haut. »

Lors du BNP Paribas Open d’Indian Wells, il est allé jusqu’en huitième de finale, en venant notamment à bout d’Hubert Hurkacz – son premier top 10 battu depuis Stéfanos Tsitsipás à Toronto en août 2023 – et de Cameron Norrie après un marathon de 3h12, en réussissant un service à la cuillère pour mener 4-2 dans le jeu décisif du deuxième set. « Je n’ai pas fait un grand match, mais j’ai réussi à m’en sortir, c’est ça, la confiance, finalement, a-t-il analysé après avoir battu le Britannique 6-7⁵, 7-6⁵, 6-3. Je ne me sens pas au mieux, mais j’arrive à gagner, peu importe la situation. C’est ce qui est important. (...) Je monte en puissance progressivement. »

« J’en veux plus ; pouvoir être plus tenace contre des mecs comme Carlos (Alcaraz) »

À Miami, le natif de Paris a confirmé cette phase ascendante. Passant les obstacles Dušan Lajović et Jordan Thompson – un Australien dans la forme de sa vie, vainqueur en février, à Los Cabos, de son premier titre ATP –, il a finalement été stoppé par Carlos Alcaraz le souriant. « Mon jeu est de plus en plus solide, a-t-il déclaré après son premier tour, comme l’a relayé Tennis Majors. J’ai toujours dit que les vrais bons joueurs sont ceux dont le niveau moyen quotidien est très haut et je sens que le mien augmente. Je bouge mieux, je peux en mettre plus. Tout le monde autour de moi me dit que je suis encore jeune, alors j’accepte ce qu’on me dit et je m’autorise à chercher à aller loin dans les grands tournois et à améliorer mon classement. »

En donnant plus de muscle à sa confiance, l’actuel 47e mondial et joueur le plus âgé parmi les 82 premiers de la hiérarchie planétaire – Stan Wawrinka, 38 balais, étant 83e cette semaine – a aussi étoffé ses ambitions. « Oui, j’ai gagné des matchs, mais j’en veux plus, a-t-il confié après la défaite 6-2, 6-4 contre Alcaraz. Il y a du positif, mais j’ai mes objectifs. J’ai envie d’augmenter mon niveau pour arriver à être plus tenace contre des mecs comme Carlos. » Afin, aussi, de pouvoir atteindre son but principal à court terme. Si «La Monf’ » continue à pousser son rocher, c’est à flanc d’une montagne bien précise : l’Olympe. Il veut jouer les J.O. de Paris, vibrer devant son public. Les 56 meilleurs du monde au lendemain de Roland-Garros sont automatiquement sélectionnés, à condition d’être parmi le top 4 de leur pays. Gaël Monfils valide à ce jour les deux critères.

 

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